Dans le cadre du mini-colloque, Où va la Chine après le 19e congrès du Parti communiste chinois, Guy Jacques, ambassadeur du Canada en Chine de 2012 à 2017, et Zhan Su, professeur titulaire de stratégie et de management international à l’Université Laval, ont tenté d’illustrer la Chine politique et économique de demain.
L’évènement était organisé par la Chaire Stephen-A.-Jarislowsy en gestion des affaires internationales, dont Zhan Su est le directeur, et le Groupe d’études et de recherche sur l’Asie contemporaine (GERAC). Guy Jacques affirme que de nos jours, il est primordial de s’intéresser à la Chine, considérant la place de plus en plus importante qu’elle occupe dans l’échiquier mondial.
À chaque cinq ans, le congrès national du Parti communiste chinois se réunit. Cette année, le 19e congrès a débuté le 18 octobre, à Pékin, pour une durée de six jours. Pour l’ancien ambassadeur, quelques thèmes ont été centraux, dont l’économie, la sécurité interne et les politiques extérieures de l’imposant pays d’Asie.
L’économie est donc encore une fois au centre des discussions entourant le congrès du Parti communiste. Xi Jinping a soulevé plusieurs points importants. D’abord, la Chine désire renforcir sa place de puissance mondiale et se rapprocher d’un capital par habitant de 20 à 30 000$ US, d’ici 2050. Le diplomate canadien ajoute qu’aucune cible de croissance n’a été mentionnée lors du congrès, mais que le président chinois désire « une croissance plus propre, de qualité, basée sur l’innovation ».
Au niveau de la politique extérieure, le Parti communiste chinois a souligné, lors de son 19e congrès, l’importance pour la Chine de devenir une puissance militaire moderne et d’ainsi favoriser l’innovation dans le domaine militaire, explique le diplomate canadien. En termes de sécurité interne, Guy Jacques estime que le gouvernement chinois va placer davantage d’efforts pour contrôler l’Internet et augmenter la censure. Il craint donc de voir peu d’améliorations en ce qui concerne les droits et libertés de la personne.
Relations Canada-Chine
Pour le diplomate, les relations entre notre pays et la Chine connaissent un nouvel élan. « Nous avons maintenant des mécanismes qui permettent un dialogue régulier avec la Chine. Cela nous place sur le même pied que nos compétiteurs et autres membres du G7 », confirme le conférencier.
De plus, il souligne l’importance du géant commercial dans l’économie canadienne. La Chine est le 2e partenaire économique du Canada avec plus de 80 milliards en investissements au pays. Guy Jacques assure toutefois que ces investissements, faits majoritairement dans les ressources naturelles, vont se diversifier au cours des prochaines années.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, se rendra au pays de la soie du 3 au 7 décembre, avec l’objectif de consolider les liens économiques entre les deux pays. Pour l’ancien représentant canadien en Chine, il y a de fortes chances qu’une annonce importante soit faite. « Je pense qu’il y aura une annonce pour le lancement officiel des discussions avec la Chine sur un possible accord de libre-échange. »
Il soutient qu’il existe un appui important au Canada pour une telle entente et qu’un effet Trump peut expliquer ce virage vers l’ouest.
L’économie chinoise
Le professeur Zhan Su était invité pour faire le constat de l’économie chinoise d’aujourd’hui et pour exposer celle de demain. D’entrée de jeu, l’expert en affaires asiatiques explique que l’économie chinoise est très complexe et impose un certain paradoxe.
Ce dernier s’illustre par un important dilemme, celui d’une immense croissance, mais avec peu de considération « pour l’utilisation de ressources naturelles qui sont rares sur la Terre, en termes de distribution de la richesse, en termes de pollution qui devient un grand problème pour la Chine et pour l’ensemble de la planète », énumère Zhan Su.
Le responsable du MBA en gestion internationale rappelle que certains experts estiment que la Chine se trouve à la vieille d’un crash financier. L’endettement chinois s’élève à 280% du PIB (2016) et un taux de mauvaises créances se situant entre 15 et 20%. Au-delà de 30%, nos banques devraient être en faillite, souligne l’expert.
Néanmoins, Zhan Su croit qu’on ne devrait pas sous-estimer les capacités d’adaptation du régime chinois. L’évolution de la qualité des produits chinois, entre le début des années 2000 et l’arrivée de Xi Jinping en 2012, illustre bien la capacité d’adaptation du géant asiatique.