Critique cinéma : Lion

LionForce et courage devant l’adoption

Inspirée d’une histoire vraie, Lion touche droit au cœur. Loin de laisser indifférent, le film reste engagé jusqu’à la toute fin sur la question des enfants en Inde et de l’adoption internationale. Scène après scène, l’intrigue revit et laisse l’audience profondément bouleversée par le destin de Saroo Brierley. C’est en discernant les pleurs et les soupirs dans la salle que l’on comprend ce sentiment partagé.

Réalisé par Garth Davis, le film s’inspire de la biographie A Long Way Home de Saroo Brierley publié en 2013. Nominé aux Oscars et aux British Academy Film Awards cette année, il met en vedette le petit Sunny Pawar, Dev Patel ainsi que Nicole Kidman. L’histoire raconte la vie d’un petit garçon indien séparé de sa mère à l’âge de cinq ans par un concours de circonstances. Livré à lui-même, Saroo vit une foule de péripéties malheureuses dans la mégalopole de Calcutta, loin de son village natal.

Après être finalement placé dans un orphelinat, il est adopté et élevé par un couple australien. Lorsqu’il change de ville pour les études, le jeune homme fait la rencontre d’autres étudiants indiens et ses souvenirs d’enfance remontent à la surface. Tourmenté par la quête de ses origines, Saroo décide de partir à la recherche de sa famille biologique.

La plus grande force de ce film est de nous plonger au cœur du quotidien d’un enfant adopté. Pour une fois, un récit traite du point de vue de l’enfant qui a grandi et non de celui du parent. À titre d’exemple, le public peut se familiariser avec la réalité d’un enfant adopté par l’importance de la relation mère-enfant. Après des années de séparation, il est encore connecté avec sa mère biologique et ce lien est d’ailleurs très puissant. Ainsi, l’audience comprend que les deux mères jouent un rôle essentiel sur un pied d’égalité pour l’enfant.

De plus, on peut bien ressentir la détresse psychologique chez Saroo et voir comment, progressivement, celle-ci va prendre le dessus sur sa vie familiale et amoureuse. Ainsi, la gestion de son passé et de ses questionnements à l’âge adulte est un passage difficile obligé pour plusieurs enfants adoptés.

Le film provoque une réelle prise de conscience sur les millions d’enfants orphelins à l’heure actuelle dans le monde. À la toute fin, le réalisateur invite même le public à agir auprès d’organismes humanitaires pour leur venir en aide. Tout au long du film, on se sent bien gênés face à tant d’enfants dans le besoin et on apprécie mieux nos standards de vie.

Somme toute, l’aspect technique est impeccable. On peut aisément se laisser bercer par la bande sonore au gré des prises de vue aériennes sur les paysages indiens et australiens. Le jeu des acteurs laisse sans voix. Ceux-ci ne pouvaient pas être mieux choisis, particulièrement Kidman dans le rôle de la mère.

En revanche, la fin, digne d’un happy ending américain, paraît trop prévisible. C’est pourquoi il est important de se rappeler que plusieurs enfants adoptés n’ont pas tous eu la même facilité que Saroo en grandissant. Un grand nombre éprouve de grandes difficultés d’adaptation et doit surmonter des drames psychologiques lors de leur développement.

Néanmoins, il faut souligner l’initiative et le combat de Saroo en prenant le risque de retourner en Inde après une vingtaine d’années. La force de caractère et la sensibilité de ce jeune homme servent d’inspiration pour les futures générations et nous marquent encore de retour à la maison.

Note 4/5
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