Crédit photo : AELIÉS

L’AELIÉS à la croisée des chemins

Depuis déjà plusieurs années, la situation au sein de la l’AELIES se détériore. Retard dans leurs obligations légales, peu d’accompagnement auprès des étudiant.es membres et climat toxique au sein de l’équipe, la présidente actuelle, Ingrid Avila-Tiomo, travaille d’arrache-pied avec certain.nes administrateur.rices pour sortir l’association de cette impasse. 

Par Marie Tremblay, cheffe de pupitre actualités

Avant d’être élue présidente en avril 2025, Ingrid avait notamment siégé à l’AELIÉS en 2023 au poste de coordination aux affaires internes, puis plus tard à titre d’administratrice. À ce moment, elle observe de nombreux dysfonctionnements de l’association.

Ingrid Avila-Tiomo, présidente de l’AELIÉS. Photo : AELIÉS

« Déjà en 2024, tout le monde était d’accord pour qu’il y ait une restructuration parce que l’Université annonçait que, si rien n’était fait concernant les dysfonctionnements internes, il y allait avoir recours à des mesures comme une dissolution, une acquisition ou une mise sous tutelle. », affirme Ingrid. 

C’est dans ce climat qu’elle décide de briguer la présidence. Elle fait campagne en promettant une restructuration de l’association.  

« J’amenais la nécessité de faire une restructuration globale à la fois sur le plan interne et externe ».

Une fois élue, elle propose l’adoption d’une politique de fonctionnement interne et un projet de restructuration. Cependant, les choses se corsent et la nouvelle présidente se heurte à un climat hostile et peu accueillant qui l’oblige à prendre un congé de maladie d’un mois en juin 2025. 

Les étudiant.es à la rescousse 

Cherchant du soutien dans ce contexte difficile, elle se tourne alors vers la communauté étudiante. Ingrid contacte Charles-Émile Fecteau, un ancien membre du CA, pour qu’il lui vienne en aide.  

« Elle insistait qu’il y avait des gros problèmes. Je suis venu assister au CA en tant qu’observateur en août, et c’est là que j’ai constaté que ce n’était même pas proche de fonctionner. », confie ce dernier. 

Charles-Émile pose alors sa candidature au poste d’administrateur sur le CA. Lui et d’autres membres encouragent les étudiant.es à faire de même. De leur côté aussi, le processus se révèle difficile en raison d’un groupe de personnes qui tente de freiner la nomination des candidatures en inventant de nouvelles règles ou en omettant la transmission de courriel. Finalement, 19 nouveaux.lles administrateur.rices entrent en poste. Aujourd’hui, encore 50% des sièges sont vacants. 

Cette vague de nouvelles personnes sur le CA donne de l’espoir qu’un changement est à venir. Charles-Émile encourage également les étudiant.es à s’impliquer ou à faire entendre leur voix en participant au CA ou écrivant aux administrateur.rices en poste.

« Ce n’est pas nécessairement facile, mais on se tient ensemble, puis on travaille fort pour améliorer les choses », conclut-il. 

La nécessité d’une politique de fonctionnement interne

Dès son entrée en poste, la présidente est victime d’agressions verbales, d’intimidation, de rejet et d’insultes. Elle rapporte tous ces événements au CA, mais ce dernier ne réagit pas et la situation continue de s’envenimer.

Devant ce climat hostile et désorganisé, Ingrid décide de prendre les choses en main en proposant une politique de fonctionnement interne. 

« L’objectif, c’était de mettre de l’ordre, du calme. », exprime cette dernière. 

Après de nombreuses consultations auprès des officier.ères et des membres — où la grande majorité se dit en faveur de cette mesure — elle écrit la politique.

Cependant, malgré cet appui majoritaire, certaines personnes en opposition font valoir que le bon sens et la morale suffisent pour gérer les conflits.

Dans un milieu interculturel comme l’AELIÉS, la présidente relance la question « c’est quoi les règles de bonne moralité et de bonne mœurs, ça envoie à quoi exactement ? ». 

La politique vise donc à préciser les sanctions à adopter selon les manquements et comportements inappropriés. Le but est d’établir une base commune pour toustes : « L’ÆLIÉS s’engage à garantir un environnement de travail exempt de toute forme de violence, de discrimination, de harcèlement ou d’intimidation. […] Tout propos ou comportement portant atteinte à la dignité d’un membre, qu’il soit employé·e, officier·ère, administrateur·trice ou bénévole, est proscrit. »

Ingrid présente finalement la politique au CA, mais ce dernier empêche son adoption sous prétexte que la présidente n’a pas le droit de présenter une politique. À préciser qu’aucun règlement de l’AELIÉS ne mentionne une telle contrainte. 

Finalement, la création de la politique est mise entre les mains du comité de révision des règlements et est adoptée au CA du 12 novembre 2025. 

« Normalisation de la déviance »

La présidente, doctorante en science de l’administration, pointe du doigt le phénomène de normalisation de la déviance. 

En sciences organisationnelles, c’est un phénomène qui décrit la manière dont des comportements inacceptables deviennent progressivement tolérés, parce qu’ils ne sont pas sanctionnés et qu’ils finissent par paraître normaux.

« On reconnaît que tout va mal et personne ne fait rien pour changer. », se désole la présidente. 

Ingrid, comme Charles-Émile, évoque un petit groupe de personnes qui défendait les auteurs de comportements problématiques et entretenait l’environnement toxique.  

Un enjeu d’autant plus marqué par le peu d’implication étudiante au sein de l’association. « Le fait que ce soit difficile d’avoir des gens fait aussi en sorte qu’il est relativement facile pour une clique de prendre le pouvoir de noyauter les AG, les CA, le CX, et d’influencer les décisions dans une certaine direction. », raconte Charles-Émile.

Face à l’inaction de plusieurs, Ingrid explique que « le comité exécutif, les employés, tout le monde est responsable de ce climat ».

Alors qu’elle était en congé de maladie, une commission d’enquête est ouverte pour revenir sur les nombreux signalements. Parmis leurs constats, la commission liste de la violence verbale, de la mauvaise foi, des problèmes de communications, etc. On peut également lire : « au moins quatre officiers sont accusés d’intimidation, de harcèlement ou d’agression. ».

De fil en aiguille, le VP aux affaires institutionnelles est destitué et le VP aux affaires externes démissionne.  

La restructuration à portée de main

Il y a un mois, Ingrid invitait les étudiant.es à être patient.es : « présentement, nous vivons le fruit de plusieurs années de dysfonctionnement et on ne peut pas remonter tout d’un coup la pente. »

La présidente a pu présenter son projet de restructuration au CA du 12 novembre, où il a été adopté. Ce plan prévoit une analyse en profondeur de la situation actuelle et la mise sur pied d’un comité de restructuration. Ce dernier sera composé de neuf membres ayant des points de vue extérieurs à l’association. La consultation de la communauté étudiante est également un point central. 

Projet de restructuration de l’AELIÉS, via leur site web.

L’espoir d’enfin sortir de cette inertie organisationnelle se ressent plus que jamais, mais le processus sera long. Il faudra regagner la confiance des étudiant.es, mais également celle de l’Université qui « ne supporte plus d’avoir une association, le cycle supérieur, qui ne respecte pas ses obligations légales ». 

« Ce que je souhaite, c’est un nouveau vent, c’est une alliée renouvelée, une alliée confiante et fiable, crédible aux yeux de ses étudiants, plus proche de ses étudiants », exprime la présidente. 

Les étudiant.es ont jusqu’au 23 novembre 2025 pour envoyer leur candidature pour participer au comité de restructuration. Tous les détails ici.



Auteur / autrice

Consulter le magazine