Après la hausse du début des années 1990, le gouvernement péquiste de Jacques Parizeau avait de nouveau gelé les frais de scolarité à son arrivé au pouvoir en 1994. Lucien Bouchard avait avancé l’idée d’un dégel en 1996, mais la grogne étudiante fit reculer le gouvernement. Une année après le dégel imposé par Jean Charest, le consensus semble toujours difficile à trouver au sein de la formation souverainiste. «Nous avons eu un conseil national au mois de mars dernier où il fut largement question de l’éducation. C’est une proposition qui a été votée. Comme d’habitude au Parti québécois, les discussions ont été vives. Le compromis a été de geler les frais de scolarité à partir d’une élection du Parti québécois, jusqu’à la tenue d’un sommet pour l’éducation», explique Marie Malavoy.
Les propos de l’ancienne professeure du Département de service social de l’Université de Sherbrooke sont toutefois indiciaires. Notamment lorsqu’elle aborde le rôle partagé qu’ont les étudiants et le gouvernement à ce sujet : «Ce que nous souhaitons, c’est d’arriver à une contribution conjointe des étudiants et de l’État, pour que l’État ne vienne pas fouiller dans les poches des étudiants, en augmentant les contributions sans réinvestir. Nous voulons trouver une formule où l’État conserve son engagement. Toute la société doit payer pour l’éducation supérieure.» À son arrivée à la tête du parti, Pauline Marois, appuyée par les ténors du parti, dont François Legault, s’était montrée favorable au dégel pour pallier au problème de sous-financement des universités.
Des chiffres sans moyens
Ne voulant pas s’avancer sur la somme exacte qu’un gouvernement du Parti québécois s’engagerait à investir pour remettre les finances des universités à flot, Mme Malavoy reste prudente. «Il y aura un minimum de
400 M$ d’investi dans un premier mandat. Mais encore là, je ne peux avancer de chiffres précis. Ce qui est sûr, c’est que nous exprimons la volonté d’investir dans l’éducation supérieure, qui est le fer de lance d’une société», évoque celle qui fut aussi doyenne de la Faculté des lettres de l’université estrienne de 1988 à 1992. Quant à savoir d’où l’argent de ce réinvestissement sera puisé, l’ancienne député de Taillon est équivoque : «Dans le contexte actuel, on ne peut pas dire que l’on mise sur un développement économique annuel de 3%». À ce stade-ci de la campagne, il est donc impossible de savoir si les fonds nécessaires proviendront de nouvelles hausses de taxes, d’impôts ou d’une restructuration des revenus de la province.
Demandes étudiantes prises en compte
Longtemps, les différentes associations étudiantes du Québec ont claironné haut et fort que l’aide financière aux études (AFE) nécessitait une révision pour suivre la tendance de la hausse des prix à la consommation, notamment de la nourriture. Encore aujourd’hui, le ministère de l’Éducation évalue à sept dollars par jour les dépenses d’alimentation d’un étudiant et ne tient pas compte de l’augmentation des coûts pour le logement. À cet effet, le Parti québécois s’engage à indexer les montants accordés par l’AFE, en plus d’aller un peu plus loin : «Nous voulons l’indexation des prêts et bourses. C’est aussi essentiel d’enlever les pensions alimentaires du calcul des revenus. Car en réalité, ce ne sont pas des revenus, c’est pour les besoins de base des enfants. Elles ne devraient donc pas être calculées comme un revenu qui diminue l’aide financière pour les étudiants dans cette situation», prône celle qui a également occupé le poste de présidente de la formation souverainiste.
Le Parti québécois, dans l’éventualité d’un mandat à la tête du gouvernement, voudrait selon sa plate-forme, «offrir un soutien financier et stratégique à l’accueil des étudiants étrangers», surtout en région, en plus «d’outiller les universités afin qu’elle puissent attirer une masse critique d’étudiants internationaux» en coordonnant les activités de recrutement des universités avec les politiques d’intégration et d’immigration du Québec. En 2005-2006, le nombre d’étudiants étrangers dans les universités du Québec était de 21 000, soit environ 8% de l’effectif total.