Il y a un peu plus d’une semaine, La Presse révélait des informations préoccupantes à propos des entreprises de services à franchise. Plus accessibles, ces modèles clé-en-main de compagnies sont, pour plusieurs étudiants, un tremplin vers le monde des affaires. Toutefois, pour d’autres, de graves problèmes financiers en découlent.
Trois jeunes hommes d’affaires s’étant impliqués dans ce genre d’entreprises ont accepté de se confier sous le couvert de l’anonymat à Impact Campus, des processus judiciaires étant toujours en cours. Ils sont unanimes: il existe des pièges à identifier avant d’accepter une telle offre.
Actuellement, dans le milieu des services résidentiels à Québec, la plupart des maisons-mères demandent jusqu’à 26 % des montants applicables sur les transactions effectuées chaque jour par un franchisé. « Ce sont des frais beaucoup trop élevés et injustes, s’indigne l’entrepreneur A. Cette année, j’ai fait 31 000 $ de revenus et je leur dois, au bout du compte, près de 19 000 $. C’est plus que la moitié de mon chiffre d’affaires. »
L’administration en place et les superviseurs, ceux que l’on appelle les coachs, ne réserveraient pas le même traitement à tous les franchisés selon l’entrepreneur B, qui quittera son poste d’ici la fin du mois de décembre pour des raisons financières. « Plus ça avance, plus tu te rends compte qu’ils ont une préférence envers ceux qui performent le mieux, exprime-t-il. Ils délaissent progressivement les autres, puisque c’est moins payant. »
Manque de soutien
Quelques conflits seraient en cours à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Des travailleurs à l’emploi de franchisés soutiennent avoir été sous-payés, au courant de l’été, la période faste des services résidentiels. « Le problème est qu’on nous demande de rémunérer nos gars au pourcentage des contrats et ce n’est pas toujours payant, admet l’entrepreneur C. On a ensuite des conflits sur le dos et il n’y a aucun soutien. »
Avec le temps, pour certains, les pertes s’accumulent et la faillite devient inévitable. En réaction à ces problèmes, quitter ce programme ne semble pas très facile, causant un stress aux proportions démesurées. « Je ne pense pas que ça ait sa place de faire vivre une telle expérience, parce qu’on ne peut plus s’en sortir, poursuit l’entrepreneur B, aux prises avec des dettes de plus de 10 000 $. Tu n’as pas toujours les moyens à cet âge et ce sont de grosses sommes. »
Également aux études, ces franchisés voient souvent leurs notes en ressentir des effets immédiats. « On se rend compte que l’on investit beaucoup plus de temps que ce que le contrat prévoit. Ça a un impact sur les études et les proches qui, eux aussi, nous aident à régler ces problèmes qu’on ne devrait jamais vivre », estime l’entrepreneur A.
Ce dernier, qui a déjà connu des entrepreneurs indépendants dans le cadre de ses fonctions, pense d’ailleurs se lancer à son compte. « C’est totalement différent. Si tu gères bien, tu n’auras jamais les problèmes que nous avons vécus », poursuit-il. Seul souci : la majorité des groupes de franchises ont des clauses contractuelles spécifiques. Celles-ci empêchent tout ancien travailleur de pénétrer le marché et d’engendrer de la compétition dans les années qui suivent son embauche.
Des solutions sur la table
Des dénonciations publiques commencent à émaner du milieu et pourraient l’amener à se transformer de plusieurs manières. D’abord, des frais d’activité moins gourmands devraient être une priorité selon les entrepreneurs rencontrés. « Je le referais à des charges de 10 à 12 %. Ce serait très fair, souligne l’entrepreneur B. Mais actuellement, ça n’a pas d’allure. »
À l’interne, au sein de plusieurs entreprises, des changements seraient en cours pour réduire les dépenses de franchises. L’alarme aurait été sonnée par les révélations rendues publiques la semaine dernière. « On commence à voir des lacunes, il faut revoir tous les chiffres de manière plus réaliste, en fonction de l’argent qu’on fait et des profits, et fournir plus d’accompagnement », explique l’entrepreneur A.
Une fois que ces modifications seront apportées, l’entrepreneur C souligne que l’expérience pourra véritablement être bénéfique pour un étudiant. « Puisqu’autrement, ça change quelqu’un, c’est une très belle implication et on en apprend beaucoup sur les affaires », assure-t-il, visiblement déçu des orientations actuelles de sa maison-mère.