C’est le 21 avril dernier que Sébastien Thériault nous a rendu visite, aux bureaux d’ Impact Campus, pour nous présenter son projet de piste cyclable sur le Boulevard René-Lévesque.

Une autoroute cycliste sur le boulevard René-Lévesque

C’est le 21 avril dernier que Sébastien Thériault nous a rendu visite, aux bureaux d’ Impact Campus, pour nous présenter son projet de piste cyclable sur le Boulevard René-Lévesque. Ce projet, qui se veut pratiquement une « autoroute cycliste », relierait la Cité Universitaire à la colline parlementaire, et ce, en ligne droite.

Jérôme Boucher
Chef de pupitre actualités
@JeromeLBoucher

Courtoisie : Wikimedia, Creative Commons
Courtoisie : Wikimedia, Creative Commons

«Ça fait déjà quelques années que je cogite l’idée», nous dit d’emblée M. Thériault, visiblement passionné par son projet. De fait, l’idée a gagné en importance lorsque le 2 mars 2009, une pétition de 2 200 noms a été déposée à l’Hôtel de Ville de Québec pour une piste cyclable sur le Boulevard René-Lévesque.

«En septembre 2008, une étude avait été faite pour dénombrer les cyclistes qui passent par René-Lévesque. Entre 7 h et 9 h, on a calculé qu’il y passait, en moyenne, 1 600 cyclistes chaque jour. C’est énorme. Et actuellement, ces cyclistes n’ont qu’une bande d’environ un pied de large pour circuler. Ce n’est pas assez, ça provoque des risques d’incident», précise M. Thériault. « Quant au trajet de Père-Marquette, il est 3 km plus long que celui que je veux présenter. Si les gens avaient une belle ligne droite pour se rendre à la colline parlementaire ou à la Cité Universitaire, ce nombre de 1 600 cyclistes serait décuplé ».

Sauf que les coûts d’élargissement du Boulevard René-Lévesque seraient astronomiques, en plus de provoquer des expropriations. M. Thériault a donc concocté 5 idées qu’il présentera bientôt au Conseil de Ville de Québec, dont deux qu’il préfère grandement aux trois autres.

« Il faut que tout le monde y gagne, bien sûr. Les cyclistes, les automobilistes, les commerçants, les résidents : tout le monde doit y tirer quelque chose. Mon idée première – celle que je préfère – serait donc de faire trois voies pour les voitures, chacune de 11 pieds et 6 pouces de large. La voie du centre suivrait le traffic ( vers la colline parlementaire le matin, vers la Cité Universitaire le soir ). De chaque côté de la chaussée, il y aurait 2 voies cyclables de 7 pieds et 6 pouces de large. Ces deux voies cyclables seraient ouvertes tout l’été et deviendraient des stationnements pour voiture l’hiver », décrit passionnément M. Thériault.

« Il y aurait des obstacles physiques pour délimiter les voies cyclables », précise M. Thériault. « Il faut absolument que ce soit sécuritaire pour tout le monde et que les automobilistes comme les cyclistes y gagnent dans ce projet », renchérit M. Thériault, qui insiste pour décrire son projet comme essentiel. « Vous imaginez les revenus pour les commerçants? Au nombre de cyclistes qui passeraient par René-Lévesque, c’est une manne non négligeable ». M. Thériault rappelle d’ailleurs que l’Association des commerçants du quartier Montcalm s’est déjà montrée plus qu’intéressée à attirer des étudiants de l’Université Laval chez elle. « Je pense qu’on a une solution ! », déclare M. Thériault en éclatant de rire. «Qui plus est, pour revenir sur le sujet de la sécurité, je propose une zone de vitesse maximale de 40 km/h entre Bourlamaque et Salaberry avec des feux de circulation synchronisés. Ironiquement, et il faut bien l’expliquer, ce n’est pas la vitesse maximale qui retarde les gens mais souvent le fait que les feux de circulation ne sont pas synchronisés».

La Ville de Québec est en consultation depuis 3 ans sur la faisabilité d’une piste cyclable sur le Boulevard René-Lévesque. L’idée de M. Thériault, cogitée depuis longtemps, serait pour lui la plus rentable et la plus logique

pour tous.

«Personnellement, je suis tanné d’entendre parler de gué-guerres entre automobilistes et cyclistes. On a un territoire vaste, à Québec. L’urbanisme a été conçu comme ça. Donc pour plusieurs personnes, la voiture demeure essentielle et c’est très facile à comprendre. Ceci dit, il faut trouver un moyen de légitimiser la présence des cyclistes qui sont souvent vus comme une nuisance. Tant qu’on mettra pas de l’avant des projets comme ça et tant que les cyclistes et les automobilistes se pileront sur les pieds mutuellement, c’est certain que les gué-guerres idiotes vont continuer. Et puisque les cyclistes n’émettent pas un seul gaz à effet de serre, on a pas le moyen de se passer d’eux, pour ainsi dire», précise M. Thériault, lui-même cycliste.

Si le Boulevard René-Lévesque est prioritaire pour le penseur du projet, il n’est que le premier projet, selon M. Thériault. «J’aimerais voir des pistes cyclables comme celle-ci voir le jour sur le Chemin Ste-Foy et dans la basse-ville aussi. Avec la population qui augmente et le parc automobile qui augmente au même rythme, il faut vraiment trouver des moyens d’éviter une surabondance de la voiture. Pas juste à cause des gaz à effet de serre, mais surtout à cause du trafic que ça représente. On perd tous notre temps, dans le traffic. Et ça coûte extrêmement cher à la société sur toute une année. Des milliards». Lorsqu’on lui demande si on peut penser à de grandes économies d’échelle dans l’État avec des pistes cyclables accessibles, M. Thériault laisse tomber les bras en signe d’évidence. « Bien entendu! On importe pour des milliards en pétrole chaque année, au Québec. On perd tous notre temps dans le trafic. On perd beaucoup de temps de productivité à cause des bouchons de circulation. C’est pas juste une idée de beatnik ! », lâche M. Thériault en éclatant de rire à nouveau.

Quant aux stationnements retirés suite à l’érection de ce projet, M. Thériault se fait rassurant. « 80 % des gens ont leur stationnement à l’arrière de leur immeuble, sur René-Lévesque, et plusieurs d’entre eux utilisent les stationnements sur le Boulevard simplement parce qu’il est à côté de la porte. Il y a beaucoup de stationnements résidentiels vides dans les rues qui bordent René-Lévesque. Quant aux commerçants, je vous garantis que plus de 1 600 cyclistes qui passent devant votre commerce est beaucoup plus payant qu’une voiture qui passe sa journée devant celui-ci ».

M. Thériault répète aussi que ce projet est beaucoup moins cher qu’un tramway. « C’est bien beau, un tramway. Mais c’est très dispendieux. On a déjà un très bon système d’autobus. Avant d’injecter des milliards sur un tramway qui ne passerait même pas au bon endroit ( sur Charest ), rendons accessible les routes aux cyclistes. Je crois que ce serait beaucoup plus efficace et convivial qu’un tramway qui demande d’énormes infrastructures ».

D’ailleurs, M. Thériault ne cache pas son envie de faire de la politique municipale sous peu. «Je veux en faire, c’est certain. J’aime ma ville et j’ai des objectifs très précis. Mais je dois être clair: je vais me joindre au parti qui sera derrière mon projet», dit-il en tapotant le plan de la piste cyclable de l’index.

Pour plus d’informations sur le projet, rendez-vous sur la page Facebook du Mouvement pour une bande cyclable sur René-Lévesque. Vous pourrez y trouver une pétition en ligne pour appuyer le projet et y émettre des commentaires. Si vous voulez une affiche pour encourager le projet, vous pouvez en faire la demande au courriel suivant: bandecyclablesurrenelevesque@yahoo.com.

Il est aussi à noter que jeudi, le 9 mai 2013, il y aura un 5 à 7 sur le dévoilement du projet. L’évènement se tiendra à la Ninkasi du Faubourg au 811, rue Saint-Jean. Il y aura des prix de présence ainsi que de la musique pour rendre cette soirée festive.

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