Encore une fois, le Rouge et Or football est champion canadien. Ça fait cinq championnats en dix ans. C’est moins médiatisé, mais les autres clubs de la famille Rouge et Or réalisent aussi d’excellentes performances année après année. Les équipes féminine et masculine de soccer se rendent régulièrement aux Championnats canadiens. Il en est de même pour les équipes de volleyball et de baskeball. L’année dernière, l’équipe de badminton a remporté le titre de meilleure tapeuse de moineau d’un océan à l’autre. Et j’en passe.
L’équipe de football, par son premier succès inespéré en 1999, a semé l’engouement pour ce sport dans la région. Aussi surprises qu’ébahies, l’administration du Rouge et Or et l’administration lavalloise ont vite réalisé qu’elles étaient toutes deux assises aux commandes d’une locomotive à grande vitesse. Une locomotive qui permet, à chaque année, d’engranger d’importants profits qui sont redistribués aux autres équipes de ce que l’on appelle maintenant : la grande famille Rouge et Or.
Pas besoin d’une maîtrise en marketing pour savoir que les équipes sportives gagnantes sont des instruments de visibilité plus qu’efficaces pour une entreprise ou une institution d’enseignement. Du moins, beaucoup plus que des doctorats honoris causa distribués à la va vite. Les universités américaines ont compris cela depuis longtemps. Souvent, les foules atteignent plus de 100 000 personnes pour une seule partie de football. À côté de cela, les 10 000 fidèles en moyenne qui se déplacent pour voir le Rouge et Or semblent bien peu nombreux. Si on les plaçait dans un stade américain, ils auraient l’air de chrétiens impatients d’assister à une messe le mercredi matin d’une journée de canicule pendant les vacances de la construction.
N’empêche qu’en faisant avec ce qu’on a, on réalise l’impact des succès du Rouge et Or. Le nom de l’Université Laval, pas uniquement pour cette raison bien sûr, raisonne d’un bout à l’autre du pays à chaque automne. À Laval, on associe football, à football on associe succès, alors on se dit que l’université est sûrement bonne. C’est vrai. La population associe plus facilement une université à ses équipes sportives qu’à son département d’optique photonique. C’est comme ça.
L’Université Laval doit sauter sur cette visibilité pour son recrutement. En fait, la vie sportive du campus devrait être plus souvent employée comme argument pour convaincre les cerveaux du monde d’étudier sur le campus lavallois. Mais encore plus loin, le sport de compétition au Canada, tout comme aux États-Unis, devrait passer par les universités. Ça se fait déjà pour quelques sports. Ça devrait aussi être le cas du hockey, notamment. Si l’université est un tremplin pour une carrière professionnelle, pourquoi n’en serait-il pas de même pour une carrière sportive? Encore trop d’athlètes percutent un mur lorsqu’ils échouent dans leur tentative de gagner leur vie avec leurs muscles et leurs habiletés motrices. Le rattrapage est tel, que la pente est souvent trop abrupte pour être remontée. Des millions espérés, ne reste parfois que l’espoir d’un travail décent. L’université représente une porte de sortie. Après la désillusion, l’important n’est pas d’être compris, c’est de comprendre.