La Banque mondiale a déposé un rapport affirmant qu’une hausse globale de 4°C serait catastrophique pour l’humanité. Elle soutient qu’il est possible d’éviter ce scénario et exhorte les États à prendre des mesures en ce sens.
André-Philippe Drapeau Picard
Alors que la communauté internationale s’est fixé comme objectif de maintenir le réchauffement planétaire sous 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, on n’écarte plus la possibilité d’atteindre une hausse de 4°C d’ici la fin du siècle. La Banque mondiale fait part de ses inquiétudes quant à cette éventualité dans un rapport intitulé Turn down the heat («Baissez le chauffage»), publié le 18 novembre dernier. La conclusion est sans équivoque : «On ne doit tout simplement pas permettre que la hausse prévue de 4°C ne se produise.»
Les auteurs dressent un portrait plutôt sombre du monde si la température moyenne venait à augmenter autant. Au regard des données scientifiques récentes, ils prévoient notamment une hausse du niveau de la mer d’un mètre, une acidification rapide des océans et des températures extrêmes devenant monnaie courante. De ces prévisions découlent une myriade de conséquences qui feraient souffrir tous les pays, particulièrement les pauvres. On parle entre autres de vagues de chaleur intenses, de sécheresses, de pertes de récoltes, de feux, d’inondations, de contamination de la nappe phréatique et de destructions d’écosystèmes.
La Banque mondiale doute que la communauté internationale puisse s’adapter à une telle éventualité. Si les scientifiques parlent d’un point de non-retour quant au climat lui-même, le rapport de l’institution financière applique ce seuil aux systèmes sociaux. On y prévoit une importante perte d’efficacité de ces derniers, voire leur effondrement. «Il est probable que les pauvres souffrent le plus et la communauté internationale pourrait devenir plus fracturée et inégale qu’en ce moment», peut-on y lire.
Ayant comme premier mandat la lutte contre la pauvreté, la Banque mondiale souligne dans ce rapport que ce combat ne peut être gagné sans tenir compte des changements climatiques. Pour cette raison, elle travaille depuis peu à favoriser une croissance verte inclusive, c’est-à-dire qui prend en compte à la fois l’environnement et les individus. Selon son président, Jim Yong Kim, «il existe plusieurs opportunités pour réduire drastiquement l’impact climatique du développement, sans ralentir la réduction de la pauvreté et la croissance économique».
Les auteurs du rapport exhortent les gouvernements à réaliser que personne ne serait immunisé contre les changements climatiques. Face au poids des arguments en faveur d’une crise globale si rien n’est fait, la question n’est plus de savoir s’il y aura des conséquences, ou quels pays les subiront. La question est de savoir si les États sont prêts à travailler ensemble pour minimiser le réchauffement planétaire, ce qui est encore faisable, selon le rapport. Toutefois, «seules des actions rapides, coopératives et internationales pourront le permettre».