Tout comme les chefs des autres partis politiques québécois, Mario Dumont reconnaît l’urgence d’investir dans l’éducation postsecondaire. Dans sa plateforme électorale de 2007, l’ADQ brandissait d’ailleurs le spectre de l’exode des cerveaux québécois vers les meilleures universités canadiennes et américaines. Allant plus loin que les 400 M$ reconnus comme nécessaires afin d’assurer la santé des universités et des cégeps, Mario Dumont se veut audacieux quant à la somme à réinvestir et aux moyens d’y arriver. «On reconnaît le problème du sous-financement depuis longtemps. Le volet du
sous-financement, c’est le volet du déséquilibre fiscal qui n’est pas réglé. Il l’a été sur plusieurs points. Celui qui n’a pas été réglé, c’est celui du financement de l’éducation post-secondaire. Il y a un milliard à aller chercher. Soixante pour cent de cette somme irait aux universités, le reste aux cégeps. C’est une bataille que le Québec doit mener», insiste Mario Dumont. Et si l’on refuse sur la colline à l’ouest de la rivière des Outaouais, l’argent devra être pris à même le budget québécois selon le chef adéquiste, sans toutefois spécifier si le montant serait le même. M. Dumont justifie son positionnement en matière de santé, pour guérir le malaise de l’éducation postsecondaire. «Si on veut faire une place au privé dans les domaine de la santé, c’est qu’on n’est plus d’accord que le budget réservé à la santé gruge la plus grosse partie des marges de manœuvres», fait valoir M. Dumont. Ce dernier croit que l’on peut refinancer l’éducation «en empêchant d’autres secteurs, surtout la santé, de cannibaliser toutes les marges de manœuvre du gouvernement».
Dégel… asymétrique?
Bien qu’il n’en soit pas l’initiateur, le dégel des frais de scolarité est appuyé par le chef de l’ADQ, qui mentionne qu’il ne faut plus revenir au gel. Par contre, cela doit être compensé par des bourses offertes aux étudiants qui en ont besoin. Au risque d’en faire sursauter plus d’un, le député de Rivière-du-Loup ne tourne pas le dos à la proposition de l’Institut économique de Montréal qui proposait, plus tôt cet automne, un dégel des frais de scolarité en fonction des coûts de formation. «Nous sommes prêts à regarder ça, dans le respect de la capacité de payer des étudiants. Faire une opposition idéologique à cela serait une erreur à ce moment-ci. Il faut avoir de bons critères. Il faut tenir compte des revenus espérés versus les coûts de formation. Je crois que dans le financement du gouvernement, on a créé des distorsions. Il y a des programmes qui sont contingentés qui n’auraient jamais dû l’être et il y a des programmes complètement ouverts, qui n’auraient peut-être pas dû l’être autant. Les motivations des universités étaient strictement des motivations de financement par tête de pipe. Le but est d’éviter les distorsions», explique-t-il.
Les pensions alimentaires exclues
Celui qui fut longtemps le seul chevalier de sa formation à l’Assemblée nationale risque d’attirer la sympathie de plusieurs parents-étudiants, en promettant d’exclure la pension alimentaire comme revenu admissible dans le calcul des prêts et bourses. De plus, le chef adéquiste s’engage à rééquilibrer et à indexer les montants accordés aux étudiants en fonction du coût de la vie. Les associations étudiantes et le gouvernement actuel, s’entendent sur le fait que la non-indexation a créé un manque à gagner de
71 M$ dans le compte en banque des étudiants. «Il y a un gel dans le système de prêts et bourses. Une fois que l’on aura fait le rattrapage, il faudra maintenir l’indexation pour ne pas recréer le même blocage», fait valoir
M. Dumont.
Autonomie et partenariats
Le projet de loi 107 sur la gouvernance des universités doit être étudié, selon le chef de l’ADQ. «On demande aux universités québécoises de compétitionner sur le marché nord-américain, avec les grandes universités du Nord-Est américain et avec les universités de l’Ontario. On ne peut pas leur mettre des menottes. Il faut leur laisser une latitude, un espace de travail. On ne peut pas faire payer tout le monde pour une malversation […] Il y a un équilibre à trouver sur la façon dont on nomme des représentants du milieu. Qu’il y ait plus de représentants indépendants, c’est souhaitable», dit-t-il. Un rapprochement des universités avec les entreprises est également souhaitable selon lui. Pour les programmes de coopération et de stage, mais aussi pour la coopération entre l’université et la collectivité : «L’université ne doit pas être influencée dans ses choix de recherche parce que ça fait l’affaire d’une compagnie, ou ne pas faire une recherche par ce que ça ne fait pas l’affaire. Il faut être capable de mettre des règles. Mais il y a de la place pour établir de bons partenariats. L’université doit vivre dans son milieu. Mais le travail intellectuel de l’université doit être au service de toute la collectivité sans être influencé par des intérêts particuliers. Ce n’est pas juste une question d’argent. C’est un juste équilibre. On ne veut pas des universités dont les orientations intellectuelles sont poussées par des compagnies. On ne veut pas non plus l’autre extrême, des universités qui vivent en vase clos».