Pour contrer le problème des animaux abandonnés, une étudiante de l’Université Laval, Leattytia Badibanga, lancera en avril prochain le catalogue numérique Les Pattes Jaunes.
Le but premier d’un tel site Internet est « de répertorier et de centraliser tous les animaux qui sont en adoption dans les refuges animaliers du Québec », explique la fondatrice.
Selon elle, le problème vient actuellement du fait qu’une bonne partie de ces organismes sont indépendants. Contrairement à la Société de protection canadienne des animaux (SPCA), il existe des centaines de refuges de petite taille, méconnus et sans gros budget de communication pour faire accroître leur visibilité au sein de la population.
Manque à gagner
Le catalogue répond réellement à un besoin, indique la fondatrice. « Ça vient faciliter le processus en donnant un outil de recherche pour ces gens qui souhaitent opter pour une adoption en refuge », clame-t-elle.
Désirant offrir une deuxième vie à ces animaux de refuge, Leattytia espère « leur donner une chance d’être vus et d’être adoptés » par le biais de son nouveau concept. Le site Web offrira des paramètres simples qui permettront de choisir la race, la taille et la couleur de son futur animal de compagnie. Il rendra également disponible un système de géolocalisation afin de diriger les gens vers les refuges à proximité de leur location.
Une page Facebook est aussi disponible pour faire la promotion du catalogue. Leattytia espère éventuellement en faire une vitrine pour les animaux dans le besoin, notamment par une bannière pour les animaux âgés, qui constituent la grande majorité des espèces abandonnées.
Pourquoi adopter en refuge?
L’entrepreneure avance que l’adoption en refuge facilite bien souvent le problématique de l’élevage du chiot, lorsque celui-ci est plus âgé. De plus, les préjugés qui circulent concernant les chiens de refuges, souvent considérés comme étant « scraps, maganés et mal élevés », sont faux.
En partenariat avec le catalogue, tous les chiens et chats mis en adoption par les différents refuges respectent effectivement des critères précis sur leur santé et leur comportement.
Chacun d’entre eux est d’ailleurs stérilisé et soumis à un examen médical complet par un vétérinaire. Ils sont tous vermifugés ; les premiers vaccins sont donnés, ce qui permet de faire des économies. Tous subissent enfin un examen de comptabilité comportementale avec les autres animaux, mais aussi avec les enfants. Au final, l’adoption dans un refuge revient environ au tiers du prix d’une adoption en animalerie et vient avec la garantie d’un compagnon en santé et compatible avec les désirs du futur propriétaire.
Tous les refuges présents dans le catalogue respectent avec fierté ces critères éthiques stricts. L’étudiant affirme qu’elle ne fait affaire qu’avec les refuges qui pratiquent l’euthanasie nécessaire et par injection.
« Au Québec, il y a encore beaucoup de refuges et d’organismes qui utilisent les chambres à gaz, qui sont encore légales », s’indigne-t-elle. Son but est donc de faire preuve de transparence pour éviter de sélectionner des refuges qui travaillent pour les mauvaises raisons et le profit uniquement.
Le problème des animaleries
« Il y a plusieurs enquêtes qui ont prouvé que 90 % des animaux en animalerie proviennent d’usine à chiots et chatons », lance Leattytia. Répertoriés à plus de 2000 dans l’ensemble de la province, ces endroits « gardent les animaux confinés dans des conditions misérables pour faire de la production de masse uniquement pour le profit », lance-t-elle. Malgré une nouvelle réglementation pour protéger le bien-être des animaux, il n’y aurait présentement aucune ressource pour faire la vérification sur le terrain.
La fondatrice du catalogue se dit choquée par la forte production d’animaux de compagnie au Québec. La surpopulation animalière dans la province est une réalité sur laquelle on ne peut pas se fermer les yeux, selon elle.
En fin d’entretien, Leattytia apporte certaines nuances en précisant que plusieurs organismes font ce qu’ils peuvent. Plusieurs aimeraient garder tout le monde, mais ils sont débordés, en manque de ressources et surpeuplés. « Ça crève le cœur, mais souvent on n’a pas le choix. »