De passage à Tombouctou, le président français a été acclamé par une foule en liesse. Pendant ce temps, l’armée française poursuit son combat contre les milices islamistes dans la région désertique du Sahel.
Boris Proulx @borisproulx
Paris – Après avoir pris Bagdad, en 2003, George W. Bush avait crié victoire quelque peu hâtivement en déclarant « mission accomplie » à bord du porte-avions Abraham-Lincoln. Pourtant, la guerre en Irak allait encore se poursuivre pendant près d’une décennie. C’est un François Hollande bien plus prudent qu’on a pu entendre à Tombouctou, au Mali, samedi. « Le combat [n’est] pas fini », a déclaré le président de la République, qualifié de « sauveur », voire de « saint », par une population locale extasiée par la libération. L’opération militaire « Serval », visant à combattre les milices islamistes qui s’étaient emparées du Nord-Mali, représente à ce jour un grand succès stratégique et diplomatique pour la France.
Ne déplorant qu’un seul mort depuis le début de l’opération, l’armée française a aujourd’hui libéré les principales villes de l’Azawad, cette immense région aride dont la superficie équivaut à la moitié de celle du Québec. Toutefois, pendant que les combats se poursuivent à Kidal, près de la frontière avec l’Algérie, la France et ses alliés sont confrontés à de nouvelles difficultés. La réconciliation nationale du Mali, pays déjà fortement déstabilisé depuis le coup d’État du 22 mars dernier, s’annonce difficile. Désorganisée, l’armée malienne ne serait vraisemblablement pas en mesure de garantir la défense de l’État nouvellement réunifié. François Hollande a ainsi mis en garde l’armée française et malienne contre de potentiels actes de vengeance contre la population locale d’origine touareg ou arabe, des exactions « qui entacheraient la mission ».
Les conséquences internationales de l’opération
Accueilli en héros par la population malienne, le président français a pu bénéficier du soutien de ses homologues africains. Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a déclaré au quotidien Le Monde que l’intervention de la France est légitime et courageuse, rejetant la critique selon laquelle les Français renouent avec l’interventionnisme colonial du temps de la Françafrique. Or, c’est un autre discours qu’on peut entendre auprès de certains partenaires européens. Le ministre allemand de la défense, Thomas de Maizière, a ainsi prévenu ses voisins que « la supériorité militaire [….] ne constitue aujourd’hui plus une garantie d’une résolution durable des conflits », soulignant que la victoire militaire n’est que le début d’un long processus vers le retour à la stabilité politique.