Le 23 janvier dernier, l’auteur-compositeur-interprète Benoit Pinette, alias Tire le coyote, lançait son nouvel album Mitan au Cercle de Québec.
Hugo Lafleur
Benoit Pinette n’a jamais tiré de coyote, mais cela ne l’empêche pas de trouver dans le titre percutant de sa formation une réplique qui rappelle bien les images du country. Ce titre est en même temps, d’une manière volontaire, l’antithèse de son style, très loin des hurlements et des coups de fusil. Benoit voit dans la simplicité de sa musique la possibilité d’être percutant par son authenticité. Inspiré depuis toujours par la force tranquille de grands musiciens comme Young et Dylan, Tire le coyote puise dans cet univers pour propager son amour du style et y ajouter une touche québécoise. Benoit est aussi un amateur du country des années 30 et 40, non réédité et seulement disponible en disque vinyle aujourd’hui. Sa passion pour les microsillons, ainsi que la montée de la popularité du format expliquent en grande partie que le dernier album soit disponible en 33 tours. Benoit voit l’utilisation des tables tournantes comme un rituel qui oblige l’écoute active et ininterrompue, à l’opposé du « fast-food musical ».
La formation est centrée autour de Benoit, qui a su rassembler plusieurs musiciens disparates, comme un guitariste rock et un bassiste grunge en les convainquant de tout l’intérêt du folk, de la même manière que le groupe nous a convaincus, mercredi dernier. Dans une ambiance feutrée et dense, le public gardait un silence d’admiration béate, brisé quelques fois par des rires sincères causés par le charme naturel et sans éclat de Benoit. Par un heureux concours de circonstances, l’installation sur scène était plutôt rapide, sans moniteurs, ce qui ajoutait à l’authenticité de la performance. Tire le coyote a pu nous présenter son dernier album, Mitan. Celui-ci est plus calme, plus intérieur, à l’image de Benoit, qui par son implication au projet y ajoute une touche personnelle qui vient colorer l’opus. Les arrangements sont de lui, comme les paroles, qui sont à ses propres dires proches de ses interrogations.
On peut mentionner parmi les faits cocasses de la soirée, l’interprétation de la pièce Chanson d’amour en sol standard, au titre assez explicite. La pièce, qu’il interprète normalement en duo avec Chantal Archambault, a été complétée par le guitariste Shampoing pour un dialogue romantique aussi surprenant que comique.
Malgré toute l’exposition de son dernier album et la quantité d’entrevues accordées, Benoit demeure humble face à son succès. Son premier objectif reste avant tout de faire des spectacles et d’écrire de la musique qui lui plaît, et s’il continue de plaire à un grand nombre d’auditeurs ( on lui souhaite ! ), on pourra dire qu’il aura tiré dans le mille.