Les Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) et la Coalition montréalaise pour la rémunération des stages dénoncent une double posture de la part de Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) dans l’actuel mouvement pour de meilleures conditions de stage.
Jeanne Bilodeau, membre de la Coalition et du CUTE-UQAM, estime que les associations nationales utilisent la grève étudiante pour augmenter leur présence dans les médias et, par le fait même, leur capital politique respectif.
D’abord, l’étudiante en éducation souligne que l’UEQ et la FECQ n’ont jamais reconnu la grève comme un moyen de lutte à privilégier. Toutefois, les CUTE accusent ces associations étudiantes d’utiliser, depuis quelques semaines, les moments forts des différentes grèves régionales pour donner des entrevues dans les médias et proposer certaines recommandations.
«On dénonce cette double posture-là : ne pas privilégier la grève, mais en même temps de profiter d’un mouvement de grève qui n’est pas organisé par eux», explique Jeanne Bilodeau.
Elle rappelle que les différentes coalitions régionales militent pour la rémunération des stages depuis plus de trois ans et qu’elles défendent une approche totalement différente de l’UEQ et de la FECQ : la grève.
Du côté des coalitions régionales et des CUTE, la grève demeure l’outil pour obtenir des gains. «Notre stratégie, c’est celle de la grève», déclare la militante. De plus, le mouvement s’est toujours opposé à une stratégie de division entre les différents domaines d’étude, explique-t-elle. Une vision pourtant défendue par les associations nationales, ajoute la militante.
L’UEQ se défend
Le président de l’Union étudiante, Guillaume Lecorps, rectifie certains faits. «On ne désapprouve absolument pas le mouvement de grève. C’est aux associations étudiantes locales de tomber en grève ou non. On va toujours soutenir nos membres à chacune des étapes», lance-t-il.
Mentionnant au passage que l’UEQ travaille aussi sur la question des stages depuis sa fondation, il y a trois ans, il dénonce le désir d’appropriation qui existe dans le mouvement. «On ne commencera pas à vouloir s’approprier tel ou tel gain», soutient le président de l’Union.
«On peut se cannibaliser entre nous ou on peut se concentrer sur le réel objectif, c’est-à-dire de faire bouger le gouvernement. Je considère sincèrement que chaque attaque envers une partie du mouvement nuit à l’ensemble du mouvement étudiant», rétorque M. Lecorps aux accusations lancées par les CUTE.
Deux visions différentes
Les coalitions régionales défendent une rémunération complète de tous les stages, alors qu’à la FECQ et à l’UEQ, on défend aussi la compensation financière pour les stagiaires.
«On veut un salaire, un taux horaire. On demande aussi cette rémunération-là pour rentrer dans la loi sur les normes du travail et d’avoir les protections qui viennent avec», explique-t-elle.
La militante de la CUTE-UQAM énonce certaines ratées liées à la compensation. Le cas des bourses aux étudiants au doctorat en psychologie de l’Université de Sherbrooke qui seront tirées au hasard faute de fonds pour honorer toutes les demandes. «On voit que ce n’est pas une mesure qui est assurée dans le temps. La compensation, c’est facile de l’offrir et de l’enlever. C’est une injustice complètement arbitraire», termine Jeanne Bilodeau en rappelant que la rémunération est le mot d’ordre pour les CUTE et les coalitions régionales.
Le président de l’UEQ n’est pas du même avis lorsqu’il est question de compensation pour les stagiaires.
«Pourquoi est-ce qu’on n’exclut pas non plus les bourses ? C’est parce qu’il y a des scénarios où les bourses vont être le moyen de mettre le plus d’argent dans les poches du stagiaire. Notamment en raison de la mécanique du programme d’aide financière aux études du Québec », explique Guillaume Lecorps défendant l’approche de son association.
«On veut s’assurer de ne pas mettre en place des mesures qui vont se retrouver à pénaliser les gens les plus démunis dans notre réseau», conclut-il.