Souvent vue comme l’achat d’une vie, une maison n’est plus ce qu’elle était. Malgré l’effondrement du marché immobilier en 2008 aux États-Unis, celui au Canada semble encore se maintenir à des niveaux très élevés. Un récent sondage de la firme Pollara montre des chiffres qui porteraient à croire que le rêve de propriété sera impossible pour la génération Y ( née après 1980 ).
Pierre-Guy Veer
En effet, selon ce sondage, la majorité des gens estiment qu’ils devront payer 300 000 $ pour leur première maison avec une mise de fonds de 48 000 $. Toutefois, ces prix ralentissent les ardeurs de plusieurs ; 63 % ont ralenti leur train de vie pour se permettre l’achat d’une maison et 59 % ont carrément retardé l’achat à cause des prix.
Au Québec, selon la Fédération des chambres immobilières, le prix moyen provincial d’une maison est de 255 700 $ et celui d’un condo, de 255 400 $. Dans la région métropolitaine de Québec, ces prix étaient respectivement 264 700 $ et de 230 000 $. Dans le cas des condos, le Conference Board ( CB ) croit que leurs prix continueront d’augmenter parce que les 55 ans et plus, de même que les premiers acheteurs, se tournent vers les copropriétés à cause de leur prix plus bas.
À la lumière de tous ces chiffres, est-ce donc dire que les 30 ans et moins auront peu d’espoir de pouvoir devenir propriétaires et devront se limiter aux appartements ?
Une bulle sur le point d’éclater
Peut-être pas. Malgré les prédictions du CB, plusieurs économistes estiment que le marché immobilier est présentement dans une bulle, comme aux États-Unis avant 2008. Et dans les deux cas, on peut blâmer la réglementation, notamment l’assurance prêt hypothécaire de la SCHL, qui permet de devenir propriétaire avec seulement une mise de fonds de 5 % de la valeur de l’achat – le sondage en intro révélait plutôt une volonté de mise de fonds de 16 %. Il ne faut évidemment pas négliger une décennie de taux d’intérêts ridiculement bas, ce qui rentabilise plusieurs projets qui ne le seraient pas à taux plus élevés. Ainsi, les gens sont fortement incités à la propriété, ce qui peut les pousser, selon les conseils de la SCHL, à s’endetter jusqu’à 32 % de leur salaire brut en frais de toutes sortes ( services publics, frais de copropriété, remboursement de l’hypothèque, etc. )
D’ailleurs, cet enthousiasme passé pour l’immobilier ( toutes catégories confondues ) s’est reflété sur la construction. Résultat : selon l’analyste David Descoteaux, il y a plus de condos et de maisons à vendre à Montréal qu’à Toronto et à Vancouver réunis ensemble ! Aux États-Unis, cette bulle éclatera un jour ou l’autre, et l’économie déprimera encore plus.
Par contre, ce sera une bonne nouvelle pour les personnes qui auront toujours un emploi. Elles auront ainsi l’embarras du choix pour leur nouvelle propriété, de même que le gros bout du bâton pour la négociation du prix, comme au début des années 80. Alors Y, ne perdez pas espoir !