Festival d’été de Québec – Revue du 14 au 17 juillet

Encore une fois cette année, les équipes d’Impact Campus et de CHYZ 94,3 ont pris part au Festival d’été de Québec, question d’aller voir les artistes qui nous font et vous font tripper, de vous partager nos coups de coeur, et, parfois, nos déceptions (eh oui, ça arrive). Troisième et dernière revue sur cette 55ème édition du FEQ, toujours aussi attendue. 

Par Frédérik Dompierre-Beaulieu, journaliste multiplateforme, Gabriel Tremblay, directeur général, Emmy Lapointe, rédactrice en chef et Jade Talbot, collaboratrice

Vendredi 14 juillet – Scène Loto-Québec

TEKE :: TEKE – 19H10

Crédits photo Philippe Ruel

Quelle joie que d’avoir pu enfin assister à une performance de TEKE :: TEKE ! J’avais connu le groupe il y a de ça environ deux ans dans le cadre de la Journée du disque québécois, bien que, pour être honnête, je ne les ai pas tellement suivi.es assidument depuis. Je me mets peut-être un doigt dans l’œil (et puis tant pis, après tout), mais j’ai l’impression, suite à ce passage au FEQ, que TEKE ::TEKE est le genre de groupe qu’il est encore plus agréable d’écouter et de voir en live, sur une scène, que sur album (pas que leurs albums ne soient pas bons, comprenez-moi bien). On ressent la complicité, le lien entre les membres du groupe, qui ont tous.tes leur place, m’ont tous.tes impressionnée. Il y a quelque chose de l’unicité, je crois, qui rend la musique d’autant plus complète, savoureuse et multidimensionnelle. J’en profite rapidement pour souligner au passage leur énergie, certes, mais surtout l’expressivité de la chanteuse principale, Maya Kuroki (pour qui j’ai eu un réel coup de cœur), participant de cet expérience rock psychédélique. J’en veux plus.

 

THE SMILE – 21H15

«Le seul aspect générique de The Smile, c’est son nom. »

  • Commentaire récurrent de certain.es humain.es présent.es au spectacle

Dans la catégorie des grandes visites, celle du supergroupe composé de Thom Yorke, Jonny Greenwood et Tom Skinner est difficile à déloger, que vous soyez fan de Radiohead ou non. Visiblement, avec cette tournée, les quinquagénaires britanniques tentent, tant bien que mal, de passer sous le radar des foules monstrueuses. Comme quoi, l’ambiance est plutôt décontractée au parc de la franco ce soir-là… et c’est pour le mieux ! Sous une pluie stroboscopique, Yorke et Greenwood s’échangent le piano tant dis que Skinner s’occupe des percussions avec une souplesse déconcertante. Si leur premier album A Light for Attracting Attention sorti à la fin avril est encore chaud dans les bacs, celui-ci est déjà considéré par plusieurs critiques comme le meilleur projet parallèle des membres de Radiohead. Sur scène, ils sont imparables, méticuleusement en symbiose sans trop se regarder ou interagir entre eux. Le procédé est complexe, certes, mais les harmonies vocales (tellement justes) de Thom Yorke enveloppent à merveille leur prog à saveur post-rock. Mention plus qu’honorable à la prise de son impeccable de ce spectacle, même lors des brèves apparitions du saxophone, ou de l’archet de Greenwood sur sa basse.

Un show mémorable, quasi indescriptible qui marquera certainement la trâlée festivalière qui s’est déplacée au parc qu’on surnommait (et qu’on surnomme encore aujourd’hui) le pigeonnier. 

Scène Sirius XM

ALVVAYS – 20H

Crédits photo Philippe Ruel

Quoi de mieux qu’une « vague indie-rock aux accents shoegaze » pour, déjà, nous donner hâte aux grisailles de l’automne ? Plus sérieusement, j’ai bien aimé ce moment passé devant Alvvays, même si, par instants, les chansons peuvent finir par se ressembler un brin (d’un autre côté, est-ce que ça ne fait pas partie du vibe, de l’esthétique, justement ?). Entre les nombreux (!) changements d’instruments, le groupe aura entre autres présenté des pistes de leur dernier album, Blue Rev, sorti en 2020, qui auront réussi à faire gigotter la foule, à nous donner l’envie de profiter de la soirée, du soleil couchant, de nos ami.es, nos amours. Après coup, Alvvays mérite certainement de se greffer à mes listes de lecture (et un possible retour à Québec?). (Frédérik Dompierre-Beaulieu)

Samedi 15 juillet – Scène Bell

LANA DEL REY – 21H30

Crédits photo Philippe Ruel

Une petite vingtaine de minutes de retard, mais rien de si choquant si on regarde les éléments scénographiques dans les plus nombreux que l’on est vus durant le festival. Chanteuse mythique d’une génération Tumblr, Lana Del Rey a certainement conservé une grande part de son aura un peu mystique. La mise en scène, elle aussi beaucoup plus complexe que ce qu’on a pu voir le reste du festival, avait de quoi fasciner au départ, mais de laquelle il était facile de se laisser dévier. Le son, par exemple, était plutôt mal balancé alors que souvent, la voix de la chanteuse ne nous parvenait tout simplement pas. À cela s’ajoute que malgré une utilisation de l’espace scénique ingénieuse et de belles projections vidéo, il y avait quelque chose de très statique dans la performance. Évidemment, la musique de Lana Del Rey n’a que très peu de dynamisme (et c’est très bien comme ça), mais l’ordre de la setlist, voire la setlist elle-même pourrait être revus tout comme les interludes. Cela dit, la chanteuse a pris un temps appréciable avec la foule que ce soit pour signer des autographes ou pour nous dire que l’aéroport à Montréal sentait la forêt. Peut-être faudrait-il lui dire que c’est juste parce que nos forêts brûlent depuis des semaines et non parce que la métropole a un écosystème bien préservé.

Je pense toutefois que pour les « vrai.es » fans, le show était à la hauteur même si le reste de la foule (moi comprise) était un peu plate.

Lana Del Rey, c’était aussi la seule femme tête d’affiche de la scène Bell, mais aussi la seule artiste à ne pas avoir de recap vidéo de sa soirée. (Emmy Lapointe)

Scène Sirius XM

QUÉBEC REDNECK BLUEGRASS PROJECT  – 20H

«LANA DEL REY TO YOUR LEFT, QUEBEC REDNECK TO YOU RIGHT !»

  • Employée du FEQ qui dispatch le monde à la colline parlementaire

Le contraste citoyen est sublime.

Un party ascendant débauche attendait la faune-foraine flanquée au parc de la Francophonie. Réchauffé par le sympatoche ska signé The Planet Smashers, la foule est fin prête à recevoir QRBP. La gang du «saglac» roule sa bosse et cale sa Labatt 50 depuis plus de 15 ans (déjà!) donc vous aurez compris que les présentations prennent le bord. JP le Pad mène la troupe dans un set express d’une heure tapante. Nouvellement padre depuis 5 jours, le Pad déblatère son slang à vitesse grand V, enchainant les plus grandes odes à l’excès de Québec Redneck. Bibitte plus que fascinante du paysage de la belle pro, QRBP est, à mon avis, le visage des MRC. Madeleine Bouchard-Chicoutimi-Nord, Nicolas Laflamme-sur-mandoline et François Gaudreault-contrebasse-en-chest sont en amour avec la foule pis c’est réciproque en svp merci. Des requins gonflables, du bodysurf jusqu’à épuisement d’humains, des waiters en lingerie livrant de la bière, et un solo de skidoo sur scène… tout ça en 60 minutes. (Gabriel Tremblay)

Lundi 17 juillet – Scène Bell

SARA DUFOUR – 19H

Crédits photo Sébastien Dion

Arrivées à la deuxième, peut-être à la troisième chanson de la première des premières parties un peu de reculons, on a été, somme toute, agréablement surprises. Pas par la musique, on doit le dire, mais par la personne. Parce que côté musique, Sara Dufour chante la région ou une réalité qui s’y rattache qui n’a rien à voir avec ce qu’on connaît. Les ski-doos et le centre d’achats de Mistassini, ça ne nous sonne aucune cloche peu importe avec quoi tu le fais (ou non) rimer. Mais en vrai, elle avait l’énergie qu’il fallait à une première première partie pour un aussi gros show à venir. Elle a su jouer avec le privilège que ça peut représenter – c’est une esti de vitrine – et l’humilité pour tisser un lien rapide avec la foule déjà très importante. (Emmy Lapointe et Jade Talbot)

ROBERT CHARLEBOIS – 20H

Crédits photo Stéphane Bourgeois

Étiez-vous là en 74 sur les Plaines ? Non Robert, mais vas-y, raconte-nous. Un peu trop passéiste peut-être (mais peut-on reprocher à quelqu’un de 80 ans de l’être?), mais certainement plus en shape que nous qui chialons déjà du temps passé debout. Le monument de la chanson québécoise a livré, lors de cette vraie dernière soirée de l’édition 2023 du Festival d’été de Québec, une performance énergiquement grandiose. Les chansons de Charlebois ne sont, pour la plupart, pas du tout intemporelles, mais demeurent hautement festives et bien ancrées dans une mémoire collective disloquée. Rejoint par Louise Forestier, le duo d’ami.es a offert un Lindberg déjanté et sublime. (Emmy Lapointe et Jade Talbot)

 

LES COWBOYS FRINGANTS – 21H30

Crédits photo Sébastien Dion

Difficile d’écrire après tout ce qui a déjà été dit sur le spectacle inoubliable du groupe vieux de 25 ans, parce qu’on vous le jure, il l’était inoubliable. Au lendemain du concert, Stéphanie Boulay écrivait sur Instagram que le groupe ne recevait pas la reconnaissance qu’il méritait de l’industrie musicale. Parce qu’on peut faire des blagues et dire qu’on les mélange avec Mes aïeux, dire qu’ils sont has been, mais le fait est que lundi soir, les Plaines étaient remplies de personnes de tout âge, des kids aux vieillard.es en passant par des Z qui attendaient le show comme on en attend rarement un. 

Il n’y a rien de complexe dans ce que produit le groupe ni dans les paroles ni dans la musique (bien qu’à quatre membres, iels semblent maîtriser une quinzaine d’instruments), mais l’éventail de ce qu’il raconte l’est. Évidemment qu’il faut de la nouveauté, mais la simplicité a quelque chose de rassembleur, une pérennité, une accessibilité. Alors oui, c’est le fun jouer aux cool kids avec nos autres shows, mais on vous jure qu’être dans une foule de 100 000 personnes qui chantent chaque mot d’une chanson, ça nous imprègne.

Difficile d’ignorer la question de la maladie du chanteur, Karl Tremblay, qui est restée en filigrane tout le spectacle. Entre les petites sorties furtives de scène, les chansons chantées assises et les animations prolongées de Jérôme Dupras pour donner le temps de souffler, il y avait de quoi s’inquiéter pour le chanteur et plus égoïstement pour l’avenir du groupe. Après, c’était aussi plein d’espoir et d’amour, eh oui cliché de même. C’est le party le plus touchant auquel on a pu assister. (Emmy Lapointe)

 

 

 

Auteur / autrice

Consulter le magazine