Le 9e Symposium étudiant sur la médecine familiale se déroulait ce samedi 23 septembre au pavillon Ferdinand-Vandry. L’événement organisé par la Faculté de médecine de l’Université Laval réunissait conférenciers, étudiants, enseignants et professionnels.
Ils sont plus de 500 à s’être déplacés pour l’occasion. Cette année, le thème général du rassemblement était Médecin de famille : l’humain au centre de la spécialité.
« Être médecin de famille, c’est une spécialité à part entière, explique le coordonnateur d’opérations au Département de médecine familiale et de médecine d’urgence de l’Université Laval, Michel Beauchamp. Il faut être humaniste, et surtout prendre soin de l’individu. »
L’étudiante en troisième année de médecine, Audrey-Kim Bellavance, est également présidente senior du Groupe d’intérêt en médecine familiale de l’Université Laval (GIMF-UL). Elle estime que le symposium est essentiel à la formation de sa cohorte.
« C’est l’occasion de découvrir les différentes facettes de notre métier, la médecine familiale, et ensuite d’avoir des ouvertures sur le milieu de la médecine au Québec. Le médecin de famille est un médecin, donc un professionnel, mais il ne faut pas oublier que c’est aussi un humain qui traite avec eux. »
Vulgariser la pratique
Pour attirer le grand public à une activité relativement spécialisée, des conférences de tous azimuts, mais aussi des ateliers pratiques, étaient organisés. L’animation était confiée à des agents externes, tel Jean-François Leclerc, qui introduisait les étudiants à la réalisation de points de suture.
« On leur enseigne les bases avec des modèles en synthétique pour augmenter le réalisme, dit-il. Puis, ils apprennent comment tenir les instruments et comment être capables de fermer les points de suture. C’est très ludique comme principe au final. »
Force est d’admettre que l’atelier a plu. Lauralee, en première année à l’Université Laval, dit apprécier « le côté très pratique de la chose ». « C’est super d’avoir de la pratique comme cela. C’est concret et c’est vraiment le fun », lance-t-elle.
Même son de cloche pour Leila, en troisième année de médecine à l’Université de Sherbrooke. « Je trouve ça sympa que l’on puisse faire quelque chose de pratique, indique-t-elle. Les animateurs expliquent bien et on voit qu’ils aiment leur travail. C’est assez encourageant. »
Diversité de contenus
Dans la salle suivante, une véritable mini salle d’opération s’est mise en place. Le but ? Réaliser une intubation afin d’aérer les poumons. Avec différents mannequins – dont le réalisme n’est plus à prouver – les apprentis médecins, très concentrés, s’entraînent à mettre un tube dans la bouche ou dans le nez, en faisant bien attention de ne pas toucher l’œsophage.
Venant de l’Université d’Ottawa, de Sherbrooke en passant par McGill, les étudiants ont également pu approfondir leur connaissance sur différents domaines de la médecine familiale grâce aux experts sur place.
« J’adore la variété des conférences, et c’est très intéressant de venir à un symposium aussi varié. Cela représente une opportunité de pratiquer et de parler sur des sujets que l’on ne connaissait pas comme la médecine en avion par exemple », raconte l’étudiante de l’Université de Sherbrooke, Sylvianne Duchesne, se disant adepte férue des symposiums.
La directrice du programme de résidence en médecine palliative à l’UL, Samir Azzaria, animait une conférence sur les soins palliatifs et l’aide médicale à mourir (voir encadré). Selon lui, il est appréciable d’avoir un événement comme celui-ci
« Le but, aujourd’hui, c’était de répondre aux questions des étudiants d’abord et avant tout, exprime-t-il. Je pense que c’est particulièrement important que les jeunes et futurs médecins s’intéressent à la médecine familiale. On doit leur donner l’idée que l’humain est au centre de notre travail. »
Une réussite
C’est au terme de l’après-midi que le 9e Symposium s’est clos dans un succès qui semblait unanime dans l’assistance. La coprésidente de l’événement, Katia Duquette, s’est dite très enthousiaste à la fermeture des portes, en fin de journée. « C’est un événement rassembleur, affirme-t-elle. Pour les étudiants, c’est important d’avoir le vrai pouls de la médecine avec les médecins de famille qui sont impliqués. »
Auteur des discours d’inauguration et de clôture, Guy Béland est directeur du département de médecine familiale à l’UL, mais également médecin de famille depuis plus de 40 ans. Il était tout sourire en répondant aux questions des médias.
« On est très fiers de cet événement. Il y a beaucoup d’enthousiasme. C’est un plaisir de transmettre aux étudiants notre passion, mais aussi nos valeurs qui animent la profession. Chaque fois que l’on a l’occasion d’aider le développement de la passion, c’est une victoire. » -Guy Béland
La tenue de la 10e édition du Symposium étudiant est déjà confirmée. Elle aura également lieu en septembre de l’année prochaine.
Comprendre l’aide médicale à mourir
Des dizaines d’étudiants intéressés s’étaient réunis en début d’après-midi afin d’assister à la conférence de Samir Azzaria dont le sujet était Soins palliatifs et l’aide médicale à mourir. « Ce n’est pas un sujet simple », prévient le médecin en soins palliatifs, dès le début de conférence.
Selon le site du ministère de la Santé et des services sociaux du Québec, l’aide médicale à mourir consiste concrètement en « l’administration de médicaments par un médecin à une personne en fin de vie, à sa demande, dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son décès ».
Le Larousse Médical le définit quant à lui comme un « ensemble des actions destinées à atténuer les symptômes d’une maladie dont, en particulier, la douleur qu’elle provoque, sans cependant la guérir ».
Travailler sur l’ambiguïté
« Chez des patients, des membres d’une famille ou des étudiants, la confusion peut-être là, poursuit M. Azzaria. Certains pensent que les soins palliatifs, c’est directement l’aide médicale à mourir, alors que ce n’est pas du tout le cas. »
D’après le site du gouvernement canadien, il y a deux catégories d’aide médicale à mourir offertes aux Canadiens. La première s’appelle l’aide à mourir médicalement assistée. Cela stipule que « le médecin ou l’infirmier praticien administre directement une substance qui provoque la mort, telle que par l’injection d’un médicament », peut-on lire sur la toile.
La seconde se nomme l’aide à mourir auto-administrée médicalement assistée. Elle implique que « le médecin ou l’infirmier praticien donne ou prescrit un médicament que la personne admissible prend elle-même, afin de provoquer sa propre mort ».
Pour Samir Azzaria, l’aide-médicale à mourir « demeure un soin qui est encadré par la loi depuis décembre 2015 qui permet aux gens répondant à certains critères d’avoir un décès de façon plus contrôlée contrairement à un décès qui surviendrait secondairement à la maladie ».
Phénomène grandissant
En mars dernier, Radio-Canada révélait que 461 personnes au pays ont obtenu l’aide médicale à mourir entre décembre 2015 et décembre 2016. En juin, ce même média annonçait que, dans la première moitié de l’année 2017, les demandes d’aide médicale à mourir ainsi que les décès en résultant avaient légèrement diminué de 4,1%.
Le 22 septembre, à la veille du symposium, une étude réalisée par la Fédération québécoise des sociétés d’Alzheimer, en collaboration avec la chercheure Gina Bravo de l’Université de Sherbrooke, a été publiée. Elle démontrait que, sur sur un échantillon de 300 aidants interrogés, 91% d’entre eux appuient l’idée d’étendre l’aide médicale à mourir « aux personnes qui sont inaptes et rendues au stade terminal, en détresse et surtout ayant énoncé des directives par écrit auparavant ».
« Les médecins de famille accompagnent les patients dans toutes les étapes de leur vie, conclut Samir Azzaria. Ce que les universités veulent faire, c’est que les futurs médecins connaissent les soins palliatifs et les droits des patients, et c’est très bien ainsi. »