Crédits photo (de gauche à droite) : Christine Muschi/La Presse Canadienne ; Andrian Wylde ; Ernest Doroszuk ; Patrick Doyle ; Christine Muschi/La Presse Canadienne Montage : Nicolas DroletLa partisanerie : l’argument des hypocritesNicolas Drolet·4 mars 2025ActualitésOpinionSociété Depuis l’avènement de Pierre Poilievre à la chefferie du Parti conservateur, celui-ci est souvent accusé par ses détracteurs d’être « vide », de ne promettre que des slogans », de diviser l’opinion publique et, au grand dam de toustes ses opposant.es, d’être « partisan » ! Ces accusations posent question : la politique sans partisanerie existe-t-elle vraiment ? C’est ce que semblent prétendre ses opposants politiques. Par Nicolas Drolet, chroniqueur bénévole Cet argument se comprend mal. Il parait bien dans de beaux discours et sur papier. Cependant, ces reproches à propos de la « partisannerie », lorsque confrontés à la réalité, fondent comme neige au soleil pour une simple et bonne raison : il n’existe pas de politique sans partisanerie et il n’existe pas de définition consensuelle à ce bien commun qu’on tente tant bien que mal d’administrer démocratiquement, car chacun.e en a sa propre définition. Les philosophes de naguère essaient quand bien même de le définir depuis quelques milliers d’années, mais sans véritable succès. La définition de « bien commun » varie au fil de l’histoire, des partis politiques, et des individus. Certes, il est possible de s’entendre sur certains aspects, mais sur la totalité? Pas vraiment! Il est bien ironique lorsque des chefs de parti qui font eux-mêmes de la partisanerie reprochent à d’autres de simplement faire leur travail de politicien. « Lors de moments de crise pas de place pour la politique », nous dit-on. C’est très beau à entendre. Or, même lors d’une crise, qu’elle soit sanitaire, économique ou sociale, on peut voir de ses propres yeux chacun des partis essayer de tirer la couverture de son côté en voulant prétendre qui a les meilleures idées pour y faire face. Lors d’une conférence de presse en janvier 2025, Yves-François Blanchet, du Bloc québécois, reprochait à Pierre Poilievre de « faire de la petite politique et de la politique partisane ». Le problème avec ce type de déclarations est que M. Blanchet lui reproche ce qu’il fait lui-même. Il en va de même pour le premier ministre Justin Trudeau qui ne cesse de reprocher à M. Poilievre de susciter de la division en faisant de la politique partisane ou « de la petite politique ». Cet argument me semble culotté comme pas deux ! Cette partisanerie qu’on dénonce n’est qu’une manière de faire la promotion de sa vision du « bien commun », de faire de la politique ! Il ne faudrait pas non plus oublier que Justin Trudeau ne s’est pas trop gêné pour se servir de cette partisanerie lors des dernières crises, et surtout celle des menaces tarifaires de Donald Trump. Le premier ministre reprend presque mot pour mot les mêmes solutions que Pierre Poilievre mettait de l’avant à peine quelques jours avant. Investir davantage dans la défense nationale ou encore le libre-échange interprovincial sont tous des idées de Pierre Poilièvre que Justin Trudeau a récemment reprises à son compte ! Le fait que le premier ministre n’accorde aucun crédit au Chef de l’Opposition officielle en implémentant littéralement les politiques que ce dernier annonçait quelques semaines auparavant est un signe de sa partisanerie, car il fait siennes les idées qui étaient proposées par son principal concurrent. Or, s’il n’était pas partisan, il aurait, lors de ses interventions télévisées, donné le crédit à M. Poilievre pour les idées proposées. La partisanerie existe depuis que la politique existe. Il y a plus de 1000 ans, Aristote disait que « l’Homme est un animal politique ». La politique sans partisanerie est une utopie et rien d’autre. Un monde sans partisanerie signifie la négation du débat d’idées. Pas de partisanerie, pas de vision du monde et pas de vision du monde, pas de partage et de pluralisme politique. Quiconque reproche à un parti politique de faire de la partisanerie en fait soi-même. Auteur / autrice Nicolas Drolet Voir toutes les publications