Comme le Parti québécois, Québec Solidaire ( QS ) est un parti séparatiste. Toutefois, leur démarche d’ascension à un nouveau pays est divergente. Alors que les décisions au PQ sont l’affaire d’une élite, accuse Amir Khadir, député de QS dans Mercier, celles de QS veulent inclure une forte participation populaire. M. Khadir est venu expliquer cette « clé de voûte » de la séparation ( son expression ), au travers de ses tirades collectivistes et anticapitalistes, lors d’une conférence le 27 mars dernier.
«On dit souvent que la Révolution tranquille a débuté en 1960, rappelle M. Khadir. Or, les politiques adoptées par Jean Lesage et Daniel Johnson n’étaient qu’une réponse partielle à ce qui bouillonnait bien avant. » Il cite en exemple les luttes pour les droits sociaux, les luttes syndicales et ouvrières. « Ces gens ont fait de la prison et ont vécu l’oppression, mais ils se sont tenus debout. Ils sont aussi à l’origine du réveil du peuple québécois, qui s’est rendu compte que son avenir ne serait pas sous un pouvoir fédéral étranger. »
« Toutefois, les tentatives de se séparer jusqu’à présent ont été un échec, poursuit-il. En 1980 et en 1995, c’est comme si le PQ avait demandé un chèque en blanc à la population, sur une question alambiquée, afin que les décisions importantes soient prises après le référendum. On croyait que la séparation était avant tout une question identitaire ; c’est ignorer la réalité historique. »
Les bienfaits de l’assemblée constituante
« Dès la Déclaration du Bas-Canada des Patriotes en 1838, on affirmait qu’on choisirait des délégués pour écrire une constitution pouvant être modifiée selon la volonté du peuple, pas selon celle des élites », ajoute-t-il. Ainsi naissait l’idée d’assemblée constituante au Québec, la clé d’un futur pays.
« Dans les années 60, trois États généraux ont discuté du dispositif des consultations populaires. Ce sont les mêmes assises que celles des Patriotes, soutient M. Khadir. Les députés sont élus pour agir selon le cadre constitutionnel existant, pas pour le modifier. Pour le faire, il faut demander au peuple par référendum. »
« Le peuple du Québec a toujours vécu sous domination étrangère ; jamais on ne lui a demandé son avis sur la gouvernance, le droit, les impôts, etc. », dit M. Khadir. Lors du processus de 1995, Jacques Parizeau avait bien organisé une commission itinérante, mais son idée est qu’elle s’occuperait de points bien précis : « Doit-on avoir une armée ? Doit-on garder la monnaie canadienne ? Comment se partagera-t-on la dette ? Toutefois, les gens ont débattu de tellement plus car ils voulaient discuter de leur futur pays. On voulait aller au-delà du chèque en blanc demandé. »
Il a donné l’exemple du Venezuela pour montrer le succès des assemblées constituantes. Hugo Chavez l’avait délégué afin de peut-être apporter les changements qu’il voulait au pays. Il a statué que le pétrole et les ressources faisaient partie du patrimoine collectif du pays. Ainsi, Chavez pouvait plaider l’appui populaire dans ses politiques. « Le seul vrai rapport de force quand un pays s’affirme, c’est la force du peuple », conclut-il.