D’après Julie van der Hoop et Michael Moore, chercheurs du Woods Hole Oceanographic Institution et interrogés par la revue Nature, la baleine franche de l’Atlantique Nord se trouverait dans une situation des plus critiques. Faisons le point avec l’aide de Pierre-Henry Fontaine, biologiste et spécialiste des cétacés de renom.
Charline Pierre
La baleine franche (ou baleine noire) serait, d’après Nature, plus que jamais menacée d’extinction. L’Homme serait responsable de la mort des baleines dans 67 % des cas. La plupart du temps, ces seigneurs des océans se retrouvent pris au piège dans des filets de pêche ou périssent lors de collisions avec des bateaux.
Pour en savoir plus, j’ai contacté Pierre-Henry Fontaine, biologiste et spécialiste des cétacés, ainsi que fondateur du « Musée du squelette » qui présente une section dédiée aux mammifères marins sur l’île Verte, dans le golfe du Saint-Laurent. « Il faut, avant tout, faire très attention à ne pas généraliser ce problème. Le troupeau de baleines franches de l’Atlantique Nord est effectivement en danger, mais il en existe d’autres, et ceux-là se portent très bien! »
Avant d’ajouter : « Il faut surtout savoir que les baleines de ce troupeau vivotent et sont consanguines depuis trop longtemps. On peut dire qu’en fin de compte, elles ne s’en sortent pas trop mal. » Alors que certains chercheurs croient en l’extinction totale de la baleine franche de l’Atlantique Nord d’ici moins de 80 ans, M. Fontaine s’oppose à ces prédictions et appréhende le futur d’un point de vue incontestablement plus optimiste.
Après de plus amples recherches, j’ai été forcée de constater que la situation s’avère être moins grave que ce que Michael Moore, chercheur du Woods Hole Oceanographic Institution, et ses confrères laissent à penser. S’agirait-il tout simplement d’un appel au secours, manifestement exagéré, de la part de ces chercheurs ? Une mise en garde démesurée en vue de sensibiliser, et par conséquent de gagner des subventions pour financer leurs recherches ?
Bien qu’on ne puisse négliger l’état critique de ce troupeau, il semble peu pertinent d’en parler en ces termes aujourd’hui. Actuellement, il n’y a pas réellement lieu de s’alarmer. En effet, et c’est ici que Nature se contredit en citant M. Moore, la population des baleines franches concernée augmenterait, ou serait du moins stabilisée depuis 2009.
« Moore a également vu des signes timides d’une amélioration de la situation depuis 2009. Son équipe reçoit un financement de la part du gouvernement américain pour pratiquer des autopsies sur les baleines franches. “J’ai eu du mal à dépenser cet argent ces dernières années, et c’est un signe très positif”, dit-il » (1)
De plus, les gouvernements du Canada et des États-Unis tentent de mettre en place des moyens de préventions des collisions entre baleines et bateaux. La ship strike rule américaine, mise en place depuis octobre 2008 a d’ailleurs déjà fait ses preuves. Elle consiste en une régulation de la vitesse des bateaux dans certaines zones maritimes, et serait à l’origine de cette stabilisation.
(1) Traduction de l’auteur