150 emplois menacés : L’UL à couteaux tirés avec Blais

Le bras de fer entre l’Université Laval et François Blais continue. L’UL se dit forcée de couper « l’équivalent de plus de 150 employés », après que le ministre François Blais a refusé un plan financier « basé sur l’utilisation de bonnes pratiques comptables ». Certains syndicats de l’institution déplorent une personnalisation du conflit.

« Ça nous tombe comme une brique sur la tête ! », s’exclame Éric Bauce, vice-recteur exécutif de l’Université Laval (UL). C’est « contre toute attente » que l’UL a reçu mardi 2 juin « une fin de non-recevoir » de la part du ministre François Blais concernant un plan de 11 millions $ supposé contribuer à absorber les 58 millions $ de compressions imposés à l’institution.

Ce plan, « basé sur l’utilisation des bonnes pratiques comptables », visait à « payer les infrastructures avec les fonds d’infrastructures, et non avec les budgets avec lesquels on est supposé former les gens. » Cette pratique, qui vise à réintégrer certaines dépenses d’immobilisation dans le budget d’investissement, se fait déjà dans d’autres organismes publics, tels les musées.

« On avait trouvé un ensemble de solutions pour limiter les impacts des compressions sur notre mission universitaire », affirme M. Bauce. Alors que l’Université recevait des signaux positifs de la part du Conseil du Trésor notamment, le ministre Blais a refusé le plan de l’Université Laval, « sans aucune explication ». « Même le ministre précédent était d’accord », pointe le vice-recteur exécutif. Pour lui, le ministre de l’Éducation a clairement apposé son veto, et force ainsi l’Université « à prendre des salaires pour payer des réparations de parking ».

Personnalisation du conflit ?

Alors que la situation s’envenime depuis quelques semaines entre l’UL et le ministre Blais, il ne s’agit aucunement d’une guerre de personnalités selon M. Bauce : « Je ne suis en guerre avec personne. Je dis qu’il y a une décision que je ne peux pas accepter. […] Cela met à risque au moins 150 personnes. C’est mon devoir de le dénoncer. »

Puma Freytag, président du Syndicat des chargé(e) s de cours (SCCCUL), dénonce quant à lui une « personnalisation des relations » entre l’UL et François Blais. « Je trouve cela délicat de s’attaquer aux personnes. On est en train de ternir l’image de l’Université Laval », déplore-t-il.

M. Freytag s’étonne de la virulence de la sortie de M. Bauce qui, selon lui, n’a pas tant dénoncé les précédentes coupures insufflées à l’institution universitaire : « Sous Marois, ils déchiraient leur chemise. On parlait alors de sous-financement. Là, depuis qu’il y a un gouvernement libéral, on ne parle plus de cela. » Pour le président du SCCCUL, l’UL devrait « avoir une position courageuse et politique et dire tout cela [l’ensemble des compressions] est inacceptable. »

M. Bauce se défend : « Je ne dénonce ni plus ni moins ce qu’il se passe actuellement. Je pense que l’enseignement supérieur est essentiel pour notre société, et je vais continuer à défendre mon institution ».

Auteur / autrice

  • Margaud Castadère-Ayçoberry

    Derrière ce nom imprononçable aux accents d’outre-Atlantique, cette bordelaise rêve d’ici et d’ailleurs. Récemment graduée en journalisme international, elle poursuit une maîtrise en relations internationales. Journaliste active et enjouée, elle est constamment en quête de nouveaux sujets. Friande d’actualités, elle est aussi à l’aise dans une salle de rédaction, dans un studio de radio, ou à une terrasse de café. Malgré sa petite taille, elle sait se faire entendre et avec elle… le monde bouge !

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