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Grève des stages : Les députés de l’Assemblée nationale réagissent

Des milliers d’étudiant.es sont en grève à Québec cette semaine pour la rémunération des stages. À l’Assemblée nationale, l’enjeu fait parler depuis une motion unanime de la chambre en faveur de la rémunération en 2023. Le dossier a depuis stagné et la ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry déclarait presque un an plus tard que « En ce moment, dans le contexte [budgétaire] actuel, je pense qu’il n’est pas possible pour le gouvernement d’emprunter cette voie-là”. Impact Campus s’est rendu sur la colline parlementaire afin d’interroger les élu.es dans ce dossier majeur pour la communauté universitaire. 

Par Jacques Martin, journaliste collaborateur et Antoine Morin-Racine, chef de pupitre aux actualités

 

Le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti, a fait une déclaration de soutien à la mobilisation de cette semaine au début des travaux parlementaires de jeudi. 

« Demain je me joindrai à près de 10 associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval qui sont en grève pour réclamer une rémunération des stages exigés dans l’obtention de leur diplôme. Ces stages, qui peuvent impliquer jusqu’à 600 heures de travail par session, soit 40 heures par semaine, précarisent particulièrement les femmes, les personnes racisées et les universitaires de première génération. […] Travailler bénévolement 40 heures par semaine pour poursuivre ses études, travailler en parallèle pour subvenir à ses besoins, et parfois, faire tout ça en prenant soin de ses enfants, c’est exiger beaucoup trop d’une relève dont nous avons besoin. À l’Assemblée nationale, nous avons adopté une motion de soutien à la rémunération des stages, il est temps de passer des paroles aux actions concrètes. » 

Abordée avant son entrée en chambre par un collègue du Devoir, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a rapidement dit qu’elle travaillait au dossier avec son collègue Bernard Drainville sur la « formule 3+1 », qui consisterait à condenser les stages en enseignement, qui s’échelonnent en ce moment sur les trois années du baccalauréat, en une seule année, qui elle serait rémunérée.

Joint par téléphone, le cabinet de la ministre a précisé que « dans le contexte budgétaire actuel », la seule avenue explorée par le gouvernement au sujet de la rémunération des stages se concentrait sur ceux en enseignement, par le biais de de cette « formule 3+1 »

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a signifié à Impact Campus en conférence de presse que la rémunération des stages est « un combat qu’on a mené au PLQ », et que cet enjeu ferait partie des demandes de son parti au gouvernement en vue de la prochaine mise à jour budgétaire prévue le 21 novembre.

En entrevue avec Impact Campus, le député de Jean-Lesage et porte-parole de Québec Solidaire en matière d’enseignement supérieur, Sol Zanetti, affirme que la rémunération des stages est une « revendication permanente » de son parti. Il souligne également que malgré l’ouverture dont il a fait part sur le sujet, et des motions adoptées à l’unanimité par l’Assemblée nationale, le gouvernement Legault « a vraiment rétropédalé au dernier budget ». Dans les circonstances actuelles, il semble improbable pour l’élu de voir le gouvernement aller de l’avant : « Le gouvernement, depuis qu’il a fait un déficit de 11 milliards, est dans une obsession d’aller couper dans les dépenses de l’État. » Selon lui, le gouvernement devrait augmenter les revenus en imposant davantage les plus fortuné.es, les institutions financières et les multinationales pour mettre en place des mesures comme la rémunération des stages. Cependant, l’augmentation du fardeau fiscal relèverait du « tabou » à l’heure actuelle pour la Coalition avenir Québec (CAQ). 

De son côté, le député péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis, soutient que son parti a été le premier à mettre sur la table l’enjeu de la rémunération des stages à l’Assemblée nationale, avec une motion qui a été appuyée par tous les partis en 2023. Néanmoins, la tentative du Parti québécois (PQ) d’inclure la motion dans une proposition budgétaire a été rejetée par la CAQ: « Le gouvernement a voté en faveur d’une motion qui dit que des stages ou une prestation de travail doivent être rémunérés dans la fonction publique. Qu’est-ce qui fait qu’il n’est pas capable ensuite de joindre les actes à la parole? ».  À propos du projet de stage condensé en fin de parcours du ministre Drainville, le député du PQ demeure sceptique, avançant que les stages sont « un moment pour vérifier si t’es dans la bonne voie, si c’est ça que t’aimes ». Il craint que cette nouvelle démarche enlève la possibilité aux étudiant.es d’apprendre graduellement sur le terrain « en voyant au fur et à mesure [s’ils sont] dans la bonne voie ». 

Interrogé à savoir si l’Université Laval devrait se positionner sur cet enjeu, Sol Zanetti répond par l’affirmative : « Je pense que les étudiants et les étudiantes méritent d’avoir le soutien de leur université; et s’il y a des obstacles réglementaires à l’intérieur de l’université […] il va falloir les lever. » De son côté, M. Paradis ne s’engage pas dans la même direction : « Notre interlocuteur principal, c’est le gouvernement du Québec. » 

Questionnée à savoir si elle se positionnerait en faveur de la rémunération des stages, l’Université Laval a rappelé la présence des bourses Perspectives Québec ainsi que des Bourses de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires. Elle a également fait mention des stages en emploi qu’offre la Faculté des sciences de l’éducation. L’Université s’est dite « très sensible à la réalité des stagiaires », mais n’a pas précisé sa position sur l’enjeu.

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