La CADEUL affiche ses revendications pour les élections provinciales

La Confédération des Associations des étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) a récemment présenté à ses membres et à la population sa traditionnelle liste de revendications touchant plusieurs thématiques, comme le financement de l’enseignement supérieur, l’accessibilité aux études, la gouvernance et la transparence des universités et certains enjeux de société, en espérant obtenir une oreille attentive de la part des candidats et candidates. 

À l’aube d’une élection provinciale sous l’égide du changement, qui risque de redistribuer les forces politiques à l’Assemblée nationale, les intérêts de la communauté étudiante se doivent d’être entendus et considérés par les diverses formations politiques.

Chaque campagne électorale, de par son effet déterminant sur les intérêts étudiants, appelle à une défense structurée et argumentée de ceux-ci, mais également à une campagne d’information adéquate à l’intention des étudiant(e)s. « Je n’assumerai pas que la communauté étudiante ne connait pas les enjeux électoraux, affirme le président de la CADEUL, Mathieu Montégiani, mais il est certain que ça ne peut pas faire de mal pour nos membres de se faire rappeler les enjeux qui touchent plus particulièrement les étudiants et étudiantes, mais aussi les propositions qu’apportent les différents partis politiques. La CADEUL compte faire deux campagnes, une première axée sur certains enjeux et une autre axée sur la sortie du vote. » 

Parmi les nombreuses initiatives dans lesquelles prendra part la CADEUL au cours des prochaines semaines, notons la diffusion au Pub universitaire du débat des chefs télévisé du consortium des médias, ainsi qu’un débat des représentants des ailes jeunesse (de la Coalition Avenir Québec, du Parti québécois et du Parti libéral du Québec ; Québec solidaire sera représenté par Gabriel Nadeau-Dubois), organisé entre autres avec l’AELIÉS, qui aura lieu le 20 septembre prochain. 

Financement de l’enseignement supérieur 

Un des points majeurs des revendications de la CADEUL concerne le financement de l’enseignement supérieur, duquel découle la mise sur pied de manière adéquate d’une bonne partie des autres points à leur liste. La CADEUL estime qu’un fossé de 842 M$ se serait créé entre 2011-2012 et 2015-2016 dans le budget accordé à l’enseignement supérieur. Les résultats de ce manque à gagner sont évidents dans l’offre pédagogique et de services aux étudiants et étudiantes : trois programmes fermés à l’Université Laval en 2015, coupures dans le budget de la bibliothèque. « Laissez-moi y aller avec un exemple plus précis, ajoute M. Montégiani. Des étudiantes et étudiants se sont vus offrir dans des cours l’option de voir leurs devoirs corrigés au complet ou bien de se voir offrir des sessions de dépannage, parce que le département n’avait pas les moyens pour financer les deux. C’est du concret où on voit et on sent les coupes budgétaires. » 

Autre mesure préconisée par la CADEUL depuis 2009 pour pallier au sous-financement du réseau de l’éducation supérieure : la création par le Gouvernement du Québec du Fonds des services de santé et d’éducation postsecondaire (FSSEP), une version bonifiée du Fonds des services de santé (FSS) déjà en place. Ce dernier provient d’une taxe sur la masse salariale dont le taux de cotisation serait légèrement augmenté au bénéfice du réseau. « C’est une mesure qui pourrait vraiment permettre de financer le manque à gagner des dernières années. » 

Accessibilité aux études 

L’accessibilité aux études passe par des paramètres mieux adaptés à la réalité étudiante en ce qui a trait au programme d’Aide financière aux études. Ainsi, la CADEUL demande à ce que soit effectué « le rattrapage du revenu mensuel protégé au niveau du salaire minimum actuel et qu’il soit indexé en fonction de l’évolution de ce dernier », en plus d’une mise à jour du niveau des dépenses admises pour y inclure les frais de branchement au réseau Internet, jugé incontournable pour poursuivre des études depuis plusieurs années. Les pensions alimentaires ne devraient également pas être considérées comme un revenu lors du calcul de la contribution des étudiant(e)s.  

La CADEUL propose également d’intégrer un programme de ressources éducatives libres dans l’éventuelle plateforme eCampus Québec. La province tarde à ce niveau, comparativement à certaines autres comme l’Ontario qui aurait presque autant de ressources éducatives en français que le Québec. « Idéologiquement, ça rend plus accessible l’éducation à tout le monde, explique Mathieu Montégiani. Même les personnes qui n’iront pas nécessairement fréquenter les établissements d’enseignement vont pouvoir aller consulter des ressources éducatives libres. Sinon, ça va permettre une meilleure francisation des ressources. » 

Gouvernance et transparence des universités 

Au niveau de la gouvernance, la CADEUL réclame la mise en place d’un Conseil des universités du Québec, dans lequel les étudiant(e) seraient représentés de manière « adéquate et suffisante », le tout sans remplacer le Conseil supérieur de l’éducation. Une mesure plus que nécessaire, pour le président Montégiani, « parce que les étudiants et étudiantes sont les principaux bénéficiaires du système de l’éducation. C’est eux qui vont s’inscrire à un programme de premier cycle, c’est eux qui vont contribuer à la recherche des professeurs et professeures. Définitivement, ils devront donc avoir une voix au chapitre par rapport à comment le réseau universitaire du Québec s’oriente, vers où il s’en va. » 

Au chapitre de la transparence, la CADEUL demande à ce que le gouvernement élabore un projet de loi « impliquant davantage de transparence et un encadrement accru vis-à-vis de la rémunération et des divers avantages du personnel de la haute direction des établissements universitaires de la province », en plus de veiller à inclure les universités à charte au mandat du vérificateur(trice) générale du Québec. 

« On sait qu’il y a eu quelques cas de dépenses douteuses dans les dernières années, lance Mathieu Montégiani. On voudrait que ce type de dépenses n’aient pas lieu ou que les universités à charte se sentent moins libres de faire des dépenses inacceptables. » 

Enjeux de société 

Parmi les nombreux enjeux de société ayant marqué la vie universitaire et celle à l’échelle provinciale ces dernières années, nous retrouvons la sensibilisation à la problématique des violences sexuelles. La CADEUL demande au gouvernement, à travers son soutien à la mission Sans oui, c’est non!, d’assurer « adéquatement et de façon pérenne » les mesures de prévention et d’intervention contre ces violences. Le gouvernement devra également assurer un suivi périodique des impacts des mesures implantées, avec corrections lorsque nécessaire. 

Afin de favoriser le taux de rétention des étudiant(e) internationaux, la CADEUL demande la mise sur pied d’un crédit d’impôt applicable à tous ceux et celles n’assumant pas des frais similaires à ceux des étudiant(e)s québécois(ses) et que ce crédit soit non remboursable, qu’il « permette le remboursement complet des frais de scolarité différenciés assumés par l’étudiant-e », qu’il puisse être réparti jusqu’à concurrence de dix ans et qu’il soit repportable également jusqu’à concurrence de dix ans. 

La dernière revendication de la CADEUL touchant les enjeux de société a suscité un enthousiasme grandissant ces dernières années : l’implantation souhaitable, par le prochain gouvernement, d’un scrutin mixte compensatoire à redistribution régionale.  

« Ça va permettre de minimiser le cynisme que peuvent vivre les étudiantes et étudiants lorsqu’ils vont voter, parce souvent, ils peuvent sentir que leur vote a peu d’impact dans leur circonscription, avance M. Montégiani. Ça va donner le goût de voter à la population étudiante. » L’implantation de ce nouveau mode de scrutin aurait bien d’autres avantages, selon le président Montégiani, dont d’assurer la représentativité des minorités, dont les jeunes font partis dans une certaine mesure, selon la circonscription. 

« Cela fait consensus auprès de nos membres, nous avons appuyé une initiative du SENSÉ [Solution étudiante nationale pour un scrutin équitable], qui est une initiative étudiante de l’Université Laval qui a vraiment mis de l’avant cette solution. » 

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