L’économie européenne peine toujours à se relever de l’importante crise financière qui a déjà provoquée la mise en place de mesures d’austérité dans la plupart des pays de la zone euro.
Le souvenir reste douloureux pour les Grecs, dont la dette astronomique de leur pays a ébranlée les banques qui ont du être sauvées de justesse par les membres de l’Union européenne (UE) en contrepartie de mesures d’austérité draconiennes : coupes dans les services publics et rehaussement des impôts. C’est maintenant la République de Chypre, pays qui occupe une partie de l’Île du même nom dans la mer Méditerranée, qui goûte avec amertume à la crise. Sa population d’environ 850 000 habitants (comparable à celle de la région métropolitaine de la ville de Québec) connaîtra bientôt les mesures d’austérité qui ont été âprement négociées avec les différentes instances européennes, en échange de l’aide. Déjà en 2012, le petit pays insulaire, membre de l’Union européenne, a lancé un appel à l’aide aux autres membres de l’Union : ses banques font partie des créditeurs de la Grèce qui ont vu leurs avoirs fondre après l’instauration du plan de sauvetage de l’Union européenne. Au bord de la banqueroute, les banques nécessitent maintenant une aide d’urgence de l’UE, sans quoi elles risqueraient d’entraîner ses voisines, toutes liées par la monnaie unique (l’Euro), dans une nouvelle crise. Or cette aide ne sera pas donnée sans une réforme majeure du système bancaire très critiqué de Chypre.
En effet, le petit État, bien que pays membre de l’Union européenne, est souvent considéré comme un paradis fiscal, principalement à cause de son faible taux d’imposition. Le secteur bancaire fleurissant du pays a ainsi été le bas de laine des oligarques russes notamment, qui placent leur argent dans l’Île pour échapper à l’impôt de leur pays d’origine. Dans un contexte d’Union économique et monétaire existant en Europe, l’existence d’un tel paradis fiscal paraît comme une aberration que l’UE entend bien corriger. La Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI), trois institutions surnommées « la Troïka » par les médias européens, négocient l’octroi de cette aide colossale : 17 milliards d’euros.
La solution envisagée : taxer les capitaux faramineux qui dorment dans les banques chypriotes. Les pays de l’Union européenne, qui ne désirent pas voler au secours des fortunes russes, privilégient l’idée d’instaurer une taxe spéciale sur les avoirs de 100 000 euros et plus stockés dans le pays. Solution qui a été rejetée par les Chypriotes, par crainte d’un exode massif des avoirs détenus par les fortunes étrangères (40% des dépôts détenus au pays). L’Europe et Chypre devront reprendre les discussions, qui risquent de provoquer de nouvelles incertitudes pour les marchés, qui craignent une impasse néfaste pour les banques chypriotes. En attendant, tous les transferts de fonds en provenance de l’Île sont bloqués, et les banques demeurent fermées pour éviter la sortie massive des capitaux avant qu’ils ne soient taxés.
Boris Proulx, à Paris
Twitter : @borisproulx.com