Le 30 janvier, des bombardiers israéliens ont attaqué une cible terrestre tout près de Damas, en Syrie. Les détails encore flous pointent vers la continuation d’une guerre discrète qu’Israël mène à l’étranger contre ses ennemis.
Jérémie Lebel
La cible visée par l’attaque du 30 janvier était selon les renseignements américains un convoi d’armes destinées au Hezbollah, un mouvement chiite libanais qui est un allié du gouvernement de la Syrie. Les sources diplomatiques occidentales parlent d’un convoi contenant des armes, dont des missiles antiaériens SA-17. Selon le Hezbollah et la Syrie, cependant, la cible des bombardements était un complexe de recherche scientifique militaire syrien. Le ministre israélien de la défense, Ehud Barak, s’est contenté de dire qu’Israël ne permettrait pas que des armements de pointe soient transférés vers le Liban.
Même si le gouvernement syrien a condamné l’attaque, des représailles seraient surprenantes. Les dernières hostilités entre Israël et la Syrie remontent à 1973. Depuis, Israël a attaqué des cibles situées en Syrie au moins deux fois : en 2003, un camp d’entraînement, puis en 2007, des installations de recherche. Ces deux fois, la Syrie a promis de se venger, mais ne l’a jamais fait. Israël ne semble pas chercher à s’immiscer dans la guerre civile syrienne. Il y a peu d’atomes crochus entre Israël et l’opposition syrienne aux couleurs islamistes. Les dirigeants israéliens ont un souci plus près d’eux, soit s’assurer que des armes chimiques ou des équipements sophistiqués ne tombent pas entre les mains de groupes comme le Hezbollah. Si ce groupe mettait la main sur des missiles antiaériens militaires, il pourrait facilement abattre des avions, des hélicoptères ou des drones israéliens, ce qui le rendrait presque aussi coriace qu’une armée régulière.
Depuis plusieurs années déjà, Israël mène une guerre discrète mais violente à l’étranger, à coups d’assassinats ou de bombardements ponctuels. Le 23 octobre 2012, c’était une usine de munitions soudanaise qui explosait après un bombardement qu’Israël n’a jamais reconnu, bien qu’il était le seul pays à pouvoir et vouloir en mener un. Le 6 avril 2011, deux personnes mouraient lorsqu’un avion bombarda leur voiture près de l’aéroport de Khartoum. L’une des deux était le successeur d’un homme du Hamas, lui-même tué à Dubaï en janvier 2010. Israël a comme politique de ne pas commenter ce type d’opérations. Les groupes visés, eux, comprennent le message, et l’histoire sans fin des attaques et des représailles continue à s’écrire, une bombe ou une balle à la fois.