Photo: Julie-Anne Perreault

Intelligence artificielle: un avenir automatisé ?

La Chaire publique AELIÉS/Cogito a organisé une conférence le 12 novembre dernier en collaboration avec l’Université Laval et l’Institut Technologies de l’Information et Société (ITIS). Une discussion qui s’est portée sur la transformation du monde du travail et de l’enseignement par l’intelligence artificielle (IA).

Le groupe de conférencier(ère)s, composé de Lyne Bouchard, vice-rectrice aux ressources humaines de l’Université Laval, Alexandre Vallières, vice-président et cofondateur d’AIworx, Frédérick Plamondon, doctorant et chargé de cours en relations industrielles à l’Université Laval et Guillaume Toguay, titulaire d’un MBA de l’Université Laval et chercheur à la Chaire Stephen-A-Jarislovsky, s’est réuni afin de discuter des conséquences et de l’évolution de l’intelligence artificielle au sein de l’éducation et du monde du travail.

«L’intelligence doit avoir deux caractéristiques : la capacité de conscience et la capacité d’inférence», soulève Lyne Bouchard. Frédérick Plamondon enchaîne en indiquant que «c’est une faculté qui connaît bien sûr, mais […] c’est aussi la capacité à envisager ou à admettre ce que l’on ne connaît pas.»

Quant à l’IA, l’exercice de la définition est un peu plus difficile à compléter. «En ce moment, il y a plus de 110 définitions de l’intelligence artificielle», explique Alexandre Vallières. Ce dernier mentionne qu’au sein de son entreprise, trois piliers composent l’IA : la perception, un cerveau en mesure d’apprendre et de prendre des décisions et une capacité d’action.

«Il ne faut pas réfléchir l’intelligence artificielle comme on réfléchit l’intelligence humaine», ajoute Guillaume Toguay. Alexandre Vallières abonde dans le même sens et précise l’importance de différencier l’intelligence artificielle restreinte de l’intelligence artificielle générale, «que l’on compare souvent à l’intelligence humaine.»

Automatisation VS Intelligence artificielle

La grande différence entre l’IA et l’automatisation se situe dans le code qui détermine l’action de la machine. L’utilisation de l’intelligence artificielle ne suscite pas de règles précises pour déterminer ses fonctions. «La machine va être capable d’inférer elle-même les règles qui font en sorte qu’elle est capable de réaliser ses actions», indique Alexandre Vallières.

Dans un futur rapproché, le développement de l’intelligence artificielle mènera entre autres à l’automatisation avancée, à la prédiction de bris de machines et l’apparition de plus en plus fréquente de robots.

L’enseignement à un autre niveau

Le principal avantage de la combinaison de l’intelligence artificielle et de l’éducation est l’amélioration des faiblesses des élèves et des étudiants. «On est capable d’enseigner à un enfant d’un an, les mathématiques d’un enfant de trois ans», souligne Lyne Bouchard. Ce phénomène s’explique par la détection par ordinateur des questions qui permettront d’obtenir le résultat souhaité.

«Avec une intelligence artificielle, je suis capable de projeter des milliers de scénarios à des étudiants en finance afin qu’ils puissent mieux comprendre comment les marchés se comportent et à quel moment il faut vendre ou acheter des actions», précise la vice-rectrice aux ressources humaines de l’Université Laval.

L’avènement de l’IA oriente, d’une certaine façon, l’enseignement vers une pratique de plus en plus individuelle. «Les travaux générés par l’intelligence artificielle créent un enseignement à la carte», exprime Frédérick Plamondon.

Une menace pour le monde du travail ?

Avec l’intelligence artificielle, environ 50 % du marché du travail peut devenir automatisé, mais l’automatisation n’affectera que 5 %, selon Alexandre Vallières. «Il faut laisser à la machine ce qu’elle fait le mieux.» Les emplois les plus vulnérables sont ceux qui demandent des tâches routinières et non cognitives.

Chez l’employeur, l’intelligence artificielle innove également le processus d’embauche. «La compagnie L’Oréal fait de la reconnaissance faciale, histoire de déterminer quelle candidate ou candidat est le plus approprié(e) pour travailler chez eux», raconte Frédérick Plamondon. La voix et les expressions faciales sont enregistrées et analysées pour décider la personne qui détient le profil type de l’entreprise.

«On commence à faire des prédictions sur les valeurs et les principes moraux des gens. C’est une application de l’IA qui prédit des comportements et une personnalité. J’y vois quelque chose de problématique, notamment parce qu’il y a quelqu’un en arrière qui a déterminé quels indicateurs utiliser [et qu’on ignore comment] ces indicateurs-là sont créés», confie Frédérick Plamondon.

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