Place aux femmes autochtones

Dans le cadre de la Semaine des fxmmes des Féministes en mouvement de l’Université Laval (FEMUL), le 9 mars se donnait en ligne une conférence organisée conjointement par l’association et par le Comité Justice et enjeux autochtones de la Faculté de droit. Un appel à l’engagement a été lancé dans cette conférence donnée par Madame Michèle Audette, militante féministe pour les droits autochtones, adjointe au vice-recteur de l’Université Laval aux études et aux affaires étudiantes ainsi que conseillère principale à la réconciliation et à l’éducation autochtone.

Pour Michèle Audette, « naître issu de deux cultures, c’est politique. C’est revendicateur en partant, […] mais c’est aussi naître avec un cadeau ». Reconnaissant d’abord les femmes des Nations Huronne-Wendat, Atikamekw, Abénakise, Malécite et Innue « qui, pendant des millénaires, ont caressé, marché le territoire », elle s’est dite encouragée de voir de nouveaux.elles allié.es, que « le cercle s’agrandit ». Elle a également souligné l’important travail accompli par les femmes autochtones qui se sont mobilisées dans tout le Canada, jusqu’à l’ONU, donnant lieu à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées en 2015. La publication de son rapport, le 3 juin 2019, a permis non seulement de « mettre au jour les grandes souffrances, mais aussi de proposer un projet de société ». Grâce à l’Enquête, « les appels à la justice deviennent des impératifs […]. On ne peut plus parler de recommandations ». Elle « n’est [ainsi] plus une étude, [elle] devient un outil juridique ». C’est la reconnaissance d’un génocide au Canada : déportation, pensionnats, puis stérilisation forcée viennent s’ajouter aux disparitions et aux assassinats par les témoignages.

Madame Audette voit les femmes comme « les gardiennes du droit, […] d’une résilience, […] du changement », tout en déplorant qu’elles ne soient pas encore assez nombreuses à occuper des postes importants. « Pour l’amour, pour le respect de Joyce [Échaquan] », elle invite toutes les femmes à s’impliquer, à faire un petit geste afin d’influencer leur milieu. Elle souhaite particulièrement que les femmes autochtones « reprennent [leur] pouvoir et [leur] place ». Leur présence en entreprenariat et en politique passerait entre autres, par le financement massif, à long terme des infrastructures et des Nations ainsi que par la formation, non seulement des femmes, mais aussi des hommes afin qu’ils puissent travailler de pair.

Interrogée par une étudiante, Madame Audette a avoué sa réticence face au mot « réconciliation », qui évoque un conflit alors que les autochtones se sont montrés accueillants envers les européens à leur arrivée. Elle estime que « reconnaissance » et « respect » devraient davantage être mis de l’avant. Elle souligne le rôle de l’éducation dans la déconstruction des préjugés à l’origine du racisme systémique. Il faut raconter l’histoire différemment, changer le discours sur les peuples autochtones.

La conférencière invitée constate finalement une amélioration, bien que lente, de la situation dans les dernières années et remercie les institutions scolaires qui entreprennent un virage ainsi que les médias qui offrent plus de visibilité aux autochtones et qui célèbrent leur culture. Une étudiante au baccalauréat en travail social qui assistait à la conférence a profité de l’occasion pour témoigner, se réjouissant de se sentir de plus en plus reconnue, respectée et incluse par ses pairs, par ses enseignant.es.

Michèle Audette conseille aux allochtones qui aimeraient devenir des allié.es et qui sont appelé.es à accompagner les autochtones de remplacer le jugement par l’amour, d’être patient.es, de s’adapter, de s’instruire en consultant les sites web des Premières nations, en lisant leur littérature et en assistant à leurs événements culturels.

Voici donc, en complément, quelques sources pour continuer à s’informer sur les peuples et les initiatives autochtones :

  • L’Institut du développement durable des Premières nations du Québec et du Labrador
  • Espaces autochtone de Radio-Canada
  • L’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
  • La Commission de vérité et réconciliation du Canada

Auteur / autrice

  • Jessica Dufour

    Passionnée des arts et du langage, Jessica Dufour étudie à la maîtrise en traduction et terminologie. Son baccalauréat multidisciplinaire en linguistique et communication lui a permis d'acquérir de solides bases dans ces deux domaines. En tant que journaliste, elle s'intéresse à tout ce qui touche la culture et la société, cherchant particulièrement à mettre en valeur la relève de Québec et des environs. Elle fait également partie du comité de lecture de la section création littéraire. La poésie et la photographie sont ses médiums de prédilection. Oeuvrant aussi dans le domaine de l'alimentation sauvage, elle erre d'est en ouest du pays, entre la forêt et la ville.

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