Le cercle des neiges : une histoire de survie

C’est rare, mais ça arrive : Netflix a produit un film excellent ! Réalisé par Juan Antonio Bayona (L’OrphelinatThe Impossible), Le cercle des neiges retrace l’histoire vraie du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571, dont l’appareil s’est écrasé dans la cordillère des Andes en 1972.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme 

Alors que le mois d’octobre signe le début du printemps en Uruguay, l’équipe de rugby du Old Christians Club s’envole avec famille et ami.es pour le Chili, où ils doivent jouer. Quarante-cinq personnes. Moyenne d’âge : vingt-quatre ans. Alors qu’une mer de nuages recouvre le paysage, la navigation à l’estime est le seul moyen pour le pilote de savoir où ils sont. Malheureusement, ses calculs ne sont pas bons, il entame la descente trop tôt, heurte un premier pic, puis un deuxième, la carlingue se disloque, l’avion s’écrase. Ils ne sont plus que trente-trois, perdus à 3 600 mètres d’altitude, entourés d’un désert de neige.

Les survivants après l’arrivée des sauveteurs, photographie de CSU Archives, Everett Collection, Bridgeman Images

Adaptation du roman La sociedad de la nieve écrit par Pablo Vierci, il s’agit du cinquième film qui met en scène cet évènement. Il a été présenté en avant-première mondiale en clôture de la Mostra de Venise 2023, et a été choisi pour représenter l’Espagne lors de la 96e édition des Oscars.

Concrètement, Juan Antonio Bayona maîtrise son image et les mécaniques de l’horreur. L’accident est filmé sous toutes les coutures et dans ses moindres détails. Âmes sensibles d’abstenir : les corps craquent, sont projetés en l’air, sang, membres, valises et sièges se mélangent avant de s’éparpiller sur le sol. On retient notre souffle tout en appréciant le confort de notre canapé.

Alors qu’un paysage immaculé s’empare de l’écran et nous émerveille, la voix off nous rappelle à la réalité : « ’endroit est hostile. L’intrus ici c’est nous. » Comment survivre dans ces conditions climatiques extrêmes, sans chauffage, sans eau et sans nourriture ?

Sur le tournage du « Cercle des neiges », de Juan Antonio Bayona, en 2022. QUIM VIVES/NETFLIX

Le film ne fait pas dans la demi-teinte : les scènes sont aussi glaciales que la température extérieure. Lorsque les survivants se résignent à manger les morts pour ne pas mourir d’inanition, le cinéaste adopte le point de vue de ceux qui mangeront en fermant les yeux.

« Je n’oublierai jamais la première incision. Chaque homme était seul avec sa conscience au sommet de cette montagne infinie, par un jour plus froid et plus gris que tous ceux qui l’ont précédé ou suivi », a écrit le survivant Roberto Canessa dans ses mémoires de 2016, Tenía que sobrevivir (Je devais survivre). « Chacun de nous quatre, une lame de rasoir ou un morceau de verre à la main, avons soigneusement coupé les vêtements d’un corps dont nous ne pouvions pas supporter de regarder le visage. » (Rapporté dans un article du National Geographic)

Finalement, alors que le dégel du mois de décembre leur apporte des conditions plus favorables, Nando et Canessa se lancent dans un périple pour atteindre le Chili et trouver de l’aide. Après dix jours de marche, ils rencontrent leur sauveur, un berger qui va alerter les autorités.

Le « Miracle des Andes ». Soixante-douze jours d’épreuve. Seize survivants. Un cercle des neiges qui a affronté l’impensable. Des hommes qui sont revenus d’entre les morts.

Sur le tournage du « Cercle des neiges », de Juan Antonio Bayona, en 2022. QUIM VIVES/NETFLIX

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