Éducation et recherche : Les étudiants se mobilisent contre les compressions

Le Syndicat des auxiliaires administratifs, d’enseignement et de recherche (SA2RE) de l’Université Laval a dirigé une mobilisation syndicale et étudiante, jeudi 19 février, devant le pavillon Charles-De Koninck afin de dénoncer les compressions de Québec et d’Ottawa en éducation et en recherche.

Ce sont environ 200 personnes qui ont répondu à l’appel du SA2RE et se sont réunies jeudi dernier, malgré la neige et le froid, pour signaler leur désaccord avec les politiques gouvernementales d’austérité. Entre deux hot-dogs, les étudiants ont réagi au micro d’Impact Campus.

Charles-Alexandre Bélisle, président du SA2RE et organisateur de la manifestation, dénonce vigoureusement « le sous-financement de la recherche universitaire au Canada par le gouvernement conservateur » : « Ce qu’on a observé c’est qu’en 2006, il y avait 2,2 % du PIB du Canada qui était investi en recherche principalement universitaire, puis en 2013, ce pourcentage-là est passé à 1,7 %. C’est donc plus de 10 milliards de dollars qui ont été soustraits de la recherche au Canada. »

Selon lui, cela a un impact néfaste sur la précarité des travailleurs du milieu universitaire et sur les services aux étudiants. Caroline Aubry, présidente de la CADEUL, abonde dans le même sens : « Les compressions, ça va beaucoup précariser et toucher l’emploi étudiant. »

Pour Christian Djoko, président de l’ÆLIÉS, « le fétichisme de l’équilibre budgétaire débouche sur une transformation de l’université ». Celui-ci appuie son point : « On ne pense pas que ce soit des coupes nécessaires, car, toutes les études de l’OCDE le montrent : en période de crise, il faut investir dans l’éducation. »

Le représentant des étudiants inscrits aux cycles supérieurs reproche le fait qu’« à travers ces coupures, on est en train de perdre la fonction critique et sociale de l’université. Une université, c’est comme une chorale : c’est la diversité des timbres vocaux qui participent à l’harmonie. Et en ce moment, on est en train de privilégier un secteur au détriment des autres. »

Alexandre Motulsky-Falardeau, étudiant au doctorat en rhétorique, langage et argumentation et auxiliaire d’enseignement, partage ce point de vue : « Ce que ça a comme impact sur la société, c’est qu’il n’y aura plus de réflexion, plus d’esprit critique, etc. C’est une catastrophe sociale, économique, politique. »

Benoît, un étudiant en éducation en enseignement collégial, y va lui aussi d’images significatives : « Ce qui m’irrite le plus, ce sont les coupures en recherche universitaire. Je trouve que c’est comme décapiter le sommet de la pyramide du système d’éducation. » Cet étudiant met d’ailleurs les événements actuels en perspective : « Ce qu’on est en train de se faire remettre, c’est la même chose qu’en 2012, mais qu’on fait la marche inverse : au lieu de couper dans la part des étudiants, on va couper plutôt dans les subventions aux universités. On fait juste aller chercher de l’argent, sauf que cette fois-ci on ne va pas le chercher dans la poche des étudiants, mais dans le financement des universités. Mais à la fin, on est tous perdants. »

Auteur / autrice

  • Margaud Castadère-Ayçoberry

    Derrière ce nom imprononçable aux accents d’outre-Atlantique, cette bordelaise rêve d’ici et d’ailleurs. Récemment graduée en journalisme international, elle poursuit une maîtrise en relations internationales. Journaliste active et enjouée, elle est constamment en quête de nouveaux sujets. Friande d’actualités, elle est aussi à l’aise dans une salle de rédaction, dans un studio de radio, ou à une terrasse de café. Malgré sa petite taille, elle sait se faire entendre et avec elle… le monde bouge !

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