Jouvence : entre naïveté et lucidité, une ode à la jeunesse créatrice

À la Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins, un souffle d’air neuf circule. Il s’appelle Jouvence, et il ne prétend pas seulement rajeunir les regards : il les régénère. Du 24 mars au 25 avril 2025, le Comité d’exposition des étudiant.es en histoire de l’art de l’Université Laval propose une exploration sensible de la jeunesse, conçue par celleux qui la vivent, la pensent, la rêvent.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Commissariée par Rosemarie Cardinal-Bradette et Méliane Quessy, cette exposition collective convoque douze artistes — majoritairement issu.es de la communauté universitaire — autour d’un thème à la fois simple et vertigineux : la jeunesse comme force vive, non pas seulement liée à l’âge, mais comme principe de création et de renouveau.

Coralie Therrien, avec Grandis, suspend des habits d’enfants aux ailes de fée, entre légèreté et pesanteur. L’œuvre raconte l’étrange gravité de grandir, cette tension entre le rêve et le réel, entre le besoin d’envol et le poids du monde adulte. Chaque vêtement ailé devient un autoportrait poétique de cette dualité intérieure.

Mathilde Bois, quant à elle, peint un Chantier d’âme. Son oiseau en plein vol et la jeune fille à côté ouvrent une brèche dans le temps : celle où les souvenirs d’enfance se diffractent en symboles. Son pinceau mêle couleurs et abstractions, dressant le portrait d’un monde en soi, d’un rêve ou d’un cauchemar, d’un espace où le sens se cherche et se découvre.

Julien Lebargy construit, lui, des machines pour apprendre à voler ou à rêver. Des œuvres-puzzles où l’enfant en nous retrouve le goût de l’impossible et où l’adulte, peut-être, se rappelle que la poésie est une forme de technique, d’ingénierie.

Enfin, Zoé Bélanger nous ouvre la porte de sa propre peau, celle d’une maison à la fois refuge et brasier. Son installation, saturée de symboles familiers et pourtant énigmatiques, s’adresse autant à l’œil qu’à la mémoire, interrogeant ce que signifie « habiter » — un lieu, un corps, un âge.

Jouvence n’est pas une exposition sur la jeunesse : elle est jeunesse. Elle pense avec fraîcheur, elle doute avec éclat, elle crée sans permission. Et elle nous rappelle qu’il est toujours temps de redevenir jeunes — non pas dans nos corps, mais dans nos gestes, nos regards et nos élans.

Alors, laissez-vous toucher par l’intelligence sensible de ces œuvres, franchissez le seuil de l’exposition. Vous n’y trouverez pas la nostalgie figée d’un âge révolu, mais la vitalité d’un art qui se construit, se questionne et nous tend la main. Jouvence se visite comme on plonge dans un rêve éveillé — et il serait dommage de ne pas s’y aventurer.

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