Apathie dans une contrée nordique

La scène politique et les débats de sociétés semblent s’être englués dans l’apathie et la stagnation dans notre contrée nordique. Le paysage politique québécois et canadien a changé dans la dernière année, mais un avenir terne et dénué de vision nous est proposé. Un nouveau chef politique charismatique à Ottawa pour l’opposition. Le retour à Québec du traditionnel équilibre PLQ et PQ. Ces changements n’apportent pourtant rien de nouveau.

Au-delà de la crise économique qui s’achèvera peut-être dès le début de l’an prochain, de graves problèmes sont à nos portes. Certains problèmes locaux commencent déjà à faire sentir leurs effets, comme le vieillissement accéléré de la population, le décrochage scolaire massif, la décrépitude des infrastructures universitaires et le retour des sympathies religieuses. Sur la scène internationale, la rareté des combustibles fossiles risque de transformer l’équilibre politique et modifier les rapports économiques. Les partisans sérieux de la proximité du pic pétrolier se font de plus en plus nombreux. Résoudre ces problèmes ne semble pourtant pas être une priorité pour nos élites politiques.

Au Québec, l’opposition revient sur ses vieilles positions traditionnelles. La promotion de la souveraineté et le rapatriement de pouvoirs fédéraux semblent être des solutions miracles pour le parti québécois. L’opposition se fait la porte-parole d’un héritage social-démocrate désuet. Une illusion de social-démocratie où l’on peut lire les germes du protectionnisme et de l’isolationnisme entre les lignes. Le parti au pouvoir a certes quelques projets économiques intéressants, mais le débat de société est éclipsé. La santé et la souveraineté, les éternels piliers de la politique québécoise depuis les années 70, occupent tout l’espace public encore une fois.

Michael Ignatieff semble apporter peu dans la bataille politique qui se joue à Ottawa, si ce n’est son charisme. L’abandon du tournant vert et le retour à une vision centralisatrice du pouvoir fédéral ne sont pas des marques de changement. Le gouvernement conservateur, lui, navigue à contre-courant. Diriger par des idéaux conservateurs d’une autre époque, ses politiques font reculer le canada sur le plan social et environnemental.

La population, qui a déserté les urnes aux dernières élections, ne semble plus manifester son intérêt aux changements. La défense des rebelles sri-lankais ou l’appui aux terroristes du Proche-Orient attire parfois quelques zélés dans les rues, mais personne ne bouge pour les enjeux de société plus concrets. Le mouvement étudiant s’est bureaucratisé et est devenu incapable de mobiliser plus que quelques poignées de fidèles dévoués. Le mouvement féministe s’engage sur une pente descendante en appuyant un modèle d’intégration culturel qui est déjà décrié comme un échec dans plusieurs capitales européennes. Le mouvement environnementaliste, à qui l’on avait commencé à tendre l’oreille, s’époumone à faire la promotion de projets modeste, alors que la société devrait déjà être en chantier.

La vitalité politique semble éteinte à un moment où elle est nécessaire. Les enjeux sont nombreux, mais peu ont la volonté d’en débattre sur la place publique. La crise économique a ouvert la porte à une redéfinition du rôle de l’État chez nos voisins du sud. Plus que la question de l’interventionnisme, elle a remis de l’avant l’importance renouvelée du rôle de l’éducation, de la réhabilitation des sciences et d’une politique de rationalité. Le débat doit faire bouger les baby-boomers bercés dans leur confort et ancrés dans leurs revendications rétrogrades réclamant plus de CHUM et moins d’impôts.

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