Vibrer au son de l’alto

La professeure émérite à l’Université Laval, altiste et chef de cœur Chantal Masson-Bourque a su faire vibrer son public en offrant un concert haut en couleurs la semaine dernière avec Le son de l’alto, plus… Trois de ses collègues de la faculté de musique l’ont accompagnée pour l’occasion.

Le programme était divisé en deux parties composées de quatre morceaux. Le début de la soirée a été davantage marqué par la tristesse, la nostalgie, la mémoire, alors que la deuxième moitié faisait ressentir beaucoup plus de joie et d’espoir au public, le laissant avec le sourire.

La professeure et chambriste Karina Laliberté, qui a réalisé sa maîtrise d’alto en interprétation sous la direction de Mme Masson-Bourque, a fait résonner son instrument aux côtés de son ancienne directrice. De son côté, le Polonais Zbigniew Borowicz a accompagné ses collègues à la contrebasse pour plusieurs pièces. Enfin, le chef du département de piano à l’Université Laval, Arturo Nieto-Dorantes, reconnu dans son pays natal, le Mexique, comme étant le meilleur pianiste de sa génération, est monté sur scène le temps d’une pièce très touchante, réalisée en duo avec Chantal Masson-Bourque.

En mémoire de Sébastien

Le morceau le plus marquant de la soirée a sans contredit été Altitude maximale, pièce pour alto et piano créé en hommage au fils de Mme Masson-Bourque, Sébastien. Le jeune pilote est décédé à l’âge de 25 ans, le 16 mai 1998. Le titre vient d’un poème d’un autre aviateur, John Gillespie-Magee, décédé en plein vol en 1941. Il était alors âgé de 19 ans.

Selon Chantal Masson-Bourque, tant la musique que le propos du texte lui rappellent son fils. Le dernier vers du poème, « j’ai tendu la main et j’ai touché la face de Dieu », ressemble d’ailleurs étrangement à une phrase que son fils lui avait dite, un jour, en revenant d’un vol.

Quant à elle, la musique a été composée par un ancien collègue de Mme Masson-Bourque à la faculté de musique, Alain Gagnon. L’altiste raconte que ce dernier s’est mis spontanément au piano pour passer ses émotions après les funérailles de Sébastien. La mélodie passe de la tristesse, à la violence, jusqu’à perdre, au final, son caractère dramatique pour atteindre la sérénité.

Elle a travaillé l’œuvre, fait des arrangements pendant près d’un an avant de la présenter pour la première fois. « Ça m’a aidé à reconstruire ma relation avec mon fils. C’est ce qui fait la beauté de la musique, elle peut contenir la douleur et la souffrance », estime la professeure émérite. C’était la première fois depuis 2011 que l’altiste interprétait la composition. Elle raconte que, au cours d’une répétition, elle a de nouveau ressenti la présence de son fils à ses côtés, ce qui l’a beaucoup touchée.

« Pas de retraite pour les musiciens »

Maintenant à la retraite, Mme Masson-Bourque continue de jouer de son instrument plusieurs heures par jour. « Il n’y a pas de retraite pour les musiciens. On continue toujours de jouer », assure-t-elle. Elle se réserve d’ailleurs toujours un temps, une fois par an, pour présenter un spectacle, qu’elle prépare plusieurs mois d’avance. « Mes concerts doivent avoir un sens. J’y présente la vie qui m’entoure par le son. »

Dans sa démarche pour trouver son répertoire, elle cherche d’ailleurs toujours à intégrer l’actualité. La semaine dernière, le spectacle proposait des pièces provenant de compositeurs de huit nationalités différentes, en lien avec la mondialisation. L’altiste choisit également des pièces qui la touchent que ce soit à cause de leur histoire, des souvenirs qu’elles provoquent ou des anecdotes les entourant. « La musique est chargée de rencontres, d’évènements de personnes. Chaque musicien aborde donc une œuvre différemment, selon son vécu et ce que l’œuvre représente pour lui », estime-t-elle.

Jeudis musico-poétiques

Mme Masson-Bourque invite le public à assister au prochain jeudi musico-poétique le 17 novembre à 16 h 30 à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques Casault. C’est elle qui est en charge du côté musical du spectacle, alors que les étudiants lui envoient les pièces qu’ils désirent présenter et qu’elle en choisit l’ordre. La professeure de théâtre Denyse Noreau est quant à elle chargée du côté poétique du spectacle.

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