Un consensus semble se faire autour du fait «qu’Obama devra choisir entre l’unité et son approche progressiste. Il devra trouver un équilibre», comme l’affirme Louis Bélanger, professeur au Département de science politique. Effectivement, on dénote de multiples priorités dans la plateforme démocrate: l’environnement, l’énergie, l’Irak, la pauvreté, la santé, etc. «[Le président élu] devra faire des choix» dans un contexte de guerre et de crise financière.
Relations internationales
Mener les actions des États-Unis sur la scène internationale n’est pas le moindre des défis auxquels Obama devra se mesurer. «Obama a une approche plus multilatérale des relations internationales», analyse Anessa Kimball, professeure aux HEI. C’est qu’il a pris plusieurs engagements concernant les relations internationales: retirer les troupes d’Irak d’ici 16 mois, négocier avec le régime de Téhéran, établir de bonnes relations avec les Russes, mais également renforcer les troupes en Afghanistan et bombarder les zones tribales du Pakistan advenant une menace. «On espère de lui une nouvelle vision […] Il y a une possibilité de rapprochement», souligne-t-elle.
Si l’on suit son programme, Obama n’est pas un pacifiste, mais représente certainement une autre voie que celle dessinée par Bush. Le professeur de science politique Jonathan Paquin souligne que «tous ses conseillers sont des opposants à la doctrine Bush» et que, dans ce cadre, la nouvelle administration tendra vers la primauté de la loi.
Rumeurs et risques
Les rumeurs courent toujours sur la formation de la nouvelle équipe qui prendra la barre à la Maison Blanche. Les postes-clés de secrétaire à la défense, secrétaire au trésor et secrétaire d’État sont toujours à combler. Le chef du cabinet est d’ores et déjà connu: il s’agit de Rham Emmanuel, originaire de l’Illinois. Les noms de conseillers, comme la jeune Susan Rice, Madeleine Albright ou de vieux alliés comme John Kerry sont dans les conversations pour compléter le tableau. Une quantité de scénarios circulent, relevés par les professeurs Paquin et Bélanger. Une place semble être probable pour Al Gore, hypothétiquement dans un nouveau ministère combiné énergie-environnement, ou du moins dans un poste à saveur environnementale. On laisse également la place à un possible rôle de John McCain, soulignant la détermination de ce dernier à être utile et à aider dans un esprit d’unité.
Modification de l’ALÉNA
Du côté canadien, on pourrait s’attendre à plusieurs impacts. L’un d’eux serait la réouverture de l’ALÉNA, notamment sur deux articles contentieux. Doit-on craindre un retour du protectionnisme? Rien n’est moins certain, si l’on en suit l’analyse de
M. Bélanger, qui souligne la volonté d’Obama d’intégrer les notions d’environnement et de droits du travail à l’accord. M. Bélanger pointe par contre le spectre d’un congrès protectionniste qui pourrait brouiller les cartes du futur président dans un contexte de crise financière, mais aussi la volonté de progrès au niveau de l’Amérique du Nord.