Fidèle à ses habitudes, le Groupe de recherche en archéométrie de l’Université Laval propose, pour une énième session, une série d’Archéo-Vendredis. Toute personne qui assiste à ces conférences s’étonnera de constater que le travail de l’archéologue est bien plus complexe, varié et pertinent que ce qu’Indiana Jones et Lara Croft ont longtemps laissé croire.
Par François-Xavier Alarie, journaliste collaborateur
Tenus aux laboratoires d’archéologie de l’Université Laval, les Archéo-Vendredis sont des conférences bimensuelles portant sur les développements académiques et professionnels du monde archéologique. Organisées en bonne partie par des étudiant.es des cycles supérieurs, ces présentations sont une bonne occasion pour les étudiant.es du baccalauréat de se tenir informé des progrès les plus récents de la discipline. L’une des organisatrices, Brunante Rastello, étudiante à la maîtrise en archéologie, précise que les Archéo-Vendredis « permettent aux chercheurs et aux étudiants de se rencontrer et de tisser des liens académiques, professionnels et amicaux. L’archéologie est, après tout, une discipline où le réseautage et la multidisciplinarité sont primordiaux.»
La session d’hiver 2024 s’est ouverte le 26 janvier dernier avec Joseph Gagné, historien et archiviste à la Bibliothèque et Archives nationales de Québec (BAnQ). En plus de présenter les différentes bases de données archivistiques pertinentes au travail de l’archéologue, il a fait état des progrès de l’intelligence artificielle dans le traitement des archives à travers des logiciels comme Transkribus, lequel permet la reconnaissance numérique d’écriture cursive. Si l’archéologue est plus souvent associé au travail de terrain, il estime qu’un rapprochement avec les archives reste pertinent : lors de la découverte de l’épave du Elizabeth and Mary en 1994, les archéologues ont été incapables d’identifier le type de navire devant eux. Divers documents disponibles chez BAnQ attestent toutefois de cette épave, à l’époque où elle était tout récemment échouée, l’identifiant comme une grande Caiche. Une visite chez les archivistes aurait offert une réponse complète et rapide aux chercheurs travaillant sur le dossier.
Chapeautée par la professeure Allison Bain, l’équipe de bénévoles invite des chercheurs.euses aux spécialisations variées. Si les présentations qui touchent l’archéologie au Québec permettent aux étudiant.es de se tenir à jour des développements provinciaux, les conférences portant sur la recherche internationale permet de sortir du carcan nord-américain et de voir l’état de la discipline ailleurs dans le monde. À cet égard, notons que les invités internationaux cet hiver sont Dominic Vallières (Université de Perpignan via Domitia, France) et David Pearce (University of Witwatersrand, Afrique du Sud), qui aborderont respectivement les boulets de catapulte grecs et gaulois en méditerranée et l’art pariétal en Afrique du Sud.
Si le GRA invite chaque session des chercheurs.euses québécois et internationaux, il ne délaisse pas les étudiant.es pour autant. D’une part, le premier Archéo-Vendredi de chaque automne est consacré aux différents chantiers auquel les étudiant.es au baccalauréat ont participé durant l’été. Les épopées étudiantes de 2023 ont fait voyager l’audience à travers des fouilles au chantier-école de l’Université Laval, en basse-ville de Québec, en Saskatchewan, en Catalogne, dans le Sud-Ouest de la France et à Chypre. D’autre part, les étudiant.es à la maîtrise et au doctorat sont eux aussi invités à présenter devant ami.es et collègues le fruit de leur labeur des dernières années. Sidy Ndour présentera prochainement son mémoire de maîtrise portant sur l’expansion atlantique et la transformation des paysages historiques au Baol du XVe au XIXe siècle, alors que les étudiant.es responsables du chantier-école partageront de nouveaux détails sur les découvertes de la dernière campagne.
Si le succès des Archéo-Vendredis repose en bonne partie sur le travail bénévole d’organisation et la qualité des invité.es, il s’appuie aussi sur un public aussi curieux qu’éclectique. Le format convivial des Archéo-Vendredis permet aux présentateurs.trices, aux assistant.es et aux bénévoles de créer des liens et de se sentir membres de la communauté archéologique, ajoute Brunante. « N’importe qui ayant un intérêt pour ce que nous faisons est le bienvenu ! », conclut-elle. Sachez que les conférences sont accessibles gratuitement en personne et diffusées sur Zoom. Pour tous les détails, consultez les comptes Facebook et Instagram du GRA.
