La fin d’une année, la fin d’une époque

L’année qui se termine aura été remplie de rebondissements sur le plan économique. Les pénuries auront monopolisé l’attention en début d’année avec l’explosion des cours du pétrole et la crise alimentaire qui s’est généralisée. La crise financière aura ensuite atteint son zénith avec l’effondrement de géants du monde financier. Finalement, l’année se conclut sur un ralentissement global, l’emploi réel est affecté et des titans industriels comme General Motors sont sur le point de tomber.

Il semble que 2008 soit la fin d’une époque où les contraintes physiques ont rencontré l’ambition humaine. La croissance de l’économie mondiale aura rattrapé notre capacité à exploiter les ressources naturelles. Les États-Unis, ainsi que plusieurs autres économies occidentales, dopées par leur incroyable capacité à approvisionner les consommateurs au crédit, se seront fait prendre au piège. Les contraintes occasionnées par la croissance mondiale ont ralenti l’emploi et la consommation. Les institutions financières, privées d’une part importante de leur approvisionnement en liquidité ont implosé. L’engrenage du crédit facile s’est brisé. Fonctionnelles dans un climat de constante croissance, les pratiques bancaires douteuses ont révélé leur fragilité. Elles ont plongé le monde financier dans une spirale d’effondrements que même l’injection de milliers de milliards de dollars provenant des fonds publics peine à stopper.

La politique américaine marque la fin de cette année. Le président élu des États-Unis, Barack Obama, propose une nette coupure sur le plan économique avec l’administration précédente. Son désir de mettre un terme à la dépendance envers les dictatures pétrolières, le désir d’appliquer sa conscience environnementale et son ouverture à un interventionnisme beaucoup plus fort risque de modifier considérablement l’économie de son pays et d‘affecter le monde. L’Europe, isolée dans ses positions environnementales et dans sa vision d’une économie plus progressiste, ne sera peut-être plus seule. Cette fin de semaine, le président élu a démontré qu’il était cohérent avec la vision mise de l’avant dans sa campagne, en imposant ses conditions à la relance du secteur automobile. En s’adressant aux trois géants, Ford, GM et Chrysler, il a dit qu’ils devraient s’adapter aux nouvelles circonstances ou partir.

Les pays émergents sont aussi en bouleversement. Les populations ouvrières commencent à revendiquer, alors que l’inflation rapide et l’émergence d’un marché de consommateurs intérieur poussent les populations à demander de meilleures conditions de vie. Les salaires sont à la hausse et découragent les investisseurs, les prix élevés de l’énergie affectent leur capacité de production et l’augmentation des coûts du transport international isole leurs marchés. Malgré les apparences, la dépendance envers les économies développées est majeure. La Chine vient de le démontrer la semaine dernière en dévaluant son yuan dans le but avoué de gonfler ses exportations. Pourtant la communauté économique internationale l’avait déjà critiquée par rapport à la sous-évaluation de sa monnaie.

La prochaine année sera une année tempon. Selon la plupart des analystes économiques, la récession devrait se généraliser et atteindre un creux. Les pénuries et les contraintes démographiques seront moins perceptibles, car la demande sera moins élevée. Le calme avant la tempête. Quand le développement reprendra, ces problématiques referont surface avec plus d’ampleur que jamais. Dans les prochains mois, les États tenteront de redonner un souffle à leur économie, mais ils devront penser à l’avenir. Sortir de la crise est la préoccupation principale, mais préparer l’avenir est nécessaire. Les pays qui se mettent la tête dans le sable et refusent d’agir maintenant frapperont un mur.
 

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