C’est dans un amphithéâtre Hydro-Québec bien rempli que les représentant(e)s des ailes jeunesse ont débattu des différentes propositions de leur parti. Alors que la partisanerie y était moins présente que lors des traditionnels débats des chefs, les personnes rassemblées dans la salle étaient attentives aux visions que défendent les jeunes de chaque camp.
Sur les quatre principaux partis, seulement trois d’entre eux disposent d’une aile jeunesse. Frédérique St-Jean, présidente du Comité national des jeunes du Parti Québécois (CNJPQ), Kevin Paquette, président de la Commission Relève – Coalition Avenir Québec (CRCAQ) et Stéphane Stril, président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, formaient le trio représentant les ailes jeunesse. À Québec solidaire, c’est Gabriel Nadeau-Dubois qui fut désigné pour représenter les idées du parti de gauche.
Comme on pouvait s’y attendre, l’expérience de Gabriel Nadeau-Dubois s’est fait ressentir à différents moments du débat. Alors que les représentant(e)s des ailes jeunesse présentaient les plateformes de leur parti respectif, le co-porte-parole de Québec solidaire n’a pas hésité à contester certaines affirmations présentées par les autres débatteurs, principalement celles de Stéphane Stril.
Enseignement supérieur, une priorité pour les jeunes
À la Commission-Jeunesse de Parti libéral, on critique que ce soit l’un des grands thèmes oubliés de la campagne. L’avis est partagé par le CNJPQ, c’est une «priorité», confirme Frédérique St-Jean. Le Parti québécois propose l’accès aux études supérieures pour tous grâce à la gratuité scolaire, un projet qui sera toutefois impossible à réaliser dans un premier mandat, rappelle-t-elle.
Visage connu du militantisme étudiant, le co-porte-parole de Québec solidaire ne partage pas la vision de la présidente du CNJPQ. Il assure que la gratuité, il la faut maintenant. «C’était le rêve des gens qui ont construit le système scolaire. Il faut achever le grand chantier de l’éducation au Québec», promet Gabriel Nadeau-Dubois.
Durant la période de discussion, Frédérique St-Jean a questionné son homologue de la Commission-Jeunesse du Parti libéral au sujet des nouvelles politiques de financement établies par la ministre David, principalement sur la fusion de l’enveloppe budgétaire destinée aux étudiants au budget total des universités ainsi que la décision de dérèglementer les frais de scolarité pour les étudiants étrangers. Ce fut l’un des rares moments de divergence entre une aile jeunesse et son parti. Stéphane Stril a souligné que la Commission-Jeunesse s’était positionnée contre ces mesures et que son organisation «va faire pression davantage auprès de Mme David pour faire en sorte que ce règlement soit modifié.» Ce à quoi Gabriel Nadeau-Dubois a répondu : «D’abord Stéphane, si tu as besoin d’aide pour convaincre Hélène David que dérèglementer les frais pour les étudiants internationaux c’est une mauvaise idée, je t’offre mon aide.»
Améliorer le transport durable
À Québec solidaire, on décrit une situation d’urgence favorisant des mesures massives pour augmenter l’offre de transport en commun. Les solidaires promettent de réduire de moitié le prix du transport en commun dans un premier mandat.
Au CNJPQ, les changements climatiques sont l’enjeu de notre génération, croit Frédérique St-Jean. Elle confirme être favorable aux grands chantiers de transport de la région métropolitaine et ceux de la ville de Québec.
Au sujet du troisième lien, la Commission-Jeunesse du PLQ assure que le projet pourrait se réaliser à la condition que cette infrastructure réduise considérablement la congestion à Québec.
Kevin Paquette défend plutôt la liberté de choisir des Québécois. Il affirme que la voiture solo aura toujours sa place sur les routes du Québec, mais que son parti est prêt à soutenir les projets de transport en commun.
Deux visions différentes concernant le rôle de l’État dans l’économie
Gabriel Nadeau-Dubois affirme que tout le monde pige dans les idées de Québec solidaire lorsqu’il est temps de parler de programmes sociaux. Toutefois, il assure que son parti est le seul qui compte les mettre sur pied grâce à de l’argent neuf. «Si on veut le faire pour vrai, il faut aller chercher de l’argent neuf. L’argent là, il faut avoir le courage politique pour aller les chercher», soutient le co-porte-parole en ajoutant plus tard que le modèle de tout donner aux grosses entreprises est une formule dépassée, une formule qui «ne marche plus.»
À la commission relève de la CAQ, on conteste plutôt la qualité des services actuels. Affirmant que nous sommes l’une des sociétés qui payent le plus en taxes et impôts en Amérique du Nord, Kevin Paquette se demande si nous en avons assez pour notre argent ? Il estime plutôt qu’il faut en finir avec la culture de tout à l’État. «C’est important de faire confiance aux gens dans les communautés», conclut-il, en promettant de favoriser le développement des jeunes entrepreneurs du Québec.
Portrait des représentant(e)s
Frédérique St-Jean
Avocate dans un cabinet de Montréal, elle a terminé des études en droit en plus d’une mineure en politique canadienne et québécoise à l’Université McGill. La présidente du CNJPQ milite déjà depuis plusieurs années autant au sein du Parti Québécois que dans la société civile.
Kevin Paquette
Étudiant à l’UQTR au campus de Drummondville en administration des affaires, l’étudiant originaire de Granby est un membre actif de la CAQ depuis 2012, alors âgé de 15 ans. Il a travaillé pour le parti lors de plusieurs élections partielles. Kevin Paquette a aussi travaillé à la création du Cercle 16/30.
Stéphane Stril
Stéphane Stril est titulaire d’une double majeure en science politique et en histoire de l’Université McGill, il est maintenant étudiant aux HEC. Impliqué depuis 2012 chez les Jeunes libéraux, il milite en faveur de l’économie collaborative et d’une démocratie participative mieux adaptée.
Gabriel Nadeau-Dubois
Figure emblématique du mouvement étudiant de 2012 et actuel co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois n’a plus besoin de présentation. C’est en 2017 qu’il a fait son entrée à l’Assemblée nationale où il a remplacé Françoise David en tant que député de la circonscription montréalaise de Gouin.
