En campagne, par une belle nuit dégagée, vous pouvez observer une traînée laiteuse traverser le ciel d’un bout à l’autre. Plusieurs légendes tirées de la mythologie avaient pour but d’expliquer cette lueur diffuse dans le ciel nocturne. La plus connue d’entre elles raconte que le jeune Hercule aurait pressé trop fort le sein d’Héra, la soeur et femme de Zeus (roi des dieux grecs de l’Olympe), ce qui en aurait fait jaillir le lait. Le liquide se serait ensuite répandu sur la voûte céleste pour former la Voie lactée. Aujourd’hui, nous savons que cette traînée est en fait une partie du disque de notre galaxie, composée de milliards d’étoiles.
Bien que nous puissions aisément étudier les galaxies de notre Univers à l’aide des télescopes modernes, il est difficile, pour les astronomes, d’étudier la Voie lactée, la galaxie hôte de la Terre, parce que nous en faisons justement partie. C’est comme si on essayait de connaître le style et la couleur d’une maison dans laquelle on se trouve en regardant par la fenêtre. Ainsi, il n’est pas facile de déterminer la morphologie de notre galaxie parce que nous ne pouvons pas prendre une photo de l’ensemble de celle-ci comme nous pouvons le faire pour la galaxie M101, par exemple.
Jusqu’à tout récemment, les astronomes s’entendaient pour dire que notre galaxie, une spirale barrée, se compose d’environ 100 à 200 milliards d’étoiles réparties non uniformément sur un disque de 130 000 années-lumière de diamètre et de quelques centaines d’années-lumière d’épaisseur. La Terre, quant à elle, est située à
28 000 années-lumière du centre de notre galaxie, autour duquel elle orbite à 810 000 km/h.
Il y a quelques semaines, les conclusions d’une étude présentée à la convention de l’American Astronomical Society à Long Beach en Californie sont venues changer la vision que nous avions de la Voie lactée. Cette étude, menée par Mark Reid du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics de Cambridge, vise à cartographier de nouveau la Galaxie tout en mesurant par triangulation, une méthode géométrique indépendante de la luminosité des étoiles, la distance et le mouvement des régions de formations stellaires. Les données nécessaires à cette étude ont été obtenues à l’aide des dix radiotélescopes du VLBA (Very Long Baseline Array) situés entre Hawaï et la Nouvelle-Angleterre ainsi que dans les Caraïbes.
Selon leurs résultats, la Voie lactée serait bel et bien une spirale barrée, mais elle tournerait plus vite et serait plus massive que nous ne le pensions. Ainsi, la vitesse de rotation de la Terre autour du centre de la galaxie serait d’environ 970 000 km/h, soit
160 000 km/h de plus que l’estimation précédente. Cette nouvelle valeur de vitesse entraîne avec elle une augmentation de 50% de la masse de la Galaxie ainsi qu’un accroissement de sa force d’attraction. Cela nous met à égalité avec la galaxie d’Andromède, la plus proche voisine spirale de la Voie lactée, et augmente les risques de collision avec celle-ci, mais, soyez rassurés, pas avant quelques milliards d’années!