Crédit photo : Gary Barnes, Black Press Media.

La politique est une affaire de cœur

La politique n’est pas seulement une affaire d’idées, mais aussi une affaire de cœur. Cependant, certains candidats ont du mal à montrer leur cœur. Mark Carney, aspirant-chef du Parti libéral du Canada et favori de la course, semble avoir du mal à saisir cette idée.

Par Nicolas Drolet, chroniqueur collaborateur

Le 12 février dernier, l’aspirant-chef du Parti libéral était au rassemblement de Kelowna en Colombie-Britannique. Lors de ce rassemblement, M. Carney a déclaré que le fentanyl « était un défi ici, mais une crise là-bas [aux États-Unis]. » À mon grand étonnement, aucun grand média du Québec, que ce soit Radio-Canada, TVA, La Presse ou encore Le Devoir, qui ne cessent de couvrir M. Carney d’éloges, n’a parlé de ces propos. Les seuls ayant couvert cette déclaration par M. Carney étant des petits médias locaux et anglophones. Or, si ces propos étaient sortis de la bouche d’un Pierre Poilievre, ces mêmes médias auraient été les premiers à en parler et à dénoncer ces propos.

Ces propos ne sont pas maladroits, ils sont, à mon sens, irrespectueux. Prétendre qu’au Canada, le fentanyl « n’est qu’un défi » est complètement irresponsable. Cependant, cela est révélateur de ce que croit Mark Carney et de sa considération par rapport à la vie des jeunes. Il est évident qu’il n’a jamais mis les pieds dans les quartiers de la Colombie-Britannique où le fentanyl fait d’énormes ravages, notamment sur les jeunes. Comment peut-on minimiser ce qui se passe avec le fentanyl produit au Canada ? Des milliers de personnes meurent de surdoses de fentanyl au fil des années. Quand des milliers de personnes meurent à cause de cette drogue, il n’est plus possible de qualifier cela de « défi ». Bien au contraire, il s’agit, ici aussi, d’une véritable crise. Si le problème est minimisé, comment est-il possible d’y trouver une solution adaptée ?

Cela permet au moins de voir la perception de Mark Carney par rapport aux décès par surdoses que cause cette drogue. Ses propos sont non seulement irrespectueux vis-à-vis des personnes décédées, mais aussi envers les familles de ces victimes. Lorsqu’un sujet aussi sensible est abordé, il faut savoir faire preuve d’empathie envers les victimes et leurs proches. Non seulement Mark Carney ne s’est pas justifié pour ses propos, mais son équipe n’a émis aucun commentaire ou excuse envers les personnes qui sont aux prises avec ce problème important qu’est le fentanyl. Cela est surtout affligeant lorsqu’on sait que son entourage politique et surtout son équipe de communication sont composés de membres de l’équipe de Justin Trudeau, qui sont supposés être des professionnels de la communication politique. M. Carney travaille-t-il avec des amateurs ? Minimiser l’enjeu, voire le nier, ne fera pas en sorte de le régler et une solution ne sera pas à attendre de sa part, puisque selon M. Carney, il n’y a pas de crise du fentanyl au Canada. La politique est surtout une affaire de cœur. Or, M. Carney, en faisant cette déclaration, semble vouloir démontrer aux Canadien.nes qu’il n’en a pas !

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