Une lettre signée par 12 représentant.e.s d’association étudiante (voir la liste à la fin du présent article) dénonce la relation étroite entre la Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) et l’Union étudiante du Québec (UEQ), notamment lors du mouvement de grève pour la rémunération des stages.
L’histoire de l’UEQ à l’Université Laval ne laisse personne indifférent. Historiquement, l’association nationale a proposé à deux reprises, en 2015 et en 2017, de représenter les étudiant.e.s de Laval. Deux référendums, deux défaites pour l’UEQ.
Le dernier référendum, organisé à l’hiver 2017, fut laborieux. Un climat de tension recouvrait l’Université Laval durant les semaines référendaires et les attaques verbales entre les comités étaient fréquentes. Quelques semaines après le référendum de la CADEUL, l’AELIÉS avait même décidé d’annuler son propre référendum d’affiliation à l’UEQ considérant notamment l’ambiance à l’Université Laval à l’égard de cet enjeu.
Malgré ces deux rejets, les signataires de la lettre dénoncent les liens étroits qui demeurent entre la CADEUL et l’UEQ. «Si nous voulons aujourd’hui dénoncer publiquement la CADEUL, c’est parce que la lutte pour la rémunération des stages a démontré, une fois de plus, que la confédération se moque carrément de ses membres», écrivent les étudiant.e.s derrière la lettre.
La rémunération de tous les stages
Depuis quelques semaines, le mouvement pour la rémunération des stages est devenu l’enjeu majeur dans l’actualité estudiantine. Le 25 janvier 2019, après plusieurs heures de négociation, le caucus de la CADEUL a finalement adopté une position en faveur de la rémunération de tous les stages.
Dans cette lutte, nombreux sont ceux qui dénoncent la participation de la CADEUL à de nombreux événements organisés par l’UEQ et la FECQ, en oubliant malheureusement de participer aux actions des CUTE ou des associations locales. «Or, ce n’est pas aux actions du CUTE, l’organisation qui a mené une campagne pour qu’en date du 18 mars, 35 000 personnes soient en grève pour la rémunération de tous les stages, que la CADEUL participe, mais bien à celles de l’UEQ», soulèvent certains membres du caucus de la Confédération.
Les signataires soulignent le fait que la CADEUL était présente le 12 février ainsi que le 12 mars a des mobilisations organisées par l’UEQ, mais qu’elle était absente de la manifestation du 21 mars, planifiée par le CUTE-Québec.
La source du problème est la position de l’UEQ et de la FECQ dans le mouvement étudiant pour de meilleures conditions de stage. Les deux associations nationales militent plutôt en faveur de la compensation et de la rémunération des stages. À la CADEUL, il n’est pas question de compensation, selon la proposition adoptée en caucus.
«Le fait que le caucus ait voté une position pour la rémunération de tous les stages (et NON pour la compensation, terme qui inclurait bourses et salaires) ne pourrait pas être plus clair. Et nous voulons la rémunération de TOUS les stages, pas de hiérarchie à savoir qui mérite un salaire, une bourse ou rien du tout», écrivent le groupe d’étudiantes et d’étudiants.
Une vision différente à la CADEUL
La nouvelle présidente de la CADEUL, Laurence Vaillancourt, semble surprise par les déclarations de certains membres du caucus. Elle rétorque que son organisation participe à plusieurs mobilisations, autant avec l’UEQ qu’avec les CUTE. «Quand les associations étudiantes nous invitent, on y va lorsque c’est possible. On était présent à la manifestation du 9 février (organisée par les CUTE)», témoigne-t-elle en ajoutant qu’à la manifestation du 21 mars, la majorité des exécutants étaient en huis clos à l’Assemblée nationale pour suivre le dépôt du budget.
Pour la présidente, les relations entre la CADEUL et l’UEQ sont justifiés : «ce qui est important de comprendre, c’est que lorsqu’on est invité par différents groupes et qu’on a la chance de rencontrer une majorité des associations étudiantes du Québec dans un même lieu, oui, on le fait.»
De plus, Laurence Vaillancourt souligne le fait qu’ils n’ont pas de communication avec les différents CUTE, mais que les canaux sont toujours ouverts. «S’ils veulent nous parler ou nous rencontrer, on va le faire», déclare-t-elle.
Concernant leur position en faveur de la rémunération de tous les stages, la présidente est sans équivoque : «Le mandat est clair. On veut la rémunération de tous les stages et c’est l’objectif que l’on souhaite.» Toutefois, elle explique que certaines associations à l’Université Laval ont aussi un mandat au niveau de la compensation. Elle soutient donc que c’est le rôle de la Confédération de les accompagner, même si, elle le rappelle, «l’objectif, c’est la rémunération de tous les stages».
De nombreuses critiques
«Où étiez-vous lorsque nous piquetions des cours, quand nous organisions des réunions, quand nous avions besoin d’argent pour produire de la documentation, quand nous avions besoin de faire de la mobilisation ? Où étiez-vous cette semaine alors que 5000 de vos membres sont en grève à réclamer haut et fort l’amélioration des conditions étudiantes ?», questionnent les signataires de la lettre.
Ils accusent aussi la Confédération de mal gérer leurs ressources, notamment lors de la mobilisation organisée par l’UEQ, le 12 mars dernier : «Ce qui est le plus choquant dans cette histoire de participation à l’activité privée de l’UEQ, c’est que l’exécutif de la CADEUL a accepté de déployer un montant, payé à même nos cotisations, afin de louer un autobus jaune pour se rendre à ladite activité. Suscitant peu d’engouement chez le petit nombre d’étudiant.e.s ayant été invités à l’activité, seul l’exécutif de la CADEUL a profité de cette dépense inutile pour se déplacer. Nous tenons à rappeler ici que l’évènement avait lieu dans le Vieux-Québec, soit un trajet plus qu’accessible en autobus de ville à partir du campus. Exécutant.e.s de la CADEUL, cessez de gaspiller nos cotisations.»
Une relation à modifier ?
Questionnée sur une possible réévaluation de leurs relations avec l’UEQ, la présidente exclut l’idée, pour l’instant. «En ce moment, les différentes instances où on est invité au niveau de l’UEQ nous permettent de rencontrer une majorité d’associations étudiantes. Si on est invité à différentes réunions, on va le faire», exprime-t-elle.
Toutefois, elle confirme que la Confédération répondrait aussi de façon positive à des invitations provenant d’autres organisations, comme les CUTE, par exemple.
Voici la liste des signataires
– Emmanuelle Lefebvre
Déléguée aux affaires internes et externes de l’Association des étudiants et étudiantes en anthropologie (AÉÉA)
– Selma Lavoie
Exécutante externe du Mouvement des étudiant-es en travail social de l’Université Laval (METSUL)
– Catherine Lagacé Mc Maniman
Vice-présidence aux affaires externes de l’Association générale des étudiantes et étudiants en théâtre de l’Université Laval (AGÉÉTUL)
– Félix Étienne
Coordonnateur général de l’Association des étudiantes et étudiants en histoire (AÉÉH)
– Gabriel Savard
Vice-présidence aux affaires externes de l’association des étudiantes et des étudiants en physique de l’université Laval (ADÉPUL)
– Guillaume Méthode-Brassard
Coordonnateur aux affaires pédagogiques de l’Association générale des étudiants et étudiantes en relations industrielles de l’Université Laval (AGÉRIUL)
– Arian Omeranovic
Coordonnateur aux affaires externes du Regroupement des étudiantes et étudiants en Sociologie de l’Université Laval (RÉSUL)
– Vincent Laurence
Coordonnateur à la trésorerie de l’Association générale des étudiants et étudiantes prégradué-es en philosophie (AGEEPP)
– Philippe Perron-Savard
Exécutant de l’Association étudiante en enseignement secondaire de l’Université Laval (AÉESUL)
– Louis-Xavier Lamy
Secrétaire aux affaires externes de l’Association des étudiants et étudiantes de science politique de l’Université Laval (AEESPUL)
– Hubert Grenon
Association de création et d’études littéraires de l’Université Laval (ACÉLUL)
– Félix Beaulieu
Exécutant de l’Association des étudiantes et étudiants en études anciennes de l’Université Laval (AÉGÉA)