Audacieuses, vives, animées par une réalité qui leur est propre et issues d’une perception artistique innovante, les œuvres des Plasticiens et les années 1950-1960, exposées au Musée national des beaux-arts du Québec du 7 février au 12 mai, retracent le parcours et le talent d’artistes montréalais.
Camille Allard
C’est sous l’initiative de Roald Nasggard, éminent historien de l’art contemporain canadien, que cette exposition s’est mise en branle pour enfin être accueillie au célèbre musée. Les œuvres avant-gardistes de plusieurs artistes ayant exercé leur art à Montréal s’y retrouvent. Parmi les peintres qui figurent dans l’exposition, nommons Yves Gaucher, Charles Gagnon, Guido Molinari et Claude Toussignant, têtes d’affiche de l’évènement.
Les plasticiens et les années 1950-1960 est une exposition historique, selon Michel Martin, conservateur de l’art contemporain au Musée national des beaux-arts du Québec, puisqu’elle est basée sur « une période fondamentale pour l’art. Elle permet de redécouvrir l’audace et la nouveauté ». Il souligne que le public est plus mature et donc mieux préparé à apprécier l’avant-gardisme des œuvres exposées, à se laisser ébranler par l’expérience qu’elles livrent. C’est d’ailleurs ce que vise la disposition de l’exposition.
L’organisation des pièces est ajustée au regard du public.
La première consiste en une introduction à l’art non-figurative des quatre premiers Plasticiens. Les tableaux s’y affirment comme objets, comme espaces dans lesquels le spectateur peut s’inscrire. Ils exploitent un rapport de forme et de structure où la couleur agit comme un vecteur déterminant de construction spatiale.
La seconde présente plutôt l’expérience en elle-même. Le spectateur est invité à ressentir les toiles, à y réagir, à entrevoir leur réalité. Chaque angle de chaque œuvre offre une sensation différente, une perception originale. Il est conseillé de se déplacer devant les toiles afin de vivre leur expérience complètement. Notons dans cette pièce les œuvres de Charles Gagnon, qui se distinguent des couleurs vives et franches de ses contemporains. Par ses peintures, il crée une atmosphère, une transition, une réflexion qui heurte le regard de l’observateur. De fait, Gagnon travaille la technique du hard-edge : le spectateur doit manœuvrer pour pénétrer l’espace pictural des tableaux.
Que le regard se porte sur des formes géométriques définies et dynamiques ou sur des espaces énigmatiques permettant des sensations polarisées, l’exposition Les plasticiens et les années 1950-1960 est une expérience à vivre.