Courtoisie: Wikimedia, Centers for Disease Control and Prevention's

Une fillette guérie du VIH

Une fillette du Mississippi née avec le virus du sida serait guérie selon ce qu’ont annoncé des scientifiques américains.

Catherine Gilbert

Courtoisie: Wikimedia, Centers for Disease Control and Prevention's
Courtoisie: Wikimedia, Centers for Disease Control and Prevention’s

C’est le 3 mars qu’une équipe américaine a annoncé la guérison « fonctionnelle » d’un bébé né porteur d’une infection par le virus du sida ( VIH ). Ce virus avait été transmis par sa mère.

 Le VIH est un rétrovirus infectant l’homme et qui est responsable du syndrome d’immunodéficience acquise qui est un état affaibli du système immunitaire qui rend l’homme affecté vulnérable à de multiples infections opportunistes. Ce virus peut être transmis par les fluides corporels, c’est-à-dire par le sang, les sécrétions génitales et le lait maternel. Lors d’une grossesse, le virus peut être transmis à l’enfant pendant la gestation, pendant l’accouchement ou lors de l’allaitement. Sans traitement, le taux de transmission varie entre 10 et 40 %.

On peut lire dans un article paru dans Le Monde ( 05/03/2013 ), que c’est à l’automne 2010 que la mère de l’enfant s’est présentée dans un hôpital rural alors que le travail avait déjà commencé. Elle n’avait pas consulté de médecin au cours de sa grossesse et elle ignorait qu’elle vivait avec le VIH. Lorsque le test pratiqué à son arrivée a détecté cette infection et donc un risque de transmission du virus au nouveau-né, l’équipe hospitalière a transféré ce dernier à l’hôpital de l’Université du Mississippi, où il a été accueilli trente heures après sa naissance. Les tests sanguins effectués sur le bébé ont montré la présence de matériel génétique du virus et une concentration ( charge virale ) d’environ 20 000 copies du virus par millilitre de sang. Un test positif si précocement après la naissance laisse penser que l’infection ne s’est pas produite lors de l’accouchement, mais plus tôt au cours de la grossesse.

L’enfant a subi une trithérapie, c’est-à-dire une combinaison de trois molécules différentes. Normalement, une équipe hospitalière devrait donner un ou deux médicaments antirétroviraux. Après un mois, les résultats sanguins montrent une charge virale presque indétectable chez le bambin. Après 18 mois de traitement, la mère cesse de lui donner ses médicaments. Puis cinq mois plus tard, de nouveaux tests montrent que la charge virale est toujours indétectable. Seules de petites quantités de matériel génétique du VIH, étaient décelables.

L’équipe médicale explique que la guérison est « fonctionnelle » puisqu’il semblerait que le virus est incapable de se répliquer chez l’enfant qui en est toujours porteur. Ce traitement semble très prometteur, mais il faut qu’il démontre qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé.

La professeure Françoise Barré-Sinoussi, colauréate du prix Nobel de médecine pour la découverte et l’identification du VIH s’est réjouie de ce pas en avant : « Nous avons à présent des preuves suggérant que traiter l’infection par le VIH serait possible. Nous devons stimuler le financement de recherches pour les traitements. »

Encore de l’espoir

Si cette guérison s’avère persévérante dans le temps, il s’agira de la deuxième rapportée à ce jour dans le monde. Jusqu’alors, le seul cas répertorié était celui de l’Américain Timothy Brown, dit le patient de Berlin, diagnostiqué séropositif en 1995. Ce dernier avait subi, en 2007, une greffe de moelle osseuse possédant une singularité génétique rarissime — celle de résister au virus. On estime que seulement 0,3 % de la population mondiale est dotée de cette immunité naturelle. Ce genre de traitement pourrait grandement aider les nouveau-nés en Afrique, pour la plupart porteurs du virus à la naissance.

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