Courtoisie : Wikimedia, Sven Unbehauen, Creative Commons

Une joute dangereuse dans la péninsule coréenne

Les provocations de la Corée du Nord s’accumulent. La peur : un petit incident qui déclencherait une réaction en chaîne, jusqu’à la guerre ouverte.

Jérémie Lebel

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Le 5 avril, la Corée du Nord a annoncé qu’elle ne pourrait pas garantir la sécurité des ambassades étrangères si un conflit éclatait. Le pays a également déplacé deux missiles Musudan vers une batterie située sur la côte. Ces missiles peuvent atteindre des cibles situées à 3000 km, soit assez pour frapper la Corée du Sud ou le Japon. Les États-Unis, qui entretiennent des troupes en Corée du Sud depuis la guerre de 1950, ont immédiatement déclaré que « toute action provocatrice supplémentaire serait regrettable ». En mars, la Corée du Nord avait menacé les États-Unis d’une attaque nucléaire préventive. Elle a aussi suspendu l’armistice qui avait mis fin à la guerre de Corée en 1953. En réponse, les États-Unis ont envoyé des bombardiers furtifs B-2 en Corée du Sud. Ils ont aussi annoncé qu’ils protègeraient leur base de Guam, dans le Pacifique, avec un système anti-missile THAAD. La Corée du Nord a aussi cessé de répondre à la ligne de communications établie avec le Sud.

Ce n’est pas la première fois que la Corée du Nord provoque la Corée du Sud. En 2003, le Nord avait suspendu l’armistice en réponse à des « gestes agressifs » des États-Unis. En 2009, il avait fait la même chose après que la Corée du Sud se soit jointe à un programme anti-prolifération nucléaire mené par les États-Unis. En 2010, la Corée du Nord avait bombardé un îlot sud-coréen, faisant 4 morts, et était accusée d’avoir coulé un navire militaire sud-coréen, tuant 46 marins. La Corée du Sud avait délibérément choisi de ne pas répondre aux attaques afin d’éviter un cycle de frappes et de représailles qui aurait pu entraîner une guerre. La nouvelle présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, a cependant promis que son pays répondrait fortement à toute provocation directe. L’armée sud-coréenne a déclaré que si elle était attaquée, elle répliquerait par la force et frapperait le leadership nord-coréen.

Pourquoi l’escalade de provocations actuelle ? Plusieurs réponses existent. D’abord, la Corée du Nord entend par ses menaces répliquer à des sanctions sévères imposées par le Conseil de sécurité des Nations Unies en février suite à des essais nucléaires interdits. Sur le plan de la politique intérieure, il est possible que le jeune leader nord-coréen, Kim Jong-un, essaie d’accroître son emprise sur son pays en démontrant sa force face à l’ennemi au sud et à son allié américain. Le régime nord-coréen maintient un état de fermeture de l’information sans pareil ailleurs dans le monde et entretient un discours officiel extrêmement virulent à l’égard des États-Unis. Personne ne sait, ni ne peut savoir, si la situation va se calmer ou dégénérer. Une guerre serait dommageable pour tous : le Nord perdrait à coup sûr, le Sud subirait des dommages importants, la Chine recevrait un afflux soudain de réfugiés, les forces américaines subiraient des pertes. Le Japon pourrait aussi être entraîné dans le conflit. Le régime nord-coréen lui-même courrait à sa perte. La grande peur des forces en présence consiste non pas en une attaque conventionnelle massive, mais plutôt en un incident du genre de l’attaque de 2010 qui déclencherait une escalade des moyens de représailles.

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