Le caricaturiste du Devoir, Garnotte, récidive avec sa revue de l’année 2014. Contenant plus d’une centaine de caricatures, L’Annuel Garnotte 2014 nous fait revivre les grands moments de la politique par l’entremise de dessins à la fois drôles et cinglants.
Dès la couverture, on voit une tendance s’amorcer : les trois médecins du Parti libéral du Québec vont y goûter. Avec la Charte des valeurs québécoises, le sujet des coupures orchestrées par Gaëtan Barrette, Yves Bolduc et Philippe Couillard est en effet assez récurrent. Pour Garnotte, si ces trois politiciens reviennent aussi souvent, c’est de par leur tendance à se mettre les pieds dans les plats.
« Ils ont fait de belles grosses gaffes. Prends juste Bolduc, quand il s’en va dire : “Y’a bien assez de livres dans les bibliothèques scolaires.” Tu ne peux pas dire ça quand tu es ministre de l’Éducation. […] C’est un gaffeur né », tranche le caricaturiste.
De même, le discours libéral, pour Garnotte, les rend faciles à critiquer. « C’est facile de les caricaturer parce qu’ils n’ont pas annoncé leurs politiques. Ils ont été élus avec un discours, et le lendemain, pas deux ans plus tard, le lendemain ! ils disent : “Là maintenant il va falloir couper”. Ils dénonçaient les compressions de Marois, mais là il en font encore plus », explique-t-il.
On note aussi une présence récurrente de Gérald Tremblay, souvent en marge d’une caricature pour remettre les événements en contexte, y allant d’un « Eh ben ! Je n’étais pas au courant » toujours bien senti.
Plus que de l’opinion
Si, par la caricature, Garnotte expose son opinion sur divers sujets qui ont marqué la dernière année, selon lui, faire passer ses idées n’est pas la finalité de la caricature. « Le but de la caricature c’est de faire sourire et de faire rire. Aussi, de faire réfléchir. Moi mes idées, mon opinion sur un sujet, elle vaut l’opinion de n’importe qui. Si je suis capable de passer mon opinion, mais avec quelque chose d’humoristique, en montrant les contradictions dans le discours politique de quelqu’un, là je calcule que j’ai donné un plus à mon opinion », définit le caricaturiste.
En fait, ce qu’il cherche à faire, c’est souligner les contradictions dans le discours des politiciens. Les meilleures cibles pour ses caricatures sont ainsi les figures publiques qui font preuve d’incohérence. « Je vais essayer de voir la contradiction. Par exemple avec la Charte, ce que je trouvais étonnant dans la proposition du ministre Drainville, c’est que quand venait le temps d’enlever le crucifix de l’Assemblée nationale, ça devenait du patrimoine. […] C’était une contradiction motivée par des visées électoralistes, démontre Garnotte. Ça donne le droit au caricaturiste de les épingler », ajoute-t-il.
Quelques sujets omis
Si Garnotte s’en tient souvent à ce qui marque l’actualité du jour, ce n’est néanmoins pas toujours le sujet le plus populaire qui se mérite une caricature. Ainsi, nulle part dans sa revue de l’année le caricaturiste ne dépeint Guy Turcotte ou Luka Rocco Magnotta, malgré l’omniprésence de ceux-ci dans les médias. « Je suis dans un journal qui ne fait pas beaucoup de faits divers. Il y a des journaux qui vont beaucoup y aller avec les faits divers et qui vont utiliser l’émotion de révolte de la population face à un dérangé qui a fait un assassinat sordide. Je trouve qu’il n’y a pas de fond politique là-dedans. Il n’y a pas grand-chose à critiquer là-dedans », exprime-t-il.
Dans le même ordre d’idée, pour le caricaturiste, certains sujets sont plus difficiles à aborder, de par la nature sensible, voire taboue d’événements comme l’épidémie d’Ebola ou la montée de l’État islamique. Néanmoins, Garnotte a réussi à aborder les deux sujets avec ce qu’il nomme une « entourloupette », soit de détourner un sujet pour faire sourire.
L’Annuel Garnotte 2014 est disponible, comme le dit Garnotte, « dans toutes les bonnes librairies, sauf Renaud-Bray ».