Une nouvelle espèce d’éponge de mer carnivore a été découverte par des chercheurs du Monterey Bay Research Institute.
André-Philippe Drapeau Picard
À plus de 3 000 mètres de profondeur vivent des espèces aux allures extravagantes dont plusieurs restent à découvrir. Les chercheurs du Monterey Bay Research Institue (MBRI) en ont décrit une nouvelle dans un article publié récemment dans le journal Invertebrate Biology. Il s’agit de l’éponge de mer Chondrocladia lyra, aussi appelée éponge harpe.
Le nom de cette nouvelle espèce vient de sa morphologie. L’animal est ancré au fond marin par une structure ressemblant à des racines mais que les auteurs de la publication nomment rhizoïdes. Comme les tiges d’une plante, deux à six stolons prennent leur origine de ce dernier. Rappelant les cordes d’une harpe, plusieurs branches s’élèvent verticalement et se terminent par une boule. Sur toute leur longueur, les branches sont parcourues de quatre rangées de minces filaments ornés de crochets.
La forme si spéciale de C. lyra s’explique par son mode d’alimentation. La plupart des éponges sont des filtreurs, c’est-à-dire qu’elles siphonnent l’eau pour en retirer les bactéries et autres minuscules particules nutritives. L’éponge harpe, quant à elle, se nourrit de mésoplancton, c’est-à-dire des organismes de 0,2 à 20 mm dérivant au gré des courants. Le réseau formé par les branches et les filaments optimise la surface de contact avec les proies, qui sont surtout de petits crustacés. Lorsqu’une bestiole se prend dans les crochets acérés des filaments, elle est lentement enveloppée d’une fine membrane avant d’être tranquillement digérée.
Selon les chercheurs, cette importante surface de contact pourrait aussi être pratique pour capter le sperme relâché par les boules terminales. Comme les autres éponges carnivores connues, le sperme de l’éponge harpe voyagerait en petites capsules, nommées spermatophores, qui seraient elles aussi retenues par les crochets sur les filaments.
Si C. lyra n’est pas la première éponge carnivore à être découverte, l’existence de tels animaux n’est connue que depuis 1995. On en répertorie présentement une douzaine d’espèces.