Le syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval ( SCCCUL ) n’entend plus à rire et augmentera ses moyens de pression sur le campus. Sans nouvelle convention collective depuis deux ans et après 69 rencontres avec l’employeur, plusieurs points du prochain contrat de travail demeurent litigieux.
David Rémillard
Outre le rattrapage salarial et les balises encadrant les contrats des chargés de cours, voilà que le statut même de ce qu’est une charge cours est au cœur des débats.
Ce récent désaccord, qui n’annule pas toutes les autres mésententes, a motivé les membres du SCUUUL à procédé à un vote le 6 février dernier pour une intensification des moyens de pression. Le résultat est sans appel : 90 % des membres se sont prononcés en faveur.
Selon le syndicat, historiquement, une charge de cours équivaut, pour un cours de trois crédits, à 45 heures et un point d’ancienneté accumulé pour les membres. « C’est ce qui permet de définir les charge de cours offertes dans toutes les universités québécoises », peut-on lire dans un communiqué publié par le SCCCUL vendredi dernier.
Mais « depuis l’introduction des cours à distance et des cours hybrides — la moitié en classe et la moitié en ligne — l’Université Laval remet en cause ce principe. Ces cours sont devenus le prétexte à une redéfinition de la tâche de travail. »
Toujours selon le communiqué, le SCCCUL estime que l’Université Laval tend désormais vers une fragmentation de la charge de cours de 45 heures en différentes tâches — correction, préparation de cours, encadrement — «menant à une rémunération évaluée à la baisse.»
Baisse de qualité
L’idée du syndicat de sortir sur le campus n’est pas une simple question de visibilité. En d’autres mots, le SCCCUL souhaite sortir le débat sur la place publique plutôt que de tout cacher derrière les portes closes des rondes de négociation. Le SCCCUL souhaite en effet sensibiliser l’ensemble de la communauté étudiante sur la récente décision de l’employeur à redéfinir la notion de charge de cours. « Ça dépasse le cadre de la négociation de la convention collective», affirme Puma Freytag, président du SCCCUL, joint au téléphone lundi. «Trop c’est trop, il y a des enjeux qui nous dépassent comme simples chargés de cours.»
Selon lui, la qualité de l’enseignement est en jeu dans ce plus récent débat entourant les négociations. «On se bat pour la qualité des cours, on ne peut pas nous utiliser à rabais», peste-t-il. «Et tout ça pour des raisons purement économiques ! »
Utiliser les chargés de cours à rabais, considérant leurs compétences, revient à appauvrir la qualité de l’enseignement, soutient M. Freytag.
Pas de grève…pour l’instant
Puma Freytag est toutefois sans équivoque, il n’est pas question d’aller en grève pour le moment. «Pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour», a-t-il insisté. « On va travailler et miser sur l’intelligence de nos vis-à-vis. »
Les membres du SCCCUL sont entrés en grève à leurs deux précédentes négociations de conventions collectives, en 2004 et 2007.
En 2007, la grève générale illimitée des chargés de cours, déclenchée le 14 mars a duré près d’un mois, jusqu’au 11 avril. Les deux parties avaient alors signé une entente de principe mettant fin au conflit et limitant l’impact sur les étudiants.
À la suite du communiqué publié vendredi par le SCCCUL, certains départements ont déjà informé leurs étudiants qu’aucune grève n’était prévue pour le moment et qu’aucun cours n’était suspendu.
Par ailleurs, les chargés de de cours de l’Université réclamment un rattrapage salarial basé sur la rémunération offerte dans les autres universités. Le SCCCUL représente 1 800 membres, dont 900 actuellement sous contrat.