En ondes depuis le 9 septembre, l’émission hebdomadaire Nos années 20 fait partie des nouveautés de l’automne 2021 de la chaîne Télé-Québec. Jean-Simon Bui, animateur radio depuis un peu plus de sept ans, y fait ses premières armes à titre de reporter télé. Selon lui, une telle émission pourrait permettre aux citoyens de se prémunir contre bien des problèmes.
Par Francois R. Pouliot, Journaliste collaborateur
« On offre des clés pour comprendre ce qui se passe », affirme M. Bui, déplorant l’attitude méprisante qu’ont, à son avis, certains médias nationaux à l’égard de monsieur et madame Tout-le-Monde. « Ce que les gens détestent le plus, c’est de se faire faire la leçon. »
Une des « clés » que propose Nos années 20 est la vulgarisation des enjeux qu’elle met de l’avant. Des plus simples aux plus complexes, « tous les sujets peuvent être vulgarisés » et ainsi être rendus accessibles, poursuit le reporter. Tous les sujets peuvent devenir « intéressants ».
Selon lui, l’émission a le potentiel de « créer des canaux de communication » non seulement entre les classes sociales, mais aussi entre les communautés culturelles du Québec. « Dans les médias, on gagne à arrêter de prendre les gens pour des idiots, insiste M. Bui. On gagne à les voir, à leur parler. »
Produite par Marie-France Bazzo et animée par Patrick Lagacé, Nos années 20 « sert à regarder les réalités en face », estime Jean-Simon Bui. De l’opposition aux mesures sanitaires liées à la COVID-19 à la protection des enfants autochtones, en passant par le militantisme nuisible, la nouveauté de Télé-Québec ne cherche pas à être consensuelle. « Une émission comme celle-là sert à aborder des sujets qui sont délicats. »
Tournée vers l’avenir, Nos années 20 évite de « gratter les »bobos » du passé », constate M. Bui. Celui qui a étudié en études anciennes à l’Université Laval avant de se tourner vers la technique en Art et technologie des médias (ATM) du Cégep de Jonquière est d’avis qu’« une société qui ne regarde pas vers l’avenir reste ancrée dans le passé et a souvent un présent difficile ».
Miser sur les faits
Citoyens ou experts, parfois les deux, chaque semaine amène son lot d’invités. Et chaque semaine, l’animateur, les reporters et les collaborateurs s’entretiennent avec eux autour de sujets qui sont à la fois d’intérêt public et d’intérêt pour le public. Alors que les sujets abordés ne sont que rarement positifs, M. Bui soutient qu’il n’est pas nécessaire que cette connotation se reflète dans leur traitement. « On n’a pas besoin d’être constamment négatif. »
Si Nos années 20 est pilotée par un chroniqueur – Lagacé –, M. Bui assure qu’elle demeure bien loin de l’opinion et de l’éditorial. « Avec Nos années 20, on se rend compte qu’on n’a pas besoin de tout le temps aller dans l’opinion; il y en a assez [dans le paysage médiatique], fait-il remarquer. On a besoin de faits, on a besoin d’experts, martèle-t-il. Et ces experts, je pense que l’émission va permettre de les mettre sur la map. »
Les intellectuels, stars en devenir Productrice de Nos années 20, l’animatrice et sociologue de formation Marie-France Bazzo ne s’en cache pas : elle rêve de voir s’élever chez nous un star-système intellectuel aussi convoité que le star-système actuel. Autant les intellectuels médiatiques que scientifiques, elle est convaincue que le Québec gagnerait à les voir, à les lire et à les entendre davantage. Selon elle, le Québec est mûr – et depuis longtemps – pour de nouveaux visages et pour davantage de représentativité des minorités dans les médias ; il est mûr pour qu’on s’adresse à son intelligence. Il est prêt à réfléchir, pas seulement à se divertir. Il est prêt pour les stars en devenir que sont les intellectuels. En bref, il est prêt pour Nos années 20.