Photo : Archives Maxime Pelletier-Huot

L’ASSÉ pourrait boycotter, les fédérations prudentes

Il fallait s’y attendre, les déclarations du ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, qui a écarté complètement l’idée de la gratuité scolaire pour la première fois dimanche, ont provoqué des réactions chez les associations étudiantes. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), déjà ambivalente sur sa participation au Sommet sur l’enseignement supérieur les 25 et 26 février prochains, menace plus que jamais de le boycotter. 

David Rémillard

MANIF- Archives Impact Campus, maxime pelletier-huotLa décision de prendre part ou non aux discussions au Sommet sera prise les 2 et 3 février lors d’un congrès de l’ASSÉ tenu à Saint-Félicien, au Saguenay.

Selon Jérémie Bédard-Wien, porte-parole pour l’ASSÉ, les déclarations du ministre vont «nécessairement influencer les assemblées générales et les débats que les étudiants et étudiantes auront.»

Au terme de l’école d’hiver de l’Institut du Nouveau Monde, où des jeunes ont été appelés à réfléchir sur l’avenir de l’éducation, le ministre de l’Enseignement supérieur a déclaré que la gratuité scolaire était davantage «un idéal à long terme» qu’une solution applicable dans le contexte actuel.

Le ministre chiffrait, étude en mains, à « plus d’un milliard $» les coûts liés à l’application de la gratuité scolaire. Des sommes qui laissent sceptique l’ASSÉ, bien qu’elle se garde de les contester sans avoir lu le document du ministre.

«Nous avons produit nos propres études. Elles sont disponibles depuis belle lurette. Elles chiffrent la gratuité scolaire 600 ou 700 millions $ », explique M. Bédard-Wien, qui dit toutefois ne pas vouloir tomber dans un débat de chiffres.

L’ASSÉ a pris du poids sur l’échiquier étudiant national depuis le retour en classe en septembre. La grève étudiante du printemps 2012 a en effet permis à l’association nationale de gonfler ses rangs. Elle représente aujourd’hui un peu plus de 70 000 étudiants universitaires et collégiaux, alors qu’elle n’en représentait que 45 000 avant le début du conflit sur les frais de scolarité.

Le gel pour les fédérations 

Du côté des fédérations étudiantes universitaire et collégiale du Québec (FEUQ et FECQ), le gel des frais de scolarité demeure la cible et la solution défendue.

«C’est la solution pragmatique, consensuelle», soutient Martine Desjardins, présidente de la FEUQ. «La majorité de la communauté universitaire, [excluant les recteurs], est plutôt en faveur du gel», ajoute-t-elle.

La FEUQ se dit plutôt heureuse de voir le ministre aller de l’avant et trancher sur certains éléments. «C’est bien beau vouloir nous écouter, mais on veut que le gouvernement se mouille et montre ses cartes», ajoute Mme Desjardins.

Concernant l’idée d’une indexation des frais de scolarité, scénario privilégié par le gouvernement péquiste, Martine Desjardins croit qu’il revient à son association «d’enclencher la machine» et de convaincre l’opinion publique que ce n’est pas la meilleure solution. «J’espère que nos diplômes valent plus qu’un sac de chips», a-t-elle illustré, jugeant qu’il est impossible d’augmenter les frais de scolarité en fonction de l’Indice de prix à la consommation ou de comparer l’éducation à des marchandises.

La FEUQ s’est par ailleurs dite heureuse de voir que le ministre Duchesne, dans ses déclarations de dimanche, a retenu l’idée d’une commission d’évaluation des universités.

Du côté de la FECQ, la présidente, Éliane Laberge, «On espère qu’il n’y aura pas de nouvelles positions strictes d’ici le Sommet», lance-t-elle.

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