La journée du 6 décembre en est une de commémoration. Une journée où on se souvient, où on pleure, où on écoute et où on se serre les coudes. Aujourd’hui est à se refuser à la violence envers les femmes, à brandir son féminisme parce que c’est toujours nécessaire et d’actualité.
C’est une journée où on ramène à nos mémoires les vies des 14 femmes tuées lors du féminicide de la Polytechnique de 1989 :
Geneviève Bergeron (née en 1968, 21 ans), étudiante en génie mécanique.
Hélène Colgan (née en 1966, 23 ans), étudiante en génie mécanique.
Nathalie Croteau (née en 1966, 23 ans), étudiante en génie mécanique.
Barbara Daigneault (née en 1967, 22 ans), étudiante en génie mécanique.
Anne-Marie Edward (née en 1968, 21 ans), étudiante en génie chimique.
Maud Haviernick (née en 1960, 29 ans), étudiante en génie métallurgique.
Barbara Klucznik-Widajewicz (née en 1958, 31 ans), étudiante en sciences infirmières (Université de Montréal).
Maryse Laganière (née en 1964, 25 ans), employée à la Polytechnique, service des finances.
Maryse Leclair (née en 1966, 23 ans), étudiante en génie métallurgique.
Anne-Marie Lemay (née en 1967, 22 ans), étudiante en génie mécanique.
Sonia Pelletier (née en 1961, 28 ans), étudiante en génie mécanique.
Michèle Richard (née en 1968, 21 ans), étudiante en génie métallurgique.
Annie St-Arneault (née en 1966, 23 ans), étudiante en génie mécanique.
Annie Turcotte (née en 1969, 20 ans), étudiante en génie métallurgique.
Et
Parole à Chantal Nadeau, qui écrit sa colère, sa douleur reliées à ces tragiques événements, avec Flashback 3. Le 6 décembre 1989. Neige. de son autofiction Les trouées.
Neigeait-il ce soir-là?
Je ne sais plus.
Mais peu importe : dans ma tête à moi, il neigeait.
Et il neigera toujours le 6 décembre.
Le blanc de la neige, le noir d’une nuit de décembre,
le rouge des gyrophares.
J’invente de blanc de la neige pour mieux étouffer
le rouge du bain de sang
qui coule dans ma tête toute de noir vêtue.
Toujours,
il neige.
Au milieu de nulle part
douze mois par année.
Et la neige avale
les corps qui crient,
slow death en direct.
La neige me tue
parce qu’elle est vraie.
Et chaque flocon touche le sol pour disparaître.
Une trace sans trace.
Le site de la polytechnique relève les différents hommages qui ont lieu en la mémoire de ces femmes.
À Québec, un rassemblement commémoratif non-mixte inclusif pour les féminicides aura lieu le 8 décembre à 17h30 au parc de l’Amérique française.
Poème : Chantal Nadeau, Hamac, Montréal, 2020, 120 pages
Photo : TVA Nouvelles