Gilles Duceppe verrait d’un bon oeil un regroupement des forces souverainistes au Québec, à condition de s’entendre préalablement sur une plateforme conjointe qui ferait consensus. L’ex-chef du Bloc québécois était de passage à l’Université Laval, mercredi dernier.
Raphaël Létourneau
Gilles Duceppe estime que les forces souverainistes devraient débattre des plateformes électorales avant le déclenchement de la prochaine campagne. « Je commencerais par les débats au départ. Si on s’entendait sur une plateforme qui correspond largement à des consensus au Québec ? », a-t-il lancé.
Ces débats doivent avoir lieu maintenant selon l’ex-chef bloquiste, car la ferveur souverainiste ne serait pas en déclin. Il avance qu’il y a traditionnellement « un bloc de souverainistes tournant autour de 40 %, un bloc de fédéralistes tournant autour de 40 % et un 20 % qui oscille, selon le contexte, d’une option à l’autre ». Pour ensuite appliquer ce calcul aux résultats des dernières élections, « le PQ fait 32 %, QS 6 %, ON 2 %. Voyez, on est à 40 % ». Jugeant que la Coalition avenir Québec ( CAQ ) est dans les « limbes constitutionnelles », il estime tout de même qu’il s’y trouve au moins 5 % de souverainistes.
Mais ces débats devraient être tenus avant le déclenchement des prochaines élections. Selon M. Duceppe, concéder un point ou se rallier à un parti sur une certaine position peut donner des armes aux adversaires qui pourraient tenter de faire des rapprochements entre les programmes. « Si Pauline Marois avait laissé la place à, disons Françoise David, Charest aurait dit : “ Comment ça, vous êtes d’accord avec ce que Mme David propose sur tel sujet ? ” ». Tout en ajoutant que « si on s’en va trop d’un bord, des fois pour aller chercher 10 votes à Québec Solidaire, tu peux en perdre 100 à la CAQ et c’est une réalité crue dont il faut débattre ». La question des alliances serait plus accessible avec un système à deux tours selon lui.
Pointe envers Québec solidaire
Fort d’un historique de confrontation avec le député solidaire de Mercier, Amir Khadir, qu’il accusait d’avoir voté NPD aux élections fédérales auxquelles il a été défait en 2011, Gilles Duceppe a décoché une autre f lèche à l’endroit de Québec solidaire. Il a en effet critiqué l’approche souverainiste des solidaires, qu’il juge « contre la démocratie ». Selon M. Duceppe, Québec solidaire ne fera l’indépendance que si elle se fait à gauche.
En terminant, M. Duceppe a fait une brève allocution concernant le printemps dernier et le rôle des jeunes en société. « Une société dans laquelle les jeunes ne s’expriment pas est une société qui s’asphyxie lentement. Vous avez à parler, à agir, tenir compte de vos acquis, des erreurs, en tirer des leçons et faire avancer la société ».
Invité conjointement par le Parti québécois et Option nationale à l’Université Laval, Gilles Duceppe a tenu cette conférence sur l’indépendance devant environ 150 personnes.