Tourné par Benjamin Gadoury, le documentaire retrace l’épopée d’une saga qui a soulevé les passions sur le campus, tant au cours de la période de mise en candidature des soumissionnaires qu’après la décision controversée de l’Université de renouveler le monopole de Sodexho. Au mois de février 2006, une échauffourée dans le pavillon De-Koninck avait mené à huit arrestations dont celles des membres du Collectif de minuit.
Quelques années après le début de la campagne de boycott de Sodexho, force est de constater que le mouvement se retrouve à bout se souffle. «Trois ans après le début du boycott, celui-ci s’est essoufflé, il est un peu mort», a déclaré Simon Leclerc, ancien chargé de projet de l’Enthité, lors de son allocution. Ce dernier a relaté les étapes qui ont conduit les étudiants à monter le projet jusqu’au choix final de l’Université.
Laval en exemple
Malgré l’échec de l’entreprise, l’Enthité semble avoir pavé la voie à d’autres entreprises du genre à Sherbrooke et en Outaouais. Ainsi, Karine Bouchard, étudiante à la maîtrise en droit à l’Université de Sherbrooke, a présenté le projet coopératif Café-CAUS, en lice pour l’obtention du contrat des installations alimentaires de l’institution estrienne. Actuellement, aucun café étudiant n’existe sur ce campus, alors que le monopole appartient à l’entreprise Chartwells. «L’université n’a pas l’obligation d’aller en appel d’offres. Cependant, la mentalité coopérative est très forte à l’Université de Sherbrooke. […] L’administration de l’Université fait preuve d’une ouverture formidable. Nous avons beaucoup appris de ce qui c’est passé avec le projet l’Enthité, explique-t-elle. J’espère revenir à Laval avec un projet qui a fonctionné, afin que les étudiants à Laval tentent leur chance à nouveau».
Cet automne, des étudiants de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) ont réussi à faire annuler le contrat des concessions alimentaires et des cafés-bars à l’entreprise Laliberté. La direction de l’UQO a pris cette décision à la suite d’une campagne de boycott initiée par la fermeture d’un café-bar du campus par l’entreprise. Les étudiants de l’institution ont également présenté un plan afin de gérer les concessions alimentaires. «Nous offrons à l’Université de sortir du modèle économique corporatif pour un modèle plus universitaire et social», dit David Clément, étudiant à l’institution outaouaise. Tout comme l’Enthité, les projets de Sherbrooke et de l’UQO proposent de redistribuer les profits dans la communauté universitaire.