La CADEUL a officiellement publié sa plateforme municipale ce matin, dévoilant ainsi 28 revendications étudiantes dans le cadre de la présente campagne électorale. Les demandes de l’association traitent surtout de logement, de mobilité durable, de dynamisme urbain et d’écologie citoyenne. Les partis politiques ont tous reçu une copie du document en question. Dossier.
Il est de tradition, aux quatre ans, que le rassemblement des étudiants de premier cycle de l’Université Laval fasse parvenir une série de suggestions politiques concernant directement les campus aux élus concernés. 2017 ne semble pas avoir fait exception, avec un taux record d’idées sur la table.
« On espère vivement que les différents partis vont reprendre nos propositions, affirme le président de la confédération. Surtout qu’à Montréal en ce moment, on sait que Denis Coderre et Valérie Plante ont publiquement appuyé les revendications étudiantes . » -Samuel Rouette-Fiset, président de la CADEUL
L’étudiant au Baccalauréat intégré en affaires publiques et relations internationales ajoute que son équipe et lui demeurent très fiers de porter ces revendications. « Quand on présente ce document aux candidates et aux candidats qu’on rencontre, ça nous permet de dire, concrètement, que c’est ça que les étudiants et étudiantes de l’Université Laval veulent entendre, c’est ce qui est important pour eux », souligne-t-il.
Logement étudiant
Au début du mois de septembre, l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) dévoilait les résultats d’une enquête nationale concernant la situation résidentielle étudiante auprès de 17 000 répondants. Un constat fort en est ressorti : les villes universitaires doivent dès lors considérer l’enjeu du logement étudiant.
À leur arrivée sur les bancs universitaires, les étudiants « peuvent rencontrer un certain nombre de difficultés reliées à leurs conditions de logement », estime la CADEUL, la capacité des résidences sur le campus étant après tout limitée.
À Québec, l’arrondissement de Sainte-Foy-Sillery affiche l’un des loyers moyens les plus grands, avec une moyenne de 839 $ mensuellement en 2016.
Pourtant, les jeunes de l’Université Laval sont plus de 60 % à vivre dans ce secteur de la ville, tout en touchant un salaire annuel moyen de 14 063 $, selon le Ministère de l’Enseignement supérieur. Si on fait le calcul, cela signifie que tous ces étudiants mettent près du tiers de leurs revenus dans le logement. Près de la moitié d’entre eux vont même jusqu’à investir la moitié de leurs fonds.
« On voit avec ça que plus de la moitié des étudiants d’ici surpassent le taux d’effort, soit le pourcentage du budget consacré au logement par rapport aux revenus bruts d’un ménage, ceci les rendant davantage susceptibles de connaître d’importantes difficultés financières pendant leurs études », plaide l’association dans son rapport.
La solution, selon la CADEUL ? En maintenant la mixité sociale sur le territoire et en périphérie de l’UL, la Ville de Québec devrait favoriser, selon elle, « des projets de construction résidentielle qui incluent une part de logements abordables, de coopératives d’habitation et de loyers à coûts modiques. »
Mobilité durable
Depuis trois ans, l’administration Labeaume a entrepris plusieurs chantiers d’envergures sur son réseau cycliste. Pas moins de neuf kilomètres supplémentaires de pistes cyclables ont été ajoutés, et on prévoit un autre 19km d’ici la fin de 2017. Même s’il souligne ces efforts en mobilité, le groupe constate néanmoins « un certain morcèlement » du réseau routier.
« Bien qu’on ait fait la demande à plusieurs reprises, il n’y a toujours pas, par exemple, de réelle voie directe et sécuritaire pour les cyclistes désirant faire le trajet du centre-ville vers le campus de l’Université Laval. Les accès sont limités et imposent à leurs utilisateurs plusieurs détours et intersections. » -CADEUL
Plus loin encore, l’association regarde jusqu’à Saint-Roch, en Basse-Ville de Québec, là où plusieurs étudiants résident. « Ça nous incite à voir au-delà de l’axe cyclable colline Parlementaire-Université Laval, car il pourrait en effet être pertinent d’envisager, par extension au premier tracé, un corridor cyclable vers la Basse-Ville. À ce jour, il n’existe qu’un lien reliant Haute et Basse-Ville par l’axe de la Pente-Douce. »
L’association indique qu’elle encourage plusieurs initiatives en ce sens comme Priorité 1 de Vélo-Québec, qui souhaite relier Saint-Sauveur et Saint-Jean-Baptiste par l’ajout d’une bande cyclable entre Arago et Maisonneuve. Elle estime que la construction d’axes cyclables ne peut que faire du quartier Saint-Roch un pilier encore plus influent du centre-ville, une volonté de la mairie sortante.
Dynamisme et écologie
Le caractère dynamique d’une ville passe, selon l’association, par la parole des jeunes. Or, celle-ci n’est pas assez écoutée dans les politiques municipales de Québec, aux dires de la plateforme publiée. « Cette omission reflète que les besoins de la population étudiante ne sont que très peu ou carrément pas du tout considérés à l’échelle locale, dit la CADEUL. Il est pourtant primordial que l’équipe municipale ne constitue pas une instance inatteignable pour nous. »
Force est effectivement d’admettre que les plans en aménagement et en développement des années récentes contiennent peu de références au monde étudiant et aux campus, même si ceux-ci demeurent généralement des exemples en la matière. L’association mentionne par exemple le Programme particulier d’urbanisme (PPU) du centre de Sainte-Foy, qui ne tient pas compte selon elle de l’impact de la densification et de la spéculation immobilière sur les coûts.
Il est proposé formellement dans ce rapport « que la Ville de Québec inclut les étudiants au contenu de ses politiques de plans d’aménagement et de développement, et qu’elle reconnaisse les regroupements étudiants », et ce, dès maintenant, avant même le jour de scrutin au début du mois de novembre prochain. On estime au fond que, de ce fait, les besoins des étudiants seront davantage écoutés et surtout compris par nos élus.
Sur la question de l’environnement, la CADEUL laisse entendre qu’elle souhaite que ces fameux PPU cherchent à intégrer davantage, en matière de construction notamment, les projets d’écoquartiers et d’écopropriétés, des concepts qui sont actuellement tendance auprès des jeunes communautés comme celle de l’Université Laval.
On lit également que le regroupement des étudiants de premier cycle milite pour des investissements dans « de nouveaux sites de compostage communautaire » à Québec, qui seraient d’abord situés dans les secteurs où cette pratique est pratiquement nulle à l’heure où on se parle.
« La Ville de Québec doit mettre en œuvre une campagne d’incitation à ces pratiques que sont le compostage domestique ou encore le vermicompostage », peut-on lire. Des grands terrains agricoles comme celui des Sœurs de la Charité, un îlot de 190 hectares dans le secteur Beauport, doivent impérativement être préservés du même coup, selon la CADEUL.